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LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.

16 janvier 2025

Battles. Partie 1. Fin de formation. Paul rééduqué.

 

On l'avait changé de cellule depuis qu'il avait signé ses aveux et il logeait maintenant dans la même aile que son instructeur. Celui-ci exigeait maintenant qu'il récite des professions de foi. Il avait renié sa femme et son mariage d'une part, ses mentors et ses références philosophiques et littéraires de l'autre. Il posait sa candidature à une société d'intellectuels qui tous prônaient la supériorité du fascisme sur les autres régimes. Dès son retour dans le monde, il l'intégrerait. Ainsi, tout était transformé en lui et il lui était simple désormais de vanter l’œuvre de Dormann. A ce stade de sa reprise en main, Paul avait cessé de s'inquiéter de son absence totale d’esprit critique et de rébellion.

Winger et lui conversaient beaucoup mais cette fois, ils nouaient une complicité intellectuelle. Le ton de leurs conversations était courtois désormais et non plus empreint d'agressivité et de peur comme aux premiers temps. Il était pourtant très clair que Paul avait intégré un schéma dans lequel Markus lui était à la fois supérieur et indispensable. Qu'il ait tué Battles en lui était le meilleur qu'il ait pu faire !

Tous deux faisaient du sport ensemble, jouant au tennis ou nageant de concert. Il existait à Étoile bien d'autres lieux que les cellules de prison, les divers ateliers et les salles de stockage et bien lieu du centre hospitalier où de l'unité pour les fortes têtes. Il y avait de fort belles installations. Beaucoup de gens travaillaient là et il leur fallait des logements, des magasins spéciaux, des installations sportives et mêmes des écoles. Il y avait un jardin d'enfants et les familles qui avaient des animaux domestiques fréquentant parfois un vétérinaire. Ainsi, si pour une bonne part des habitants de cette zone, la vie était un cauchemar, pour d'autres, elle avait des côtés agréables. L'appartement de Winger était petit mais cossu et confortable et il allait de même du studio dans lequel Paul vivait désormais. Il portait toujours un uniforme mais composé d'un pantalon et d’une veste stricte mais bien coupés, il n'était pas diminuant. On lui avait donné de belles chemises et de belles chaussures et pour ce qui était de son apparence physique, il avait désormais droit à un kiné et un masseur. Qui l'aurait croisé ainsi, dans un contexte différent, l'aurait trouvé accrocheur et séduisant. Et pour ce qui était de son travail, il n'était plus qu'intellectuel.

Restaient les besoins physiques, l'amour étant exclu.

-Je peux demander une dispense pour que tu acceptes au vivier des cadres.

-Je ne suis pas certain...

-De le mériter ? Bien sûr que si. Elles sont plus belles. Mais bon, il te faudra attendre la réponse des autorités.

-Mais vous ?

Winger haussait les épaules.

-Que tu sois à mes côtés me suffit.

S'il n'avait été à ce point conditionné, Paul aurait été saisi d'horreur à par ses propos mais il n'en était rien. Markus était chaste, voilà tout.

Plus tard, il lui annonça d'ultimes examens médicaux.

-Ils sont nécessaires, Instructeur ?

-Bien sûr, Paul ! Mais tu ne dois pas t'inquiéter car tu es dans une forme excellente !

-Vous me rassurez. J'ai déjà subi deux opérations.

-Elles t'ont fait le plus grand bien.

-Mais je l'espère...

-Il y aura juste une petite chose, un simple ajustement final...

-Oui, Instructeur.

A la clôture de la troisième phase, tous deux partiraient pour Dannick et là, Markus piloterait ce journaliste rebelle soudain repenti dans les couloirs du plus grand quotidien national où il devait rapidement devenir une vedette... Le jeune instructeur en concevait une grande fierté :

-Tu es ma meilleure réussite ! Bientôt tu montreras au monde combien ton pays est grand et son dirigeant puissant ! Tu seras l'image même de celui à qui on a ouvert les yeux ! Quel impact sur nos détracteurs ! Nous formerons une alliance tous les deux et nous serons inattaquables. Nous sommes la race des seigneurs !

