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LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.

26 décembre 2024

Battles. Partie 3. Avant le retour au pays.

Amoureux des librairies, Paul trouva dans l'une d'elles un recueil de dessins réalisés par un anonyme. Il y trouva deux portraits à l'opposé l'un de l'autre. Le premier présentait un homme abattu et presque servile. Il faisait penser à un prisonnier.  Le second avait un visage décidé, de beaux traits nobles et une autorité patricienne. A l'évidence, pourtant, c'était la même personne. Les deux autres dessins étaient faits à l'encre rouge et non plus noire. Ils représentaient dans les deux cas un jeune militaire à la beauté imposante. Sur l'un, il était de face et portait la tenue austère mais élégante. Sur l'autre, il était de dos et nu. Dans les deux cas, il était d'une beauté singulière.

Paul médita longtemps sur ce prisonnier et sur ce jeune barbare puis s'apaisa. Ces deux êtres évoquaient tous les bourreaux et toutes les victimes de ce monde. Mais la liberté revenait, triomphante.

-Dormann a eu une crise cardiaque. C'est dans la presse.

-Oui, dit Paul, je suis au courant. Son dauphin ne vaut pas grand-chose et l'armée refuse de le soutenir. Il va y avoir des élections.

-Nous pourrons rentrer. En attendant, que vas-tu faire ?

-Aller sur la tombe d'Eva à York et présenter de nouveau mes excuses à Daphne.

-Tu sais où la joindre ?

-L'appartement où je la voyais lui appartient. Sinon, elle a changé toutes ses adresses. Je lui écrirai.

-Elle ne sera contente de ton message quand elle le recevra, mais plus tard...Ton livre, Les Ombres de la liberté, sortira et se vendra bien ! C'est le signe que tout change. Une nouvelle vie, nous-aussi nous en aurons une.

-Bientôt.

En effet, son livre parut et reçut d'élogieuses critiques. Paul fut fêté par ses amis journalistes et plusieurs étudiants qui avaient aimé ses cours.  Il y avait aussi des éditeurs, des écrivains ou de simples personnes qu'il appréciait.Avec Lisbeth, il prit quelques vacances pour se rendre à  New York et la Floride. Après de longues fiançailles, Colin épousait Ann, une américaine dont la mère était allemande. Avocate comme lui, elle était mobile. Ils envisageaient donc de travailler non plus aux USA mais en Allemagne, ce qui les rapprocherait de l'Estrerie. Lisa, elle, avait annulé son mariage et avait un nouveau compagnon. Elle avait redécouvert son père suite à ses incursions en Angleterre mais elle n'envisageait rien en dehors de l’Amérique. Ce furent des temps de retrouvailles et de restauration d'eux-mêmes, et tout évolua comme prévu. Ils étaient non plus amoureux mais très soudés, ce qui ravit leurs enfants.

Il fallut encore rentrer à Londres pour d'ultimes formalités et des fêtes. En Estrerie, L’effondrement de la dictature s'était accompagné d'un immense mouvement populaire portant au pouvoir un homme politique qui ne se disait pas corrompu, Eduardo Calmann ! La presse et les médias s’intéressaient soudain à ce petit pays qu'hier encore ils négligeaient. Du nouveau gouvernement, Paul avait reçu de chaudes invitations à rentrer au pays et des propositions de travail très honorifiques. Lisbeth, elle semblait sans projet. Elle l'aimantait et l'intriguait cette femme qui, de très entière était devenue si calme et souple.

-Que feras-tu ?

-Aller au plus près des déshérités. Sous quelle forme, je ne sais pas encore. Je travaillerai avec gens magnifiques !

-Mais ce ne sera pas une villégiature...

-Non. Mais tu auras beaucoup de travail, toi aussi.

-J'imagine.

-On ne sera pas dans les mêmes villes...

-Je sais, Lisbeth.

 

 

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26 décembre 2024

Battles. Partie 3. Londres. Dannick.

Amedeo_Modigliani_-_Paul_Guillaume_-_Google_Art_Project

Désormais certain de quitter l’Angleterre, Paul commençait à espérer une vie meilleure. Toutefois, il ne pouvait être dupe. Ces années anglaises avaient été mouvementées mais celles qui s'annonçaient dans son pays le seraient aussi puisqu'il comptait bien jouer un rôle important dans la reconstruction de son pays. Quand il fallut vraiment partir, il fut ému.

