Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
31 octobre 2020

LUCAS ET KIRYLL. Rencontres amoureuses et changement de perspectives.

 

amoureux

Lucas, devenu Louis vit seul à Paris. Il rencontre une jeune japonaise et découvre l'amour...

Satsuko Arikawa avait beau avoir un nom japonais, elle était anglaise. Ses parents avaient quitté Tokyo quand elle avait sept ans pour s'installer à Londres où ils continuaient de travailler et ils avaient depuis changé de nationalité Le père de la jeune fille tenait un restaurant japonais et sa mère un institut de beauté. Satsuko, elle, avait fait des études de dessins. Elle prenait souvent l’Euro-star pour visiter les musées parisiens et s'étant désolée de ne pas parler le français, elle avait économisé pour passer plusieurs mois dans la capitale. Elle étudierait dans une école de langues et, étant très appliquée, elle apprendrait seule, aussi. La tâche était difficile, elle le reconnaissait d'autant plus qu'elle parlait couramment anglais sans avoir oublié le japonais, mais elle était vaillante.

Quand elle rencontra Louis-Lucas, il y avait six mois qu'elle était là. Elle sortait souvent dans Paris mais jamais encore elle n'était venue dans ce café dont ses amies lui avaient parlé. Elle se plut d'emblée au Temps permis  dont elle aima la sophistication. On y servait des thés raffinés et on n'y parlait pas fort, ce qui la rendait heureuse. Très anglaise dans ses manières, la jeune fille gardait en elle une réserve toute japonaise. Sa vie sentimentale n'avait pas encore été très remplie mais elle avait vingt-cinq ans et le désir de se stabiliser. Le jeune homme qui gérait ce joli café était sympathique et avenant. A la fois timide et audacieux, il dégageait un charme juvénile piquant d'autant qu'il semblait ne pas faire grand cas de son joli visage et pour tout dire, il l'attirait...

Intriguée, Satsuko revint encore et encore. Il finit par la remarquer et fut touchée par le bel ovale de son visage, ses yeux noirs bridés, ses tenues sages mais toujours colorées et son français scolaire...Bientôt, Le Temps permis ne fournit plus un espace suffisant. Il leur fallut les quais de la Seine, l'église de Saint-Germain et la place de l'Opéra. Décidément,ils tombaient amoureux. Elle fit la connaissance de sa famille qu'elle trouva cultivée et sympathique et bientôt, elle fut considérée comme la compagne officielle de Louis avec qui elle partageait le plus clair de ses jours ou de ses nuits. Tantôt, ils résidaient dans son petit studio à elle, bien rangé et lumineux, tantôt, ils vivaient chez Louis dans un joyeux désordre qui n'occultait pas son sens de l'esthétisme. Chez lui, c'était élégant et personnel même si il avait chiné pour trouver ses meubles et couru les solderies pour mettre des rideaux aux fenêtres et des lampes sur les meubles. Des photos ornaient les murs et Satsuko n'eut pas de peine à reconnaître la famille du jeune homme ainsi que bon nombre de ses amis, qu'elle avait rencontrés. Elle fut surprise malgré tout par quelques clichés qu'elle ne sut à quoi les rattacher. Devant un monastère méditerranéen, posait un prêtre orthodoxe à l'air grave mais à l'expression souriante. Louis fut évasif quand elle lui demanda de qui il s'agissait.

-Oh, c'était des vacances en Grèce du nord. Les Météores...C'est une région spectaculaire où des monastères ont été construits sur des promontoires rocheux. Tu te demandes quand tu es là si tu es bien sur cette terre tant ce paysage te pousse vers le ciel. J'ai parlé avec ce prêtre alors que je passais une journée dans un de ces sites difficiles d'accès. C'est un homme droit qui m'a fait du bien.

-Et tu conserves sa photo dans ce cadre, chez toi ?

-Ah oui...

Il y avait aussi la photo de deux Italiens dans une ville antique et là encore, il évoqua des vacances celles-là plus anciennes.

-Des amis italiens, tu dis ?

-Oui. Nous étions à Pompéi. Je les ai perdus de vue mais c'est ma faute car je ne suis pas sérieux dans la correspondance ! C'est dommage. Ils étaient drôles et de confiance...

Il y avait aussi la photo d'une maison qu'elle trouva quelconque mais qu'il affirma être jolie. Non, elle n'appartenait pas à ses parents. En fait, il avait il y longtemps côtoyé un couple qui lui avait beaucoup apporté. Il faisait un camp de vacances près du Mans. Ces gens là y travaillaient. Oh, il devait avoir quatorze ans à l'époque...

 

jeunes amoureux

Tout cela était très vague et si la jeune fille avait été plus suspicieuse, elle aurait mené plus loin ses investigations. Elle ne le fit pas pour des raisons diverses. D'abord elle était amoureuse, ce qui l'amenait à tout idéaliser chez celui qu'elle aimait. Ensuite, elle était japonaise. Bien qu'arrivée très jeune en Angleterre, elle restait marquée par son éducation qui avait fait d'elle une personne à la nature réservée abondant souvent dans le sens de son interlocuteur sans pour autant être d'accord avec lui. Loin d'être hypocrite, elle se conformait à un modèle de comportement social. D'une politesse extrême, elle savait faire preuve de nuances suivant la personne à qui elle s'adressait. Elle était respectueuses des traditions de son premier pays et avait une vision idéale de la famille. Elle était si différente des jeunes filles qu'il avait connues que Louis se disait souvent qu'il n'aurait pas tissé de liens forts avec elle si elle était arrivée directement du Japon. Au fond, qu'elle ait aussi reçu une éducation anglaise était rassurant car il limitait sans le faire disparaître l'écart culturel qui existait entre eux.

Dans le temps où ils demeurèrent à Paris, il resta évasif sur certains points de son passé sans qu'elle en conçut de l'inquiétude. Sa famille à lui était si adorable que sa mère, devinant qu'une jeune japonaise vivant à Paris devait se languir de la cuisine de son pays, tenta sans grande réussite de lui en préparer. Elle ne réussit pas vraiment son coup mais Satsuko apprécia la tentative. Ce fut l'occasion d'après-midi charmantes où les deux femmes s'apprenaient mutuellement des recettes. 

 

Publicité
Publicité
31 octobre 2020

LUCAS ET KIRYLL. Quitter Londres pour l'île de Wight ?

991eba64a7846728be6b68dad232e226

A Londres, Louis aime Satsuko, sa jeune épouse. Tous deux sont heureux mais un changement de vie se profile...