Entre partie de tennis, natation et partie d'échec, Paul s'essayait à écrire des articles sur l'économie du pays, son armée, ses institutions culturelles et la personnalité de son chef. Il s'agissait plutôt d'exercices mais Markus tenait à ce que son disciple les fasse afin de le préparer à sa mission. Quand les textes étaient écrits, le dangereux instructeur les commentait. Il était content.

 

 

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16 janvier 2025

Battles. Partie 1. Sofia, prostituée réservée, et Paul.

 

Sofia était belle et portait de la lingerie fine. Elle était à même de discuter de sujets divers et se comportait en courtisane accomplie. Peu bavard, pressé de s'accoupler, Paul ne parla pas d'abord. Ils couchèrent ensemble puis elle lui parla.

-C'est la première fois qu'on me présente un détenu qui est, il est vrai, en fin de rééducation. Je ne vois que des gradés et des administratifs haut placés.

-Ah oui ?

-Vous étiez un « Monsieur » avant, ils le savent. Vous avez de belles manières.

-J'ai oublié.

-Mais si ! Votre maintien ! Vos belles mains !

Paul, qui voulait la pénétrer ne nouveau, ne répondit pas. Elle ajouta malgré tout.

-Je sais, je suis sûre ! Qui vous étiez !

-Qui j'étais ?

-Oui ! Enfin on vous écoutait tous ! C'étaient des moments si magiques !

-Vous m'écoutiez ?

Il glissa la main entre ses cuisses pour l'exciter puis la lécha. Elle voulait parler mais il l'en empêchait. Comme il se préparait à la pénétrer, elle lui dit :

-Winger est vraiment dangereux. Vous le savez ?

-Non.

-Mais si, enfin !

Il ne releva pas, lui écarta davantage les jambes et lui fit l'amour. Quand ils s'apaisèrent, elle lui caressa le visage et parut heureuse.

-Vous semblez repu...

-Toi-aussi.

 Enhardie, elle le questionna.

-C'est différent ? Je veux dire des autres filles qu'on vous fournit...

-Oui, toi, tu as l'habitude.

-Pas les autres ?

-J'ai trouvé que non. Toi, tu t'y prends vraiment bien.

-Je faisais déjà ça avant. Je recevais. Je gagnais bien ma vie.

-Ah !

-Tu aimerais savoir comment je vivais ? En dehors de la prostitution, je veux dire.

-Non.

-Je vois. Tu ne veux parler que de sexe...

-Oui, la prochaine fois aussi. Tu as de beaux seins, une jolie chatte. Tu sais exciter.

Elle parut perplexe.

-La prochaine fois ? Je ne sais vraiment pas.

-Moi, je pense que si. Mon Instructeur voudra. Tu sais comment faire avec les hommes. J'ai joui très fort. C'était bien mieux.

Elle se ferma.

-Je suis là pour obéir. Ils décident, pas moi. Et je ne sais pas ce qu'ils exigeront de moi.

Et elle ajouta :

-Il y aussi un bordel de garçons ici, ils te l'ont dit ?

-Non.

Paul se raidit. Elle parut gênée.

-Votre instructeur aimerait probablement que vous le sachiez.

-Je n'en sais rien.

Elle soupira.

-Si.

Que voulait-elle ? Pourquoi devenait-elle si personnelle ? Il se récria :

-Mais voyons, ce sont des mœurs contre nature ! C'est vil. Mon Instructeur ne saurait avoir de telles idées ! Il est idéal !

Elle le scruta puis soupira.

-Quand on vous rééduque comme ça, vous n'êtes plus curieux. On les oblige aussi, vous savez. Et toi, on dirait que tu ne vois plus rien. Je suis sûre qu'avant, tu étais observateur...

Paul lui mit la main sur la bouche pour la faire taire. Elle parlait avec ses yeux, lui enjoignant de prendre garde. Il retira sa main. Maintenant, elle avait peur.