-Cinq ans et tant de rencontres !

L'été arrivait. Lisbeth et lui partiraient ensemble et Colin qui ne voulait pas manquer cet épisode de la vie de ses parents arriverait peu avant à Londres pour voyager avec eux. Quand il atterrit à Londres, Lisbeth et Paul se sentirent galvanisés. Ils offraient l'image d'un couple qui s'était reformé, ce qui ne pouvait que rassurer leur grand fils. Ensemble, ils se promenèrent et parlèrent. Colin restait très fier de son père. Les Ombres de la liberté avait reçu de très bonnes critiques là où il était paru et la traduction de Kalantica avait laissé admiratif. Le livre allait paraître dans cinq autres pays...

Enfin, ils prirent l'avion. C’était un vol direct Londres -Dannick. Il s'était écoulé six ans depuis que Paul avait pour la dernière fois foulé la terre natale, sept pour Lisbeth et combien plus pour leur fils ! A son arrivée à l'aéroport, Paul et les siens furent officiellement accueillis par un envoyé du nouveau gouvernement. Avoir réussi à échapper à son pays par des moyens illicites pour y revenir avec les honneurs quelques années plus tard était inouï pour lui ! Une voiture les attendait, on leur avait réservé un hôtel et très bientôt, Paul rencontrerait le nouveau chef de l'état avant d'avoir un plus long entretien avec le premier ministre. Qu'auraient dit le directeur de la prison Étoile et l'instructeur Winger si on leur avait dit que tout finirait ainsi ? Il y avait de quoi admirer cet étrange bouleversement du sort...

26 décembre 2024

Battles. Partie 3. Retrouver Dannick.

Dannick, dès qu'il la redécouvrit, lui parut en pleine mutation. Les drapeaux et les insignes de l'ancien pouvoir avaient bien sûr disparu mais un certain nombre de statues n'avaient pas encore été déboulonnées, ce qui rendait leur spectacle sinistre puisque, la plupart du temps, on les avait couvertes de graffiti. L'hôtel de la police secrète qui avait permis entre autres au bel instructeur d'obtenir une formation hors pair était fermé ainsi que bon nombre de clubs ou d'associations qui avaient dû être des bastions du pouvoir. Malgré cela, les signes d'un passé inquiétant n'étaient pas difficiles à voir. A son arrivée, Paul constata que beaucoup de gens marchaient le long des routes et ceci dès l'aéroport et qu'on se déplaçait souvent en vélo ou en transports en commun. Il est vrai que Dormann avait, les derniers temps, généré une énorme pénurie de carburant, souhaitant sans doute freiner les échanges. Il repéra aussi des immeubles à l'abandon, des jardins publics dévastés et un certain nombre de petits commerces en berne. Malgré tout, quand ils furent entrés en ville, il retrouva les promeneurs et les travailleurs qui marchaient, eux, d'un pas plus vif et constata avec plaisir qu'il y avait beaucoup de monde aux terrasses des cafés. Avenues et rues étaient en bon état et respiraient la propreté. Cinémas et théâtres n'affichaient plus les mêmes niaiseries patriotiques. Tout cela paraissait galvanisant. L'hôtel était confortable, il n'était pas si tard et avant de dîner, Paul, Lisbeth et Colin allèrent faire un tour dans le quartier de l'opéra. Il avait toujours aussi fière allure et comme on était en juillet, il ne tarderait pas à faire relâche car ses musiciens et ses chanteurs iraient, tout comme les danseurs se produire un peu partout dans des théâtres de plein air. Il en existait beaucoup quand Paul était jeune et il avait assisté en famille à Marembourg ou ailleurs à de nombreux spectacles.

-On joue Madame Butterfly, tu as vu ?

-Oui, père.

-Et il y a du beau monde ! Des gens en tenue de soirée ! J'espère que ce ne sont pas les mêmes qu'il y a quelques temps...

-Dormann n'était pas mélomane, Lisbeth !