Satsuko s'exprimait beaucoup mieux en français, aimait Louis, se faisait cajoler par lui et adorait la vie parisienne. Toutes les conditions étaient donc réunies pour qu'elle mène une vie heureuse auprès de son « fiancé » mais le temps vint où sa famille lui manqua, et l'Angleterre. Elle souhaitait rentrer. Viendrait-il ? La proposition qu'elle lui fit le laissa enthousiaste. Oui, il la suivrait d'autant que leur installation dans la capitale britannique s'annonçait sous d'heureuses auspices. Satsuko, en effet, avait trouvé à travailler dans une maison d'édition à Londres où elle illustrait des livres pour enfants et Louis-Lucas la suivit. Au début, toujours enchanté, il ne fit guère que déambuler dans Londres, grande métropole qu'il n'avait plus revue depuis une ultime escapade anglaise avec Vincent et Hélène. Il chercha ensuite en vain. Après quelques semaines d'inactivité, la jeune femme craignit qu'il ait des difficultés à obtenir un emploi mais bizarrement, il trouva à s'employer comme barman dans un pub à la mode puis dans une sorte de café-librairie où l'on parlait les deux langues. Tout lui souriait-il donc ? Il le semblait bien car, si ce boulot là ne lui était pas confié longtemps, il était déjà sollicité pour travailler dans un autre établissement du même genre et il lui venait encore d'autres propositions ! Satsuko, quand elle reçut ses confidences, fut une fois de plus émerveillée par ce garçon débrouillard qui savait tirer profit de tout. Sans être bilingue, il parlait un anglais clair, travaillait vite et bien et avait beaucoup de charme. Il savait attirer et vendre sans jamais paraître manipulateur ou insistant et de plus, il était toujours prêt à apprendre sur le tas...Aimable et blagueur avec la clientèle du café-librairie, il n'y déparait pas car il était bon lecteur. Du reste, elle le surprenait souvent à lire ou à regarder de vieux films.

Dans cette période de félicité, quelques écueils surgissaient parfois. Louis continuait de temps en temps d'avoir des saillies bizarres qui ne cadraient pas avec ce qu'elle savait de sa vie. Il lui arrivait de parler tout haut dans ses rêves et de dire des prénoms qui ne signifiaient rien pour la jeune femme. « Vincent » et « Noémie » revenaient souvent. De la même façon, il nommait un prêtre et des amis italiens. Ceux-là, Satsuko se souvenait d'en avoir vu les photos dans le studio que l'homme de sa vie occupait à Paris avant leur mariage et leur arrivait en Angleterre. Car, il fallait bien le souligner, les premiers temps de leur vie anglaise avaient tout entiers été illuminés par un mariage haut en couleur, mêlant coutumes françaises et traditions japonaises.

Face à ses remontées d'un passé dont elle n'ignorait tout, la jeune fille, perplexe, restait muette. ll n'était pas dans la nature des Japonais d'être intrusifs et en ce domaine, elle ne dérogeait pas à la règle.  

LUCAS LOUIS

Un autre aspect de la personnalité de son mari la surprenait. A plusieurs reprises, comme ils lisaient des faits divers ou en entendait le récit aux informations télévisées, elle observa qu'accidents mortels ou morts brutales par agression ne l'horrifiaient pas. Qu'une mort soit ou non violente, il ne faisait pas de différence comme si perdre la vie n'était pas inquiétant. C'était comme s'il avait avec la mort un étrange rapport, comme si celle-ci était une vieille amie à ménager...Mais là encore, Satsuko ne lui posa aucune question.

Ils étaient depuis deux ans à Londres et se montraient heureux d'y être, leur joli appartement de Hampstead étant régulièrement visité par leur famille et belle-famille. Le mariage avait assis leur couple et les avait rendu radieux. Tout aurait pu continuer ainsi mais les parents de la jeune fille en décidèrent autrement. Ils venaient d'acheter une maison dans l'île de Wight, très grande et entourée d'un parc. Il ne s'agissait pas pour eux d'acquérir une résidence secondaire mais de faire du profit. Cette belle demeure traditionnelle disposait de multiples chambres, d'un ample séjour, d'un salon et d'une cuisine si vaste qu'une douzaine de personnes pouvaient y manger. En outre, elle était dotée d'un joli jardin ombragé de vieux arbres et très fleuri. Proche de la mer, elle offrait la possibilité de longues promenades sur les sentiers littoraux et serait agréable tant aux familles avec jeunes enfants qu'au voyageur solitaire , sans compter qu'entre ces deux extrêmes, il existait tout un lot de vacanciers possible, tous assoiffés de nature, de calme mais aussi de convivialité. A court terme, il s'agissait de faire tourner une chambre d'hôtes et à plus longue échéance de venir y vivre, les années se faisant sentir, mais tout en la gardant active.

Un peu surpris, Louis et son épouse trouvèrent cependant l'idée judicieuse. Restait à savoir qui gérerait les lieux ? Il était possible de trouver des gérants mais bien plus habile était d'y faire résider le joli couple. Louis avait le sens du contact et il savait gérer une affaire. Il pourrait éventuellement proposer des stages de langue française en ajoutant un petit plus : la chanson par exemple. Il avait appris, jeune, à jouer de la guitare et avait une assez jolie voix. Quant à Satsuko, elle pourrait proposer des stages de dessin et ceci, toute l'année. Épisodiquement, Miki, le père, y introduirait la gastronomie japonaise et, Ari, la mère, les soins du corps et du visage. Au bout du compte, l'affaire pourrait devenir très rentable.

  

31 octobre 2020

LUCAS ET HONEY. Une maison d'hôtes et une femme étrange...

s-l300

Après Londres, Louis et son épouse Satsuko s'installent dans l'île de Wight où ils font chambre d'hôtes. Dans cette grande maison, des stages ont lieu. Un jour, arrive une française, Noémie...

Bien qu'amoureux de la vie en ville, aucun des jeunes gens n'ayant vraiment d'objection puisque cette vie insulaire pouvait être dépaysante et pleine d'agréables surprises. L'affaire fut conclue rapidement d'autant qu'en bons gestionnaires les parents de la jeune fille avaient fait les achats nécessaires pour bien agencer la maison et lancer pour leur compte des dates de stage. Il ne restait plus aux jeunes gens qu'à faire de même et quand ils l'eurent fait, ils s'aperçurent que les candidats affluaient tant pour le dessin que le français en chansons. Très vite, ils furent très occupés et durent prendre du personnel. Au bout d'un an, ils furent heureux de se dire qu'il existerait tout de même des périodes creuses où ils pourraient souffler. En novembre et décembre, il y avait peu de monde, sauf pour les fêtes et en janvier-février, ils menaient une vie confidentielle. Le reste du temps, ils ne savaient où donner de la tête mais la maison était ravissante et l'ambiance tonique. C'était un bonheur de croiser des choristes enthousiasmés ou des dessinateurs avec leur matériel. C'en était un autre de participer à un grand dîner japonais où de se féliciter des bienfaits d'un nettoyage de peau si...japonais !