-Écoute, tu n'as rien entendu de ce que j'ai dit car je n'ai rien dit. Tu comprends ? Rencontrer quelqu'un comme toi, c'est très étonnant pour moi, c'est pourquoi je t'ai questionné. Mais tu te souviendras ? On a juste parlé de sexe.

-Je me souviendrai.

-C'est bien pour toi comme pour moi.

Elle lui offrit un sourire triste et il la laissa.

16 janvier 2025

Battles. Partie 1. D'inutiles stratégies pour fuir.

 

 

Ils eurent un jour une conversation importante. Winger voulait connaître les scénarios inventés par le détenu DS cinquante-huit trois. Deux cent sept neuf quand il était arrivé sur les lieux et qu'il croyait possible de s'échapper...

-J'ai bien pensé à rejoindre la partie centrale, à me faufiler à l'extérieur et à monter dans un camion en partance pour des terres plus clémentes. Et ensuite, j'ai imaginé une autre stratégie. Je passais d'une aile à une autre et rejoignait le secteur de l'alimentation et là aussi, je cherchais un convoyage pour Dannick, cela ne présentait pas grand intérêt. Mais j'ai vite été déstabilisé et j'ai compris aussi que je ne réussirais pas.

-Rien d'autre ?

-Je me suis dit que je parviendrais à m'emparer d'une arme et que je pourrais vous prendre en otage. C'était risqué car je ne suis pas un bon tireur et vous, si...Dans le meilleur des cas, j'arriverais à me mettre au volant d'un véhicule et je m'enfuirais...

-C'est tout ?

-Non. J’ai pensé à me mettre en danger : intoxication médicamenteuse, défenestration, asphyxie...Mon état serait trop grave pour qu'on puisse me laisser sur place. On m'évacuerait et je filerais...

-Merveilleux !

-Ce n'était que des rêves, Instructeur...

-Des rêves dangereux pour un détenu. Tu serais mort très vite. Mais changeons de sujet ! A Dannick, tu prendras des leçons de tir. Ça peut toujours servir...

-Instructeur, apprendre à tirer ? J'ai déjà quelques connaissances.

-Oui, je sais. Le régime a des ennemis, tu es bien placé pour le savoir. Tu apprendras bien mieux. Tu ne manqueras pas ta cible.

 

Paul, qui ne savait plus rien de l'extérieur, ne comprit pas pourquoi son départ était repoussé ni pour quelles raisons il lui était demandé de rester deux mois de plus. Pour le tester sans doute, on lui avait confié des cours d'instruction générale à dispenser à une vingtaine de détenues. Certaines étaient là depuis très longtemps et étaient sujettes à d'importantes pertes de mémoire. Paul travailla avec elles pendant près de deux mois sans avoir la moindre idée de ce qui les attendait. Il était bon pédagogue et bien que ferme, il n'était pas cruel de sorte qu'elles l'aimaient. Elles avaient été dissidentes à ce qu'il avait su ;  en réalité, elles n'avaient souvent été que de simples boites aux lettres ou des campagnardes qui avaient accepté par bonté d'âme et solidarité de cacher des fuyards. Le système judiciaire du Guide Dormann les avait condamnées sans état d'âme à une mort lente et à une lente déchéance. Mais pour Paul qui les instruisait, rien n'allait de soi.

16 janvier 2025

Battles. Partie 1. Paul et Winger. Derniers échanges avant transfert.

 

 

L'instructeur, quand il revit Paul, se montra curieux.

-Alors ?

-Belle, stylée, courtisane.

-Tu as tiré ton coup deux fois ?

-Oui, Instructeur.

-Mais, c'était déjà le cas ! Alors, quelle différence ?

-Elle était partie prenante et elle a joui elle-aussi. Les autres faisaient semblant. Et quel corps !

-Magnifique ! Pas trop bavarde ?

-Non, juste pour me guider...

-Elles sont dressées comme ça. Mieux vaut pour elles qu'elles ne parlent que de sexe. Elles le font avec classe, parait-il...

C'était perturbant mais il ne commenta pas. Et concernant les garçons, il fut muet. Il aurait ouvert là une discussion où Winger aurait, encore, une fois, eu le dernier mot...