Tout leur semblait de bon augure cependant et ils étaient heureux. Curieusement, aussi, parce que l'un vivait depuis des années en Amérique et l'autre avait dû passer par la Suède et l'Angleterre pour y retrouver sa femme en exil, ils étaient dépaysés .Cette ambiance très Europe centrale, ces palais, ces églises et ces salles de spectacle qui dataient souvent du dix-neuvième ou du vingtième siècle, cette architecture rococo ou néoclassique et l'omniprésence des teintes orangées dont la lumière de l'été soulignait l'intensité, tout concourait à faire du centre de Dannick une fête de tous les instants mais les années de dictature l'avaient fait disparaître. Voilà qu'elle revenait ! Tous trois s'installèrent à la terrasse d'un café qui faisait face à l'opéra et renouèrent avec la cuisine ambranienne : poisson en sauce aux herbes, boulettes de viande, soufflé aux fruits rouges...Le service était diligent et les convives détendus. Son pays avait donc vraiment changé...A l'hôtel, Colin qui était arrivé de New York trois jours avant que le départ de Londres soit définitif, fit part de son malaise. Devenu par la force des choses un jeune américain, c'était un vrai défi pour lui que d'accompagner ses parents dans leur périple de retour. Il craignait, pour l'avoir quitté à quinze ans, de ne voir son pays qu'avec les yeux d'un touriste. Il aurait mieux renseigné un voyageur sur les curiosités à ne pas manquer dans l'état de New York que sur la richesse des musées de Dannick ! Et il en souffrait. Mais comme toujours, son père que le sort n'avait pas épargné, semblait posséder le don extraordinaire de l'enthousiasme et de la régénérescence. Et sa mère avait le même dynamisme. Ils quadrillaient la ville et se l'appropriaient. Il les accompagna donc.

 

26 décembre 2024

Battles. Partie 3. Paul, retour d'exil. Rencontre avec le chef d'état et honneurs.

 

 

Et puis, les honneurs attendaient Paul. Une après-midi, il eut rendu vous avec Eduardo Calmann. Celui-ci le reçut au palais présidentiel dans le bureau même où Jorge Dormann avait lancé tant d'ordres assassins...La décoration, à ce qu'il comprit, avait été modifiée ainsi d'ailleurs que tout l'agencement de la pièce. Tout en brun doré et en rouge sombre, orné de tableaux et de quelques miroirs, dotée d'une belle bibliothèque, la pièce répondait à un impératif simple : signaler que l'ambition et le bon goût étaient au pouvoir. Calmann avait surpris tout le monde en se montrant particulièrement organisé et convaincant, l'année qui avait été de celle de l'agonie de Dormann. Il était certes le chef incontesté d'un parti de gauche qui ne manquait pas de soutiens mais on lui accordait peu de crédit. Un beau parleur doublé d'un homme de salon. La façon dont il avait géré l'éviction du dauphin en contraignant l'exécutif moribond et les deux chambres à valider une élection au suffrage universel tirait l’admiration. Élu à une écrasante majorité selon des moyens démocratiques, il avait un important charisme personnel et des idées à revendre. On s'était trompé sur lui : c'était un homme de terrain...

L'entretien qu'il eut avec Paul fut assez bref. Une cérémonie serait bientôt organisée pour que celui-ci reçoive l'hommage auquel il avait droit. On le décorerait. Beaucoup de ceux qui avaient résisté avaient trouvé la mort dans les geôles du dictateur ou face à un peloton d’exécution. Parmi ceux qui s'étaient enfuis, peu rentraient. Paul faisait donc un geste courageux et patriotique en délaissant une vie qu'il s'était reconstruite ailleurs pour revenir dans un pays où tout était à faire renaître. A la fois prolixe et synthétique, le nouveau chef d'état flatta l'homme et ses multiples figures : le journaliste, le résistant, l'exilé, le pamphlétaire, le traducteur et le romancier...Paul était de nature humaine et celle-ci est prompte à accepter la flatterie. Il fut heureux de ces éloges et plus fier encore qu'elle sorte de la bouche d'un chef d'état. Quittant les ors et les fastes du bureau présidentiel, il gagna celui du premier ministre qui, plus pragmatique, l'informa des dispositions qu'on prenait pour lui.

 

 

26 décembre 2024

Battles. Partie 3. Paul Kavan et le premier ministre. Retour en Ambranie.

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-Comme vous le savez, vous pourriez être notre ministre de la culture. Vous m'avez écrit que vous décliniez cette offre et je vous propose de prendre la direction de l'école de journalisme de Dannick. Le précédent gouvernement l'a totalement réorientée, je ne l'apprends pas puisque vous vous êtes dressé contre ce type de traitement de l'information. Il va de soi que ce sera un travail colossal mais une nouvelle fournée d'étudiants attendent d'être formés autrement...

