Battles. Partie 2. Paul à Marembourg, Suède. Opérer encore pour déconditionner ?
2. De nouveau, une opération.
A Marembourg, en Suède, Paul Kavan, qui a été exfiltré de son pays par des partisans, est hospitalisé. Enfermé à la prison Etoile, on l'a rééduqué et il est devenu un fasciste. Il faut lui redonner son identité ancienne : celle d'un partisan et d'un amoureux de la liberté. La tâche est rude pour les médecins car Paul porte dans son corps les marques de son retournement.
Il faudrait lui dire qu'une autre intervention chirurgicale allait avoir lieu et passer sous silence le fait qu'elle aussi serait très délicate. Les semaines avaient filé et, toujours en Suède, Paul allait mieux. Il n'avait toujours rien vu d'autre que l'enceinte de la clinique privée dont il avait découvert la notoriété. On y faisait des opérations de pointe et il y venait de très grands chirurgiens. Autant dire qu'y être admis n'était pas des plus simples et qu'il valait mieux avoir de l'argent. L'argent ? Si Paul, à son arrivée, était dans un état mental et physique des plus confus, il commençait à recouvrer ses esprits sur certains points et il finit par poser une question épineuse : qui payait pour lui ici ? Ce ne fut pas la femme médecin qui continuait de venir converser avec lui qui répondit à sa question mais le directeur. C'était un homme qui approchait la soixantaine et avait un physique un peu lourd.
-Votre libération était un vrai enjeu ainsi que votre transfert ici. Qui paie ? Tout d'abord, vous devez savoir que vous êtes ici légalement. Le gouvernement suédois approuve votre séjour dans notre pays et vous fournit quelque soutien. D'autres viennent des organisations qui vous ont permis de sortir de votre pays. Et enfin, il s'agit de vos fonds propres. En des temps qui peuvent vous paraître lointains, vous avez placé de l'argent en Angleterre et aux États-Unis. Or, vous devez savoir que votre femme, qui réside à Londres, en utilise une partie...
-Ma femme est vivante, vous me l'avez dit mais j'avais oublié ce détail.
-Elle est non seulement vivante mais bien avisée. Elle vit au Royaume Uni.
-Si elle est vivante, lui-aussi l'est.
-Lui ?
-Mon instructeur.
-C'est une réalité difficile à admettre pour vous mais il a vraiment été abattu. Je reviens à votre femme. Pour ne pas vous mettre en difficulté, vous comme elle, elle s'est mise en campagne pour obtenir des aides substantielles, publiques ou privées. Elle a dû être convaincante car votre maintien dans cet établissement a été jugé primordial ! Vous avez deux enfants en Amérique du nord. Ils font de même avec leurs « familles adoptives » qui ne se ménagent pas...
Ces nouvelles réjouirent Paul autant qu'elles l'inquiétèrent. Il avait beaucoup dépendu des autres durant ses années de cavale et en prison, on l'avait pris en charge, d'une drôle de manière certes, mais maintenu en vie tout de même. Certes, on payait pour lui mais il devrait se remettre, se réinsérer, s'assumer...Tout cela paraissait si lourd ! Le directeur tenta de le rassurer.