Pour finir, il constata que l'instructeur ne lui proposait plus rien et il vint aux nouvelles.

-J'aurais aimé revoir Sofia ou sinon, avoir affaire à une de ses comparses.

Winger fut sec.

-C'est terminé.

-Ce sont de jolies femmes, Instructeur.

-Oui, mais ça suffit. L'une d'elle a trop parlé.  Justement cette Sofia.

-Avec moi, Instructeur ?

-Non. Je n'ai pas dit ça. On les teste beaucoup avant de les admettre dans ce bordel haut de gamme. C'est naturel, même le directeur général de la prison fait appel à elles. Il faut qu'elles soient bien faites et très adroites. Souvent, elles viennent de bons milieux. Celle -là paraissait très bien mais elle a déçu. Pas grave. On l'a éliminée et remplacée.

-Éliminée, Instructeur ?

-Oh toi et ton misérabilisme ! Chassée du bordel de luxe, ça t'ira. Maintenant, elle doit nettoyer des chiottes quelque part et se faire passer dessus par son chef de bloc. Et s'il n'y a que lui, elle peut s'estimer heureuse. Grandeur et misère !

Il ricanait.

Paul, désormais habitué aux saillies de son instructeur, oublia vite la belle Sofia. Mais il était mal à l'aise et se sentait privé. Après tout, il avait renoué avec les joies du sexe. Sa formation était presque achevée et il était obéissant...Winger reçut ses demandes mais n'entra pas dans son jeu.

-Je sais que tu retournerais bien au bordel mais il ne faudrait pas que l'une d'elles te pollue. Moralement, j'entends. On leur a fait peur mais on ne sait jamais. Je m'oppose à ce que tu en revoies une. Tu vois, je suis soucieux de toi.

-Merci, Instructeur.

Winger sourit à Paul ;

-Puis-je me permettre une question ?

-Je t'en prie, Paul.

-Y aurait-il un vivier de garçons ?

-Ici, à Étoile ? Tu rêves ! Pourquoi cette question d'ailleurs ? Tu serais intéressé ?

-Non, Instructeur, certainement pas.

-A la bonne heure. Moi non plus.

-Vous êtes très pur, Instructeur.

-Bien vu.

-Et à Dannick, vous serez différent, plus libre...

-Oh mais que d'éloges ! Toi, Paul, si tout se passe bien, tu seras prêt à courtiser une vraie ambranienne, éduquée, intelligente, fidèle au régime. Ton divorce d'avec cette truie et le reniement de tes enfants ne seront qu'une formalité.

-Et vous-même, Instructeur, trouverez une épouse digne de vous ! Quelle chance elle aura !

-Oui, Paul, je suis prêt à me marier !

Une fois n'est pas coutume, Paul comprit que le bel instructeur mentait. Il n'aimait pas les femmes et pouvait, après tout, faire ses choix ailleurs. Mais le sujet était trop délicat. Il n'insista pas.

 

Enfin, vint le moment où, dûment formé, il devait quitter Étoile. Il eut droit à un dîner avec Hans Hortz, le directeur de la prison, son épouse et quelques huiles. On le félicita. Son retour à Dannick s'annonçait sous les meilleurs auspices. Il se passa pourtant mal pour les convoyeurs mais permit à Paul Kavan de se rapprocher de Battles...

16 janvier 2025

Battles. Partie 1. Paul à Etoile. Manipulations.

 

Il se tournait des films de propagande sur la prison Étoile et ces quelques femmes figureraient dans l'un d'eux.  Le documentaire qui les mettait en scène montrerait qu'on se souciait de leur donner quelque instruction et qu'elles étaient bien traitées. On tourna donc un petit film puis tout le monde se dispersa. Le film tourné apprit qu'elles avaient disparu.

-Où sont-elles, celles que j'enseignais ?

-Ces femmes ignares ?

-Oui, Instructeur. Je pensais qu'elles pourraient être secrétaires ou employées de maison. Elles devaient pouvoir se réinsérer...

-Tu pensais ça ?