Louis était très accaparé par cette nouvelle vie mais au plus secret de lui-même, il se souvenait du père Kiryll et de ses prédictions. Son histoire n'était pas terminée et s'il était arrivé en ce lieu, c'est qu'il y avait toutes les chances qu'elle y trouve un prolongement. Seulement, le temps passait...

Un jour cependant, arriva une voyageuse entre deux âges. Elle n'avait manifestement pas peur de l'automne, qui s'avérait très humide, et ne semblait pas gênée par le fait de voyager seule. Elle s'appelait Noémie Maubuisson et parlait un anglais approximatif. Absent à son arrivée, Louis ne l'identifia pas tout de suite car elle avait beaucoup d'embonpoint et des traits qui paraissaient gonflés. Elle venait de Lille où elle avait été longtemps malade. Divorcée puis remariée, elle avait affronté un second divorce qui, semble -t’il, l'avait éreintée. Il n'y avait pas beaucoup de monde la semaine où elle vint, de sorte que souvent seule avec ses hôtes, elle était mise en confiance et parlait de choses et d'autres, abordant par bribes son histoire personnelle. Satsuko, se montrait comme toujours respectueuse et aimable et Louis, attentif, écoutait. Il lui fallut un peu de temps pour sentir en son cœur les effets de la voix de cette femme. Elle avait un phrasé fait de pauses inattendues et de brusques à-coups et sa voix, qui avait tendance à se casser, retrouvait parfois de beaux aigus. Il se sentait remué d'autant qu'elle employait certains mots qui le renvoyait à son enfance. Elle disait « Bon sang de bon soir », « Elle n'est pas mauvaise, celle-là » et « Vous m'en direz tant ! » avec force...Cette façon de parler, ces automatismes de langage, il les connaissait. Bouleversé, il se rapprochait chaque jour davantage de la question fatale : cette femme était-elle sa mère ? Celle du temps d'avant. Si c'était le cas, elle était méconnaissable. Il l'avait connue, enfant, comme une personne sinon belle mais du moins avenante. Elle était devenue laide. Quant à sa personnalité, elle était il y a bien longtemps décidée et catégorique. La vie s'était chargée de lui apprendre à ne plus se croire si forte. C'était une vaincue.

Voulant en avoir le cœur net, il la laissa déambuler comme elle le voulait. Elle voulait se reprendre physiquement, perdre du poids, faire quelques activités physiques. Quand le temps était gris et froid mais non pluvieux, elle allait marcher. Connaissant l'île mieux qu'elle, il proposa de l'accompagner. Bien sûr, il fallait s'adapter à la saison mais il y avait beaucoup de chemins littoraux et tous n'étaient pas difficiles d'accès. Il était toujours possible de se rapprocher de la côte pour bénéficier d'une jolie vue sur la mer. Même en cette saison, il arrivait que le soleil daignât montrer le bout de son nez et c'était parti pour de belles photos !

 

s-l300

Ravie qu'elle l'accompagne, elle apprécia qu'il marche lentement et choisisse des itinéraires courts. Tout autour de Yarmouth, il y a avait beaucoup de chemins. Sur les cartes, il les lui montrait. Quand l'escapade avait été courte, il lui préparait un thé dès qu'ils étaient de retour, sinon ils trouvaient une pâtisserie dans un village proche de la maison d'hôtes. Il était manifeste qu'elle était contente d'être en sa compagnie et qu'elle aimait bien Satsuko. Dans la grande maison, elle discutait parfois avec celle-ci avant d'aller rejoindre la bibliothèque où elle restait longuement. Elle adorait que Louis joue de la guitare et chantonnait doucement quand il le faisait. Toutefois, il l'observait encore et doutait. Etait-il possible qu'elle fut devenue ainsi ?

Assez vite, elle demanda à rester jusqu'aux fêtes de Noël où la maison serait fermée à la location. Il fut difficile de lui dire non. Elle n'était pas en retard de paiement et se montrait agréable ceux qui venaient là car il en venait encore qui restaient peu.

Quand Louis sut qu'il la côtoierait longtemps, il comprit qu'il devait se décider. Il devait la faire parler. Comme elle l'avait pris en sympathie, ce ne fut pas si difficile.

-Vous avez l'air d'aller de mieux ! L'air de l'île de Wight vous fait du bien...

-Oui, je me sens mieux.

-Pardonnez-moi d'être indiscret mais vous avez eu des ennuis de santé...

-J'en ai eu dernièrement mais c'était une redite. Jeune femme, j'ai fait une grave dépression.

-Quelquefois, l'accumulation d'ennuis...

-Oh, vous êtes gentil, jeune homme mais c'était bien plus que cela. Vous savez, si rien de tout cela ne s'était produit, j'aurais un fils de votre âge. Brun et enjoué comme vous...

Louis sentait la respiration lui manquait. Il lui avait bien été prédit qu'il retrouverait sa vraie mère ! Cette femme était bien celle qui l'avait élevé. Elle n'avait pas encore beaucoup parlé mais il était certain de tout. Et d'ailleurs, voilà qu'elle se remettait à parler ! 

 

31 octobre 2020

LUCAS ET KIRYLL. Les deux visages de Noémie.

NOEMIE 1

Louis et Satsuko ont une grande maison dans l'île de Wight et ils font chambre d'hôtes. Ils finissent par y accueillir Noémie, une femme meurtrie mais courageuse qui n'est autre que la vraie mère de Louis. Compte-tenu de l'étrange histoire de celui-ci, dire la vérité est difficile...

-J'étais marié et j'avais un fils qui, très tôt, a eu des problèmes de santé. Les médecins se contredisaient et au fond, ne savaient ce qu'il avait. Il a commencé à se reprendre et nous avons eu de l'espoir mais la maladie l'a rattrapé. Nous n'avions jamais voulu qu'il s'éloigne de nous mais les médecins ont été farouches : ils devaient aller en Savoie où il serait scolarisé dans une structure hospitalière. Là, tout serait mis en œuvre pour qu'enfin il guérisse. Nous avons dû céder et il est parti. La seule fois où nous l'avons vu là-bas, il allait bien. C'était un enfant intelligent, il était très capable. Bonne mémoire, esprit vif et curieux, rapidité...Nous avons été ravis de savoir que bientôt il reviendrait...Mais ça n'a pas été le cas. Vous savez, j'étais une personne sûre d'elle-même. Je pensais que les cinglés qui enlèvent les enfants, ça avait une certaine réalité puisqu'on voyait leurs photos dans les commissariats de police mais jamais je ne me suis dit que ça pouvait me concerner. Et mon mari non plus. On a une tort. Notre Lucas, un cinglé l'a attiré hors de l'hôpital et on ne l'a plus jamais revu...