-C'est une proposition très honorifique.

-Avec votre passé et votre panache, vous êtes le candidat idéal pour ce poste.

-Monsieur le président, je serais bien sûr enchanté de prendre les rênes d'un tel établissement mais j'aimerais savoir si une troisième proposition existe.

-Bien sûr, dit le premier ministre. Comme vous l'avez constaté quand vous étiez encore parmi nous, la culture, dans ce pays, a été méprisée. On a relégué au second rang tous ceux qui ne voulaient pas se plier assez vite aux exigences du régime et on a envoyé en résidence surveillée de prestigieux créateurs car ils ont dit non. Vous seriez à la tête d'un institut culturel qui aurait pour objectif la réhabilitation d'un certain nombre d'artistes qui soit sont morts soit ont reçu l'interdiction de s'exprimer. De ce fait, il vous faudrait organiser de nombreuses manifestations artistiques : expositions, représentations, projections...Et en dernier lieu, il faudrait donner leur chance à de jeunes talents que Dormann s'est amusé à ridiculiser. L'idée est de montrer aux Ambraniens qu'ils vivent dans un pays où la culture est vivante et non plus censurée. Il faut leur donner accès au présent de nombreuses créations et bien sûr, à leur patrimoine...

-C'est fascinant...

-Mais complexe, monsieur Kavan. Le ministère de la culture est une antenne de bureaucrates qui planifient de grandes orientations et planifient des budgets. Vous, vous serez sur le terrain !  Bien sûr, vous vous entourerez d'une équipe compétente.... N'oubliez pas que la vieille garde est là et plaît encore. Ce ne sera pas simple d'échanger les rôles et de mettre au premier rang ceux qui, hier encore, attiraient l’opprobre. Beaucoup de procès ont déjà eu lieu et les fascistes les plus influents ont été mis à l'écart mais il y a tous les autres, ceux qui ont fait avec et parmi eux, bon nombre de créateurs réticents à changer leur vision...Ceci dit et c'est là où cet institut aura la part belle, vous aurez le bonheur de remettre à l'honneur tel compositeur, tel dramaturge ou tel peintre qui n'avaient que le droit de se taire...

Bien sûr, Paul n'était pas supposé choisir d'emblée. Il devait consulter deux dossiers qui tous deux étaient très complets et savoir à quoi il s'engageait...

-Les Ombres de la Liberté est un très beau texte qui va bien au-delà des deux essais déjà brillants que vous avez publiés auparavant. J'ai dû le lire en allemand ! Les lenteurs dans notre pays !  Mais quel écrivain !

Des éloges de nouveau ! Paul les trouva à propos et sortit ragaillardi de ces deux entretiens. Battles reçu par le président de la république puis son premier ministre. Qui l'aurait cru...

 Il avait été convenu que Colin, Lisbeth et lui parcourraient l'Ambranie deux semaines durant, à l'exception de la région la plus hostile que Paul avait de bonnes raisons de ne pas revoir. Ils se tinrent à leur programme et partirent en voiture. Toutefois, après les avoir accompagnés plusieurs jours de suite, Lisbeth rejoignit le monastère où jadis elle s'était cachée. Elle voulait faire silence, une manière bien à elle de reprendre contact avec son pays.

-Ensuite, tu seras avec nous ?

-Bien sûr, tant que Colin sera là.

-Et ensuite ?

-Les sœurs qui vivent ici ont été très courageuses. Elles ont aidé un nombre incalculable de personnes que le régime humiliait. Tu as bien vu que beaucoup d'églises avaient saccagées avant d'être fermées et qu'on avait tourné la religion en dérision. Gare à celui qui gardait ses convictions. En fait, je souhaite m'engager auprès d'elle.

-C'est ta décision.

-Oui, Paul.

Ils voyagèrent donc à deux.

 

 

 

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26 décembre 2024

Battles. Partie 3. Paul et Colin, son fils, en Ambranie.