-Oui, Instructeur. C'est ce qu'on m'a laissé entendre.

-Pas moi, en tout cas. On t'aura mal informé, Paul.

-Mais alors, on les a renvoyées à leurs tâches répétitives et subalternes ? Elles sont toujours détenues ?

Winger le regarda longuement avant de répondre.

-Oui, c'est cela.

-Un travail un peu meilleur tout de même ?

-Bien sûr, Paul. C'était le but : sinon pourquoi te serais-tu acharné à les rendre un peu moins sottes ?

-Vos raisonnements sont toujours si justes, Instructeur !

-Merci, Paul. Tu sais, dans ce documentaire, le plus important, c'est toi ! C'est ton image qui sera exploitée.

-J'ai fait de mon mieux.

-Et comment !  Un journaliste rebelle qui a ridiculisé le régime pendant quatre ans et qu'on retrouve si fier de le défendre en instruisant des femmes dévoyées !

-L'instruction est une valeur, Instructeur.

-Voilà qui est certain !

Winger ne lui dit pas que toutes ces femmes avaient été exécutées, non parce ce que c'était là le destin qui les attendait depuis longtemps mais parce que c'était sans importance pour lui.  Il y a un temps pour tout. Par contre, il lui tint des propos aussi solennels que perturbants :

-Ici, à Étoile, un instructeur peut paraître détestable mais l'influence qu'il aura est incontestable. J'aurai été ton instructeur et de cela, sache que tu ne pourras te défaire et ceci, quelle que soit la suite de ta vie...Tu n'es pas nécessairement entré en moi mais je suis entré en toi. On ira bien te dire que c'est remédiable mais crois-moi, je doute que ça le soit.

Il y avait à Étoile deux mille prisonniers dont huit cent étaient des femmes. La prison d'élite regroupait parfois dix détenus, homme et femme, souvent moins. Il ne les avait jamais vus pas plus que leurs instructeurs personnels et il n'avait jamais été question qu'il les voie. Quant aux autres, quelle importance avaient-ils ? Aucune.

Parallèlement, Winger continuait de lui procurer des femmes.

-Des filles simples. De petites putains.

Il s'agissait de filles très jeunes, inexpérimentés et effrayées. Inconscient de leur sort et pressés de se trouver son plaisir, Paul les prenait sans leur parler.

-Ce n'est pas du premier choix mais ma demande n'est pas acceptée pour le moment. Elles sont basiques, je le reconnais, mais tu jouis bien...

-Oui, Instructeur.

-Et c'est grâce à moi. Bon, continue de monter celles qu'on te propose.

Paul acceptait. Il faisait l'amour mécaniquement. Quand une des filles pleura, il ne fit pas attention à son désarroi. Elle avait honte. Il ne le voyait pas. Il prenait comme tels les propos de Winger.

-Note que je respecte infiniment la femme de notre Guide ainsi que celles de nos dignitaires. Et naturellement, je suis en bons termes ici avec les épouses des officiers et avec celles qui d'importantes fonctions administratives. Je respecte le travail de quelques gardiennes, aussi mais pas toutes, tu le sais. Je ne parle donc pas des femmes en général mais de ces jeunes putes dont tu as besoin. Elles ne sont rien, juste des trous mais c'est ce dont tu as besoin.

-Je suis d'accord, Instructeur.

Tout de même, l'instructeur s'impatientait.

-Ce serait mieux pour toi. Je vais insister.

Et il eut gain de cause.

-Ah ça y est, tu as accès au vivier des cadres. Des putes de haut niveau, celles-là. Nettement mieux que celles dans lesquelles tu t'es vidé. Tu me diras.

-Naturellement, Instructeur.

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16 janvier 2025

Battles. Partie 2. Page titre.

 

 

 

Seconde partie

Les exils

 

 

 

 

 

 

16 janvier 2025

Battles. Partie 2.

 

Je sais d'ancien et de nouveau

autant qu'un homme seul pourrait des deux savoir

 

 

Guillaume Apollinaire

La Jolie Rousse

10 janvier 2025

Battles. Partie 2. Quelques mots.