-Comment cela, il a disparu si vite ?

-Mais oui !

-Il y a eu une enquête de police ?

-Interminable. On a espéré comme des fous et on nous a fait miroiter qu'on nous le rendrait. Tu ne peux pas savoir à quel point on s'accroche à tout dans ces cas-là. Ce n'était qu'un petit garçon de onze ans ! On a eu droit à tout : les portraits robots qu'on modifiait, les pistes présumées vraies qui étaient fausses, les hurluberlus qui contactaient la police pour nous donner un signalement ne correspondant à rien. Au bout du compte, quatre ans ont passé et on a e tellement mal l'un et l'autre qu'on s'est heurtés. On ne disputait pas mais on s'est mis à le faire et à ce rythme là, l'amour est parti.

-Vous avez divorcé ?

-Oui. Je pensais que c'était ce qui restait à faire parce ce que pour moi, cet enfant était mort. Il n'avait aucune chance de s'en sortir et d'ailleurs, s'il est vrai qu'il a été retenu prisonnier des années durant par un malade mental, comment aurait-il pu faire ? Et puis, il y avait autre chose. Les médecins de l'hôpital étaient de vrais faux-culs. Il était soit-disant sorti d'affaire, mon Lucas mais en fait, des années après, j'ai su que rien n'était moins évident...Donc, il était perdu quoi qu'il en soit.

-De cela vous êtes sûre ?

-Mais oui ! Et justement, ce qui était terrible c'était d'avoir tenté de les attaquer en justice pour sa disparition. A ce qu'on a compris, il n'y avait rien à faire. On ne s'attaque pas à une institution pareille...Et quand on sait qu'il était condamné de toute façon...

-Et qu'est-ce que vous avez fait ?

-J'ai vécu en Bretagne et ai traversé une première dépression. Et puis, je suis partie dans le nord de la France parce que j'avais rencontré un type par annonce. Je me suis remariée et très vite j'ai compris que je faisais erreur. Vous savez, c'est comme si je m'étais adressée à un de ces types qui, justement, est capable d'agresser un gamin et de l'enlever. Je n'aurais jamais cru ça de moi. Au départ, j'étais une fille très saine, j'avais beaucoup d'aplomb. J'allais épouser quelqu'un de sain, avoir deux enfants. On enseignerait dans la même école mon mari et moi et nos enfants seraient de bons élèves. Vous voyez combien on peut être déçu et malmené parfois...Moi qui voulais une famille Forestier bien soudée et heureuse ! J'ai dû reprendre mon nom de jeune fille, Maubuisson...

-Que s'est-il passé avec votre second mari ?  

FEMME MARQUEE

-Il a montré soudain soudain son vrai visage et à commençé à me frapper. C'était intolérable. Je suis partie de chez lui. Heureusement, j'ai une certaine force de conviction et j'ai réussi à obtenir de l'aide. C'était un homme qui n'en était pas à ses premières violences et les services sociaux ont bien fait leur travail. Seulement après, je me sentie très mal. Mes deux histoires se réalignaient et je voyais bien que je n'avais rencontré que l'échec. Je suis tombée bien plus malade que la première fois peut-être par ça faisait trop de deuils...

Elle était exténuée mais, il le sentait, aucune des terribles épreuves qu'elle avait traversé ne l'avait brisée totalement...Il faudrait de la patience pour l'attirer ici, près de lui. Dans l'étrange logique qui était la sienne, Louis-Lucas allait vite. Il lui fallut un peu de temps pour séparer le vrai du faux, les solutions bancales des réalisations possibles et en cela, il vit combien les paroles du père Laskill, alias Honey, alias Moe Yohne, lui étaient profitables. Il était peu probable que, dans son état, elle puisse enseigner de nouveau et moins crédible encore qu'elle veuille rester dans le nord. Si une pension lui était allouée et qu'elle avait quelques arrières, elle pourrait vivre ici...

Aussi fou que parut ce projet, il prit corps. A la fin du mois de décembre, Noémie partit dans ce qu'il lui restait de famille à Tours mais bientôt elle revint pour trois semaines et encore une autre fois pour un mois. Il était surprenant de constater qu'arrivant fatiguée, elle se détendait très vite. La maison était pleine de vacanciers ou de stagiaires et tout y était très gai. Moins fragile nerveusement, elle n'était pas à même de s'impliquer encore dans une activité ou une autre mais elle adorait passer d'un groupe à un autre. Tantôt, elle allait voir le travail de ceux qui dessinaient sous la conduite de Satsuko, tantôt elle se glissait dans les cuisines où officiait, à intervalles réguliers le père de la jeune et il lui arrivait aussi d'écouter Louis jouer de la guitare tandis que beaucoup chanter ou encore de parler avec celles qu'Ari venaient de masser...Elle retrouvait une curiosité saine dans une ambiance où rien n'évoquait sa vie d'avant et c'est cela que Louis aimait.

En la côtoyant ainsi, il aurait pu être tenté de lui avouer qui il était mais ce qu'il avait vécu lui-même était si étrange que jamais il ne songeait à transgresser la demande du père Kyrill.

Il laissait les parents de son épouse s'étonner de sa sollicitude à l'égard de cette femme et ses propres parents plaisanter sur sa vocation de bon samaritain et continuait d’œuvrer pour elle. Satsuko, elle-aussi l'avait également prise en affection. Il fut bientôt décidé qu'elle pourrait louer à l'année, si elle le souhaitait, une dépendance qu'ils avaient fait transformer en petit logement. Elle parlait mieux anglais mais il lui faudrait obtenir un statut de résidente. Une fois installée, elle ferait ce qu'elle voudrait. D'elle, à partir du moment où tout ce qui tournait autour de cette maison d'hôtes était bien vu, on ne dirait rien de mal.

Noémie tergiversa puis accepta. D'emblée, son logement lui plut et il s'ingénia à le rendre encore plus confortable. Courant beaucoup pour faire des courses, elle se motivait pour tout ce qui touchait aux chambres d'hôtes et liait des relations. En un mot, elle devenait sociable et curieuse de tout. Elle mit un peu de temps à changer physiquement mais elle se mit à perdre du poids et à s’intéresser à tout. Au bout d'un an dans les lieux et elle était populaire.. . Quand elle voulut adopter un chien, il trouva l'idée très bonne. La fidélité d'un animal et son allant naturel ne sauraient qu'accentuer la guérison de cette âme mise à mal par les coups du destin. Elle se débrouilla seule et trouva dans un refuge une chienne golden retriever qu'elle sut rapidement amadouer. Elle l'appela Cukyl, sobriquet curieux qui ne put qu'intriguer Louis et Satsuko. Quant ce dernier, qui aimait à taquiner sa désormais voisine, chercha à savoir d'où venait ce sobriquet, il obtint une réponse brève : c'était inattendu et drôle d'appeler un chien ainsi. Dans le temps même où il recevait cette explication, il fut sidéré. Cukyl, c'était l'anagramme de Lucky et du reste, il y avait beaucoup de similitudes entre les deux canins qui se montraient également protecteurs, affectueux et toniques. Il n'alla pas jusqu'à vérifier que la chienne pouvait se faire comprendre d'un humain mais il eut la certitude que rien n'était dû au hasard. Il en fut heureux car désormais, Noémie ne dériverait plus puisqu'elle disposait de deux garants  qui tous deux étaient bien plus que de simples créatures terrestres...