 

 

Colin avait oublié ce petit pays aux campagnes riantes, aux petites villes historiques si belles et à ces grands lacs qui, sans suppléer la mer, offraient des horizons paisibles et estivales. Père et fils allèrent donc du nord au sud et de l'est à l'ouest, dormant dans de belles auberges ou d'aristocratiques maisons transformées en hôtels, mangeant tantôt simplement tantôt dans des restaurants raffinés, assistant à des concerts ou des spectacles de danse, faisant de longues marches à pied ou faisant un peu d'équitation, toujours heureux et toujours aux aguets. Toutefois, à la différence de son fils, Paul fut plus conscient des dangers inhérents aux brusques changements survenus dans son pays. Quand ses parents étaient encore vivants, Ray Halmiland et Joseph Butts s'étaient succédé au pouvoir. Butts par sa mauvaise gestion et son laxisme avait commencé un travail que ces suiveurs avaient poursuivi...Il se souvenait de sa mère, qui n'était pourtant pas politisée, et de ses remarques mitigées sur le populisme d'Halmiland et le peu de discernement de Butts. Sur le moment, il l'avait trouvée bornée et réactionnaire mais on si on considérait que les chefs d'état suivants avaient fait preuve d'une vanité et d'un aveuglement plus grand encore, faisant monter le nombre de fonctionnaires, distribuant beaucoup d'argent et endettant considérablement l'état, elle avait raison. C'est parce que Pérel Norks avait été si indolent que le parti de Dormann avait grossi si vite et que le coup d'état avait été possible. S'il se savait et le regrettait, d'autres avaient le même raisonnement mais regrettaient la dictature...Il voyait bien qu'ils en côtoyaient et puisqu'il allait vivre dans ce pays, il faudrait bien qu'il fasse avec eux. De ses découvertes, il ne dit rien à Colin et le laissa s’émerveiller de tout. Mais le jeune homme le déconcerta :

-Père, je suis parti depuis longtemps et j'ai oublié cette ville et mon pays ! C'est décidé, je travaillerai en Allemagne. Ma future femme est d'accord. Mais tu le savais.

-Reste Lisa !

Toutefois, tu vas te distinguer et elle sera désireuse d'en savoir plus. Elle te l'a fait comprendre : tu lui as beaucoup manqué. Et puis, il y aura un bébé à te présenter.

C'était dit avec tact mais sa fille lui échappait toujours et Paul s'en voulait. Quand les temps étaient paisibles, il n'avait pas été assez attentif à elle. L'avoir revue sporadiquement l'avait rendu heureux car elle se tendait vers lui ; mais ça ne suffisait pas. Elle était rétive malgré tout.

-On verra...

-Mais, Père, c'est certain !

Au terme de ces vacances, l'un et l'autre étaient radieux. Toutefois, Colin fut surpris par la décision de son père :

-Le Centre culturel !

-C'est inapproprié ?

-Je n'ai pas dit ça, père, mais ce sera très complexe. C'est un travail de titan...

-A priori, ceux qui sont pressentis pour travailler avec moi sont solides...Tu aurais sans doute trouvé plus juste que je sois ministre !

-Non, tu seras très bien.

Tous deux rirent, soucieux de ne pas gâcher leur belle entente. Ils avaient passé quinze jours à parler de tout et de rien dans des paysages souvent splendides, sortant ruisselant d'eau d'un lac pour aller écouter une chanteuse traditionnelle aux beaux yeux sombres ou se livrant à d'autres plaisirs de l'été. Et ils étaient passé saluer Lisbeth qui travaillait désormais avec ces sœurs qu'elle connaissait bien. Bientôt Colin repartit en promettant de concrétiser son arrivée en Allemagne. Il comptait aussi parler à sa sœur pour la rendre plus réceptive...

-Elle voudrait un enfant. Si c'est le cas, elle resterait aux USA. Mais on ne sait jamais !

4 décembre 2024

Battles. Partie 4. Ouverture.

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Quatrième partie

Au pays des souvenirs et

de la lumière

 

 

 

 

 

 

 

4 décembre 2024

Battles. Partie 4. Quelques mots.

 

 

 

Retourner dans son pays, c'est bien quand on a connu l'exil. On y retourne avec les honneurs et l'on y obtient une place au gouvernement. Pour Paul Kavan donc, tout est beau au départ; mais la dictature a ravagé sa patrie, les tenants du régime fasciste qui vient d'être démis sont encore nombreux et Paul a connu la prison politique et la rééducation. Comment faire pour rester debout et ne pas céder à la violence du passé ? 