 

 

A la prison Etoile, le prisonnier Paul Kavan, qui fut un brillant journaliste et un partisan de la liberté, a été rééduqué. Il ne doit plus lutter contre une dictature qu'il déteste, mais la servir. C'est pourquoi son Instructeur, qui a été son rééducateur, est fier de lui.  Un bel avenir les attend ! Mais sur la route qui les conduit de la prison à la capitale, Paul est libéré par des partisans qui tuent les convoyeurs et l'instructeur vénéré. Ils cachent Paul. Celui-ci est pris en charge par diverses associations et se retrouve en Suède, dans une clinique. On l'a fanatisé, son corps est marqué : il faut, médicalement et psychologiquement, défaire son conditionnement. La tâche est longue et complexe. Au sortir de la clinique, Paul quitte la Suède pour l'Angleterre, pays qui l'accueille. Il va mieux, peut travailler retrouver femme et enfants, tomber amoureux mais cela ne suffit pas. En lui, se trouve l'empreinte du Mal. Comment fera t-'il? 

10 janvier 2025

Battles. Partie 2. Paul exfiltré en Suède. Nécessité d'un déconditionnent.

 

1. Réveil en suède, à Gotembourg. Le parcours de Paul.

Sauvé par des partisans, Paul pourtant rééduqué, échappe au destin qu'on lui préparait. Il ne servira pas la dictature qu'au départ,, il combattait. D'abord caché en Ambranie, il se retrouve en Suède dans une clinique. Il a été conditionné par des médecins et des soldats : il faut désormais le déconditionner...

Elle devait avoir une quarantaine d'années et avait les yeux clairs. Chaque fois qu'elle s'approchait de son lit, elle souriait et lui parlait d'une voix mesurée. Paul trouvait beaucoup de douceur à son visage, sinon une vraie beauté et il était surpris. Un an durant, il n'avait eu autour de lui que les visages durs et fermés des détenus et du personnel d’Étoile et ensuite, pendant quelques mois, il n'avait vu que des combattants sur le qui-vive. La beauté, qu'ils le veuillent ou non, leur échappaient...

-Je vois, à votre regard, que vous revenez parmi nous.

Qui était-elle ? Il ne comprenait pas.

-Votre mémoire est toujours partielle, n'est-ce pas ?

-Je crois...

De nouveau, elle lui souriait avec bienveillance.

-Moi, j'en suis sûre. Savez-vous qui je suis ?

Il fit non de la tête.

-Je suis le docteur Monica Josephon.

-Docteur Josephon...A Étoile, il n'y a pas de femmes médecins.

-On m'a dit cela...Mais, vous en êtes parti.

Elle lui parlait allemand avec un accent d'Europe du nord. Il en avait lui-aussi, très léger mais pas le même. La lumière était douce et l’atmosphère paisible. Il savait qu'il n'était plus en prison et qu'on le protégeait mais tout lui échappait encore.

-Oui mais je ne comprends pas...

-Vous êtes dans une clinique privée, en Suède, dans le sud.

-Je devrais être à Dannick.

-Vous devriez, oui mais n'y êtes jamais arrivé.

-Pourquoi ?

-Des partisans ont intercepté le convoi qui vous transportait. Ils vous ont gardé avec eux. Vous aviez besoin de soins. Ils ont paré au plus pressé puis ils vous ont exfiltré.

-Vraiment ?

-Oui. En prison, ils vous ont opéré et mis trois implants.

-Des implants ?

-Vous savez qu'on identifie les animaux domestiques ainsi de nos jours ? Oui, vous le savez. Ils ont un petit marquage identificatoire sous la peau et ainsi on les retrouve s'ils sont perdus. Ils ont fait de même avec vous.

-Je ne me souviens pas. On me donnait beaucoup de médicaments.

-Leurs méthodes sont violentes. Je reviens aux implants ?

-Si vous voulez madame...docteur...

10 janvier 2025

Battles. Partie 2. Des traceurs dans le corps de Paul.

 

Elle lui sourit de nouveau puis approcha une chaise du lit et de nouveau lui sourit avec délicatesse.