 

30 octobre 2020

LUCAS ET KYRILL. Une île, une auberge, une mère retrouvé et de mauvais rêves...

LA FEMINITE

11. Kohana, les rêves et les contes.

Dans l'île de Wight, Louis tient une une belle auberge avec son épouse Satsuko. Il a retrouvé Noémie "sa première mère" mais reste en recherche. De mauvais rêves agitent sa jeune épouse japonaise...

Peu après après que Noémie ait élu domicile dans le périmètre de leur propriété, Satsuko fit des rêves si étranges qu'il lui était souvent difficile de ne pas en sentir les effets négatifs plusieurs jours de suite. Il lui arriva par exemple de rêver de masques. Ceux-ci étaient grands et souvent très couvrants, ne laissant de l'espace que pour les yeux, les narines et la bouche. Elle se promenait dans une foule où tout le monde était masqué et ne s'en inquiétait pas d'abord, pensant que tous se rendaient à un bal masqué. Peu à peu, elle se rendait compte qu'elle faisait erreur. Dans une fête de ce type, on attendait beaucoup de créativité, il était donc impossible d'y arriver avec un masque semblable à celui de tous les autres or tous étaient identiques. Que faisaient donc ces gens ? Ils erraient et contrairement à ce qu'elle avait cru, ils n'avaient pas pour but d'aller à une fête commune mais de se différencier les uns des autres. En effet, certains avaient autorité à porter un masque et quand ils l'enlèveraient, ils se montreraient tels qu'en eux-mêmes, à savoir des gens comme vous et moi qui avaient juste envie de devenir anonymes avant de retrouver leur vie sage. D'autres au contraire, créeraient le malaise quand ils montreraient leur visage car ils apparaîtraient pour ce qu'ils étaient : des menteurs. Contrairement aux premiers dont la vie était lisse et qui n'avaient rien à cacher, ceux-là avaient des existences tortueuses dont ils s'étaient bien gardé de révéler les zones d'ombre. Pendant que Satsuko errait, un petit groupe de masques la somma de retirer le sien. Elle le fit et fut bien accueillie car il n'y avait aucune malice en elle. A son tour, elle se joignit à un autre groupe et celui-ci arrêta un homme d'apparence juvénile pour lui faire la même demande. Au moment où celui-ci mit les mains sur son masque, pour le retirer, elle se sentit pleine d'appréhension. L'homme avait trop tergiversé pour ne rien avoir à craindre et s'il cédait, c'était sous la pression. Elle était donc face à un de ces menteurs dont on lui avait dit tant de mal et cela aurait suffi à expliquer son indignation si une grande angoisse ne s'était emparée d'elle. Elle devinait en effet que cet homme encore masqué allait révéler quelques turpitudes mais comprenait dans le même temps qu'elle le connaissait. Elle en éprouvait de la peur, craignant que cet être maléfique qui s'était caché d'elle quand ils se côtoyaient ne l'implique d'une manière ou d'une autre dans ses mensonges. Son cœur battait à tout rompre alors que l'homme ôtait son masque et qu'avec stupéfaction elle reconnaissait son mari ! Dans la même atmosphère irréelle qui était celle de son rêve depuis le début, Satsuko participa au questionnement sauvage qui frappa celui qui venait de se découvrir comme maléfique. L'homme semblait aux abois. Il confessait avoir fait beaucoup de tort à ses parents il y a bien longtemps alors qu'il avait toujours affirmé avoir eu avec eux d'excellents rapports. De la même façon qu'il leur avait échappé un temps, il avait menti à ceux qu'ils avaient croisés sur sa route et en tout dernier lieu à celle qui l'avait épousée. C'était ainsi, il ne le niait plus. Se posant comme un apôtre du bien, il était doté d'une nature double et cruelle et au fond, il aimait mentir. S'il avait pu donner le change, c'est qu'il était un illusionniste ! Ses turpitudes étaient multiples.

REVE ET MASQUE

Ayant menti à ses parents et à ses proches des années durant, il avait manipulé ses amis et petites amies et se faisait fort de manœuvrer sa femme. Un jour, il disparaîtrait, leur ayant volé tout ce qu'ils avaient et ayant avant cela détruit toutes leurs illusions...Alors que Satsuko, pétrifiée, entendait le récit des infamies de cet homme qu'elle aimait, elle s'apercevait que ceux qu'elle accompagnait se livrer entre eux à de secrets conciliabules. Comme elle voulait se joindre à eux pour délibérer, elle fut prise de court. En effet les masques s'étaient saisis de couteaux géants et de lances et ils les utilisaient pour s'acharner sur l'homme démasqué, qui, frappé de toutes parts, mouraient sous les coups. Alors que, poussant des hurlements, la jeune femme montrait son désaccord et son désarroi, le cadavre du menteur se transformait en morceaux de papier qui allaient s'envolant et se déplaçaient si vite qu'il était difficile de s'en emparer. La foule de masques y tenaient pourtant car chacun des petits carrés de papier possédait une inscription, toujours la même, écrite à la main d'une belle écriture appliquée

 Ce sont les masques qui sont les menteurs. Qui le retire dit une vérité qu'un autre saura reprendre...

 

Publicité
Publicité
30 octobre 2020

LUCAS ET KYRILL. Le Blanc et le noir. La peur et le bonheur.

le BIEN ET LE REVE

Satsuko finissait elle-aussi par s'emparer d'un de ces petits messages et comme elle le décryptait sans le comprendre, elle réalisait qu'on la regardait bizarrement, comme si elle avait commis une faute...Elle en éprouvait une telle gêne et un sentiment d'oppression si violent qu'avant même de savoir ce qui adviendrait d'elle et de ces masques désormais hostiles, elle s'était réveillée en sursaut.