4 décembre 2024

Battles. Partie 4. Citation.

 

 

Et si c'était à refaire

Referait-il ce chemin

La voix qui monte des fers

Dit : je le ferai demain

 

Louis Aragon

Ballade de Celui qui chantait dans les supplices

4 décembre 2024

Battles. Partie 4. Changer le monde.

 

GUILLAUME

 

 

1. Tout mettre en œuvre à Dannick.

De retour dans son pays après un long exil, Paul Kavan est nommé à de hautes fonctions dans le nouveau gouvernement qui se constitue. Il est prêt à travailler d'arrache pied pour que les perspectives soient nouvelles.

De retour à Dannick, on présenta à Paul, puisqu'il avait accepté le poste, les locaux du centre culturel et les membres de son équipe. Il était une vingtaine et d'âges divers. A priori, ils souhaitaient un nouvel ordre...Paul avait déjà travaillé d'arrache-pied sur son gros dossier et ciblé des points sensibles. Il faudrait lister les salles et les ateliers susceptibles d'accueillir les artistes, veiller à ce que salles de théâtre et de cinéma reprogramment ceux qui étaient interdits, veiller également à ce qu'une publicité suffisante soit faite pour inciter à aller au spectacle et récompenser ceux qui avaient préféré se taire et vivre de façon précaire plutôt que de servir la propagande de Dormann. Et puis...Ce qu'il y à faire était infini mais l'énergie de Paul phénoménale. Se doutait-il qu'il comptait ainsi damer le pion à ceux qui l'avaient arrêté et jugé puis persécuté en prison ? Oui et bien sûr, il savait aussi qu'il montrait à l'Instructeur Winger et à ses sbires que tout n'était pas comme ils croyaient...En quelques semaines, les résultats furent positifs. Des compagnies de théâtre que l'Institut subventionnait, se remettaient au travail. Des salles d'exposition remettaient à l'honneur des peintres et des sculpteurs mis sur la touche. Des chefs d'orchestre mis au rebut, des chanteurs d'opéra, des virtuoses de la musique, de grands acteurs à qui on n'avait plus rien proposé, remis en circulation. Des prix étaient créés, des bourses pour stimuler les jeunes talents mises en avant, la presse était mise à contribution pour relayer cet enthousiasme et Paul galvanisé. Il y avait les autres, bien sûr, ceux qui avaient servi Dormann. Mises à part quelques têtes à ne pas couper, il fallait les intimider. A priori, le message passait. Ils s'expatriaient, faisaient amende honorable ou changeaient de métier. Il faudrait un an minimum pour que la machine soit relancée mais il jugeait important de paraître d'emblée très actif. Son équipe suivait sans doute enthousiasmée par son énergie et c'est un fait : la vie culturelle allait renaître...

Ayant le sentiment d'accomplir tout d'un coup les douze travaux d'Hercule, Paul ne se contenta pas de tâches administratives, de réunions et de coups de fil. Il se déplaça. Des grandes salles de spectacles aux plus modestes, il visita tout. Il arpenta les salles de concert et les ateliers d'artistes et, chemin faisant, il rencontra beaucoup de monde. Son passage dans la clandestinité, son incarcération à Étoile et ses errances en Suède et en Angleterre avaient affiné sa perception des êtres et des situations. Telle actrice en vogue mentait en se disant patriote car elle avait enchaîné les liaisons avec des sbires de Dormann. Tel sculpteur qui, lui, avait résisté, jouissait d'une réputation très usurpée et ne serait pas crédible au plan international. Tel peintre qu'on avait laissé tranquille car on l'estimait de second ordre, avait un réel talent et telle chanteuse d'opéra avait été injustement rétrogradée. Il convenait donc de faire la part des choses et de redresser des situations faussées, dans la mesure où il le pouvait. De musée longtemps fermé en cabaret au répertoire bancal, d'église négligée alors qu'elle possédait de très belles fresques à des cafés qui gardaient en eux l'histoire du pays, il y avait de quoi faire...

Le temps passant, Paul se mit en quête de son passé. Non celui de ses années de cavale et d'emprisonnement mais celui de son enfance. Ils étaient quatre frères. Trois étaient encore vivante. Emil et Anton avaient su son retour et même s'ils ne s'étaient pas manifestés, il tenait à le voir.

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