-Le premier se promène dans votre bras. C'est un traceur. Ils ont dû vous le mettre peu de temps après votre incarcération mais ne vous ont rien dit. Rendu au monde libre, vous l'auriez gardé. Ils auraient tout su de vous, que vous rendiez sagement à votre travail, puisqu'ils allaient vous en donner un, ou que vous fassiez du sport ou tout autre activité liée au quotidien. Et je ne mentionne pas votre vie intime.

Paul regarda son bras gauche car elle l'avait désigné.

-Rassurez-vous, on vous en a débarrassé tout de suite après votre enlèvement. Vous seriez resté repérable dans tout le pays...C'est un acte chirurgical comme un autre et vos libérateurs ont trouvé sur place quelqu'un pour faire ça. Rien à dire. Le médecin qui a œuvré a bien travaillé.

Paul se sentait mal d'être ainsi enfoui dans ses draps alors que cette femme vive et avenante lui parlait. Il chercha à se redresser et, comme il peinait, elle l'aida, ajoutant des oreillers dans son dos. Tout lui semblait irréel, à commencer par cette histoire qu'elle racontait. Quel était ce conte ?

-Le sud de la Suède....

-Je vous expliquerai tout à l'heure pourquoi. Dites-moi, vous vous souvenez de votre départ de la prison ?

-Avant non, mais maintenant oui...

-Vous avez dormi souvent ici et êtes resté éveillé dans un étrange état de torpeur. Vous paraissiez muré. Vous semblez mieux maintenant. Alors, ce départ ?

-Ce devait être en avion mais ils ont changé leurs plans, je ne sais pas pourquoi. Ils ont décidé qu'on ferait ça par la route. On devait parcourir cinq cents kilomètres dans des voitures blindées. Tout est déneigé en cette période mais les routes sont escarpées et dangereuses surtout celles qui avoisinent la prison. Les paysages étaient d'une grande beauté, celle des régions vides de toute activité humaine. Il y a peu d'arbres et très peu d'animaux à ma connaissance. Le ciel est devenu très bleu à un moment et les montagnes ont pris des couleurs merveilleuses. Tant de nuances de gris, de jaune et de rouge...

-Vous étiez conscient, donc...

-Oui, pendant la première partie du voyage. Cependant, je regrette...Je voulais que ce soit en avion...

-Pourquoi ?

-En un an, je n'ai vu qu'une petite partie de la prison. Elle a une forme d'étoile mais encore faut-il pouvoir le vérifier. Du ciel, je m'en serais rendu compte et j'aurais pu voir de mes propres yeux les fortifications qui l'entourent. Là, c'était l'aube et la lumière était encore très grise.

-Combien de personnes étaient avec vous ?

-Quatre dans la première voiture blindée et quatre dans la mienne. J'étais à l'arrière avec mon instructeur. Ils étaient tous armés, sauf moi. Mais vous le savez n'est-ce pas ?

-Non, pas vraiment mais je m'en doute bien. Vous avez bavardé tout en roulant...

-Eux oui, moi, non. J'ai juste échangé brièvement avec mon instructeur quand il s'est adressé à moi.

-Vos libérateurs ont été patients. Aucun d'eux n'est intervenu pendant cette phase car le faire aurait été suicidaire. C'est une région de montagnes dans laquelle il est difficile d'attendre et de s'embusquer. Il s'agit d'un terrain militaire, en fait et l'armée a quadrillé toutes les routes et pistes depuis longtemps. Beaucoup de pièges çà et là...

-Peut-être...

-Mais vous avez fait une étape...

-Oui. Ils m'ont dit que nous nous arrêterions dans une villa qui était plutôt une forteresse aux murs très épais. En termes de kilomètres, ça ne se justifie pas mais ce devait être la procédure... Les gardes sont restés en bas et je suis allé à l'étage avec mon instructeur. Il m'a donné une chambre et en a pris une autre. La fenêtre était murée dans la mienne et il y faisait froid mais il avait ordre de me ramener à Dannick sain et sauf et il s'est soucié de moi...

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