Toujours très réservée, elle s'était sentie si remuée qu'elle avait fini par en parler à son mari. Celui-ci était resté très neutre. Le rêve avait du vrai dans le sens où elle le voyait un peu trop comme un personnage de conte de fées. Sous ce masque, il était lui-même à savoir un jeune homme déterminé mais faillible. Curieusement Satsuko, qu'animait une certaine naïveté, ne s'était pas contenté de cette réponse. Une discussion avec la mère de Louis avait fini par l'apaiser. Au cours d'un mariage, on voyait apparaître de l'autre bien des aspects inconnus. Il ne fallait pas se voiler la face et pas trop s'illusionner. Tout être avait des mauvais côtés... Le reste, à savoir que son mari mentait et était réduit en pièces, était du domaine du rêve. C'était cette étrangeté qui pouvait inquiéter car elle s'appuyait sur l'émotionnel de la personne. De ce côté-là, il fallait laisser courir. Louis et elle avaient de lourdes responsabilités avec cette maison de vacances. Sans doute était-elle tendue parce qu'il s'occupait moins d'elle et voilà tout...

Déterminée, la jeune fille s'accrocha à cette réponse et accorda peu d'importance aux autres rêves qu'elle fit, alors que la plupart d'entre eux étaient bien plus inquiétants et déconcertants que celui sur lequel elle s'était appuyé pour se confier.

Et puis, elle fit une belle découverte : elle était enceinte. Louis et les autres étant tous ravis, il n'était plus permis de s'inquiéter. Elle chassa donc de son esprit toutes ces mauvaises pensées et pour la première fois depuis qu'elle s'occupait de la propriété, elle se débrouilla pour faire partir plus tôt quelques pensionnaires. Un quinquagénaire américain déplaisant qui se répandait en propos fielleux sur Louis et elle fit les frais de son agacement ainsi que d'autres qui se montraient un peu trop envahissants. Dès qu'ils furent partis, elle retrouva une certaine sérénité. C'était eux, à n'en pas douter, qui, par leur attitude, l'avaient rendu nerveuse. Cette explication, toute rationnelle, n'était sans doute pas suffisante pour justifier la fin de ces rêves étranges mais, ayant soif de calme, elle s'en contenta.

 

30 octobre 2020

LUCAS ET HONEY. Enfant à venir et signes divers.

 

ATTENTE

 

Satsuko, enceinte, est heureuse jusqu'à ce que l'inquiètent d'étranges rêves qui la font douter de son mari, Louis...

Attendre un enfant la plongeait dans une grande plénitude, Louis le sentait et là, était l'important. Elle demeura active aussi longtemps qu'elle put puis, les derniers temps, refusant de rejoindre ses parents à Londres, elle se replia dans les quelques pièces qu'ils se réservaient, au sein de la maison et là, elle dessina. Elle dessinait pour son enfant à venir et sous son crayon naissaient des fées et des insectes magiques aux belles couleurs et aussi des paysages japonais qui fascinaient Louis. Il y voyait des forêts et de ces temples Zen qui doivent exister à divers endroits, Kyoto par exemple et des figures de sages. L'un d'eux était jaune de la tête aux pieds et avec cela enveloppé dans des linges blancs qui le rendait insolite. Etait- il paré comme dans la mort ? Lui avait-il échappé de justesse ? Le jeune homme était perplexe mais son épouse rit de ses craintes.

-C'est un sage des montagnes que j'ai imaginé ainsi. Il est vêtu ainsi car il vit dans le dénuement.

-Et quelle est sa fonction ?

-Il fait en sorte que les enfants, quels qu'ils soient, naissent en bonne santé. Tu croyais autre chose ?

-Eh bien, je lui trouvais l'air un peu sévère mais tu me rassures !

Il ne pouvait pas lui dire qu'ayant été si souvent confronté au bien et au mal, il ne savait qui de Moe Yohne ou de Ah Thor se cachait derrière cette figure mais à priori, dans l'univers de Satsuko, tout était lié à la protection et à la promesse. Ses dessins ne cessant jusqu'à la fin de proclamer le bonheur à travers des paysages d'arbres en fleurs, de poissons argentés bondissants hors des fleuves, d'oiseaux multicolores et de fées, il était clair que la jeune femme avait tourné le dos aux inquiétudes que ses rêves perturbants avaient fait naître en elle.

Au moment de la délivrance, elle partit pour l'hôpital le plus proche. Afin que sa famille et sa belle-famille puissent s'occuper d'elle et du bébé, il n'y avait plus de pensionnaires dans la propriété. Noémie, craignant d'être de trop, voulut partir quelques temps elle-aussi mais Louis insista pour qu'elle reste et rencontra en cela l'appui des siens.

Petite, toute sereine et lisse, Kohana fit son apparition après un accouchement sans histoire. Elle fit aussitôt l'objet d'une grande dévotion. Pour la jeune mère et sa famille japonaise, ce prénom signifiait « petite fleur », ce qui lui conférait une indéniable poésie. Louis, quant à lui, savait que pour les Sioux, il signifiait « rapide ». C'était là une signification plus guerrière si on se référait à leur univers ou encore plus pragmatique. Cette petite devrait être adroite et vive d'esprit tout autant que pragmatique dans des décisions vite prises...N'était-ce pas cela ?

A six mois, du reste, l'enfant ne paraissait pas lui donner tort. Elle était vive d'esprit et curieuse tout en étant sensible à tout ce qui pouvait inspirer un danger : porte claquée, chien trop intrusif, musique intempestive ou lumière brutalement éteinte. Pouvait-on être sereine et aux aguets, tranquille et observatrice ? Oui, si l'on en croyait l'attitude de Kohana, tout portait à le croire.

Louis n'oubliait pas que ses aventures n'étaient pas closes. Elles incluaient désormais cette toute petite fille et il devrait pour elle se tenir sur ses gardes...

Tout le monde l'aimait et Noémie aussi. C'était un bonheur de voir cette femme apaisée et reconstruire bercer cette petite fille et lui chanter des berceuses....

De nouveau le temps filait, paisible, mais quelques événements survinrent. Tout d'abord, deux visiteurs bousculèrent l'ordre des choses, pourtant bien établi. Ensuite, un voyage au Japon se profila.

Deux Italiens passèrent l'un après l'autre dans la villa, un pour faire de la musique, l'autre à l'occasion d'un stage de cuisine. Habitué à sa nouvelle identité, il arrivait de plus en plus souvent à Louis de ne plus songer à Lucas aussi n'identifia pas tout de suite en la personne de Paolo Riversi le Stefano de ses onze ans. A l'époque, l'Italien ne devait pas en avoir plus de vingt-cinq, seulement dix-neuf ans le séparaient de cet adroit jeune homme aux cheveux bouclés de l'homme aux formes rondes et aux cheveux grisonnants qui venait gratter la guitare. Il avait bien changé ! Mangeant à la table commune, déambulant dans le parc, il était difficile de ne pas buter sur lui et à plusieurs reprises, Louis se trouva face à face avec ce Paolo débonnaire et rieur. A chaque échange de regard, il fut sidéré. Il redevenait le petit garçon qui fuyait l'hôpital et s'appuyait sur ce guide débrouillard et apte à le défendre. Rien ne fut dit entre eux sauf des banalités mais un message lui était tout de même envoyé : il était temps que le Lucas qui était au fond de lui se mette en quête de son père...

A peu de temps de là, une certaine Caterina Volante prit une chambre pour quelques jours et cette fois, Louis, s'il n'avait pas encore pris de décision, se trouva acculé à le faire. Cette Caterina était la sienne, celle de l'appartement napolitain, des promenades sur le port, de Pompéi et de la Solfatare. C'était d'autant plus sûr que contrairement à Stefano qui avait usé de travestissement, elle ne s'était même pas donné la peine de changer de nom. De plus, elle avait peu changé et il la retrouva telle qu'en elle-même, toujours mince et active, toujours habillée de jupes aux genoux et de beaux chemisiers aux couleurs franches. A peine marqué par la soixantaine, son visage avait gardé son bel ovale et son expression intelligente et résolue. Comme son prédécesseur, elle ne lui délivra aucun message, apprenant activement la cuisine japonaise et prenant des notes. Comme elle passait beaucoup de temps à découvrir l'île et à faire des photos, il eut davantage de mal à se trouver face à elle mais quand ce fut le cas, elle lui fit montre de la même injonction muette et lui manifesta une empathie plus profonde. Comme son prédécesseur, elle prit aimablement congé pour aller ailleurs en Angleterre après avoir joué son rôle de touriste ébahi.

Restait donc à attendre les bons signaux et, assez vite, ils vinrent.

 

 

30 octobre 2020

LUCAS ET KYRILL. Keiji Arikawa. L'industriel et le rêveur...

authentique-peinture

Satsuko reçut du Japon une invitation d'un oncle qu'elle adorait et qui passait pour l'original de la famille. Homme d'affaires ayant bien réussi dans l'immobilier, Keiji Arikawa qu'elle appelait affectueusement oncle Keiji avait décidé de tourner le dos à tout ce qui l'avait enrichi pour se lancer dans un projets des plus surprenants : celui d'ouvrir un parc à thèmes. Ayant vendu son entreprise, il avait utilisé son capital pour financer de vastes travaux et au nord de Tokyo était né un beau parc aquatique qui engendrait des bénéfices. Ce qui avait ému les Japonais, c'était la façon de faire de ce chef d'entreprise et son humanité. En effet, il existait, au Japon, de petits parcs qui avaient périclité et étaient au bord de la faillite quand ils n'avaient pas déjà fermé. Or, l'oncle Keiji, ayant eu vent de la situation dramatique dans laquelle se retrouvaient cétacés et oiseaux qui auparavant, avaient ravi de nombreux visiteurs, s'était lancé dans une politique d'achats et de transferts afin de sauver ceux-ci. Il avait fait venir de Chiba, ville située à une trentaine de minutes de la capitale dauphins et manchots totalement laissés pour compte et promis à un sort dramatique. Frappée quelques années auparavant par un tsunami d'une grande violence, toute cette zone avait subi d'importants dégâts et perdu son caractère attractif. En conséquence, l'Inobuzaki Marine Park, petite structure qui avait connu son heure de gloire, avait été frappé de plein fouet par la chute du tourisme. A Tokyo, quelle famille japonaise pouvait encore avoir envie de prendre les transports en communs pour passer là une après-midi ensoleillée au milieu de cétacés et d'oiseaux bienveillants quand tout était à l'abandon? Quel touriste aurait la curiosité de se rendre dans cette zone en pleine reconstruction sachant que la plupart du temps les étrangers ne maîtrisaient pas le japonais ? Après s'en être ému aucun média ne couvrait plus l'affaire laissant les pensionnaires du parc tomber dans l'oubli. Seule une association de villageois révoltés s'occupait encore de nourrir et de soigner ceux qui, le plus souvent, étaient plongés dans une grande solitude. C'est pourquoi l'oncle Keiji avait tant plu ! En proposant une solution qui ne les lésait pas aux propriétaires du parc, il avait fait d'une pierre deux coups ! Passer pour un homme d'honneur et assurer à sa propre création une publicité supplémentaire. Les médias avaient apprécié et le public suivi...Tursy notamment était devenue une vedette. Promise à la mort comme l'autre femelle dauphin avec laquelle elle avait longtemps partagé son bassin, voilà qu'elle était redevenue toute pimpante. Un dauphin qui se sent trop seul reste tout le temps à flotter, immobile. Il développe des fissures sèches sur l'aileron et le dos qui sont le signe de son désespoir. Ainsi était-elle depuis que Bee était morte et qu'elle passait des journées entières sans voir personne. Devenue une des reines du parc aquatique, elle évoluait désormais au milieu de nouvelles amies. On vendait même une reproduction d'elle en peluche !

Suivant l'affaire de près, Satsuko était d'autant plus émerveillée que cet homme extraordinaire souhaitait la voir. Il était temps qu'elle vienne en famille constater à quel point dans ce parc tout était réussi !

 

CHIBA DAUPHINS

Louis trouva l'idée magnifique et fut impressionné par la générosité de l'homme d'affaire qui leur envoya sans sourciller trois allers et retours en première. La jeune femme, elle, fut plus nuancée. Enfant, alors qu'elle vivait encore à Tokyo, elle avait noué une belle relation avec cet oncle sans enfant car marié à une femme stérile et à plusieurs reprises ensuite, ils s'étaient vus à Londres en famille. Il était donc logique que, gardant un lien fort avec elle, il la fasse venir d'autant que sa vie solitaire ne l'empêchait pas de défendre des valeurs familiales très prisées au Japon. Il veillait notamment sur une sœur plus jeune et malade, hospitalisée dans la capitale...

Comme toujours, Louis fut surpris par la capacité qu'avait son épouse à voir tout en rose. Ils iraient au Japon et l'oncle serait un guide magnifique ! Kohana l'émerveillerait et qui sait s'il n'aurait pas le projet d'en faire son héritière ? Tout dans ce voyage se déroulerait sous les meilleures auspices. Lumineuse et joyeuse Satsuko ! Qu'elle dessinât pour les enfants n'était pas surprenant ! Elle n'était pas assez inculte pour ignorer que dans tout conte il existait des monstres mais les siens n'étaient jamais effrayants bien longtemps. Fées ailés, lutins facétieux et créatures par elle créées s'en tiraient toujours bien dans les histoires qu'elle illustrait. Au sortir de l'illusion, il y avait la vie mais là encore, elle ne faiblissait jamais. Loin de lui déplaire, cette confiance qu'elle manifestait dans la vie et dans les siens, l'émouvait car elle ne la rendait pas mièvre mais lui donnait une solidité dont il ne se sentait pas lui-même aussi bien pourvue. Comme souvent d'ailleurs, il se laissa gagner par l'enthousiasme de son épouse et finit lui-aussi par se dire que ce séjour ne présenterait que de l'agrément. Lucas sommeillant en lui, il le sentit cependant ouvrir une paupière puis une autre sans vraiment s'éveiller. L'alerte, bien que diffuse, était claire. Au Japon, il devrait être très attentif...

 

25 octobre 2020

LUCAS ET KYRILL. Le Japon, un horizon lointain...

CARTIER JAPON

12. En voyage à Tokyo.

Le voyage fut long mais agréable. L'enfant était tout sourire et quand elle dormait, ils la regardaient tous deux avec amour. Homme du monde, l'oncle vint les chercher à l'aéroport Haneda dans une voiture avec chauffeur. Plusieurs jours étaient prévus à Tokyo afin que le jeune couple puisse se promener et une jeune femme s'occuperait du bébé qui, d'emblée, lui tira force compliments et louanges. Il est vrai qu'âgée d'un an et demi, Kohana était irrésistible...

Au long des quarante Kilomètres qui séparait l'aéroport du quartier chic de Hiroo, Louis eut tout loisir d'observer cet homme soigné, à l'impeccable costume gris et aux cheveux poivre et sel coupés court. Il avait avec Satsuko et ses parents une ressemblance assez forte tant physique que psychologique mais, plus incisif et calculateur, il avait bien cette stature de chef qui faisait de lui le héros de la famille. A côté de lui, les parents de la jeune femme, pourtant avisés, étaient des commerçants à la petite semaine. Par delà ces lieux communs, Louis sentit que derrière le financier et l'homme d'affaires de haut vol, se cachait un être plus complexe aux fortes exigences spirituelles. Il serait difficile de voir paraître cet autre visage mais c'est bien à celui-ci qu'il devrait s'accrocher...

Pour l'heure, ils roulaient le quartier des ambassades et l'oncle fit aimablement remarquer à ce jeune Français déjà si intéressé par le Japon que la France avait sa représentation dans cette zone. Plus loin, existait aussi un centre culturel dont la mission était de présenter à Tokyo le rayonnement français sous forme de conférences, d'expositions mais aussi de rencontres avec des cinéastes ou des écrivains.

 

dessin-extrait-de-l-excellent-livre-tokyo-sanpo-de-florent-3189429

Tandis que Satsuko babillait avec sa petite fille, Louis écoutait l'oncle avec déférence tout en admirant la beauté du quartier dans lequel il les conduisait. En effet, celui-ci disposait de belles routes et de jardins privés permettant aux privilégiés qui pouvaient y résider d'y mener une vie des plus protégées. Contrairement aux zones moins huppées de Tokyo, il n'y avait ici ni gratte-ciels ni centres commerciaux aux affiches agressives. Tout y était feutré et élégant et l'immeuble dans lequel il les fit pénétrer ne déparait pas l'ensemble tout enveloppé qu'il était dans un bel écrin de verdure. Au Japon,c'était le printemps et l'invitation de l'oncle ne tombait pas au hasard. Comment ne pas vouloir offrir à cette toute petite fille et à ses parents le spectacle des arbres fruitiers en fleurs et celui de multiples fleurs épanouies ? C'était là un cadeau sans prix !

Louis fut stupéfait que dans ce bel appartement mêlant modernité et traditions, tout fut si huilé. L'oncle avait une domesticité discrète et stylée qui rendait la vie facile. Durant les quelques jours qu'ils passèrent là, il n'y eut aucune anicroche.

 

25 octobre 2020

LUCAS ET KYRILL. Louis et Satsuko à Tokyo.

PROMENADE TOKYO

En vacances à Tokyo chez l'oncle de son épouse, Louis se laisse éblouir par l'énorme ville non sans poursuivre un but secret : retrouver un père dont il a été séparé enfant dans de mystérieuses circonstances

Toute la journée, tandis que Kohana restait en compagnie d'une jolie Japonaise, Louis et Satsuko parcouraient Tokyo, la jeune femme jouant les guides. Quartiers commerçants et des affaires, sites religieux et centres du pouvoir politique, édifices religieux et beaux parcs, elle essayait de ne rien oublier. Le Palais impérial et le temple Asakusa Kannon lui plurent beaucoup ainsi que le quartier électronique d'Akihabara où il vit bon nombre d'amateurs d'animation et de manghas et celui de Roppongi avec ses centres d'affaires et ses magasins de luxe. Bon prince, alors qu'il avait une prédilection pour tout ce qui était culturel et historique, il suivit Satsuko dans de nombreuses boutiques alors que, généreuse, elle suivait avec lui des visites guidées avant d'aller s'asseoir dans un parc. Le quatrième jour, ils tombèrent d'accord pour le musée Ghibli qui célébrait l’œuvre du cinéaste Hayao Miyazaki et ils prirent tout leur temps pour y déambuler et y faire des achats. Après cette accumulation de visites, faites à un rythme soutenu, et de déjeuners pris ça et là, tant dans des endroits chics que populaires, ils aspiraient à l'enfance et furent heureux dans cet univers à la fois poétique et nostalgique qui s'ancrait très fortement dans les traditions du pays. Le soir, ils retrouvaient Kohana et l'oncle avec lequel ils dînaient. C'étaient des moments heureux. Toutefois, Louis sentait Lucas s'agiter en lui chaque jour plus violemment. Chaque visite, chaque arrêt dans un bar ou un restaurant était pour lui le moyen de chercher des indices. Il devait bien y avoir quelqu'un ou quelque chose pour l'informer de la suite des événements et au bout d'un moment, il y aurait une silhouette dans la foule. En la suivant, il aurait sa réponse...

Tout n'était pas aussi simple malheureusement et au bout de cinq jours, il était toujours bredouille. Restait son émerveillement face à une ville gigantesque si conforme par certains aspects aux standards américains et en même temps si profondément différente et exotique.

-Il me faut rester et continuer quitte à aller seul dans des zones qui n'attirent pas les touristes ! L'oncle de Satsuko veut que nous allions avec lui dans ce parc qu'il a crée et que nous y restions mais qu'y ferais-je ? Non, je dois trouver le moyen de rester à Tokyo !

Contourner la volonté d'un homme puissant est toujours difficile mais sans s'être concerté avec elle, Louis put compter sur l'appui de son épouse. Elle-aussi voulait rester un peu plus longtemps dans cette ville qu'elle avait quittée il y a bien longtemps et pas revue depuis des années. Elle usa d'une argumentation si adroite que l'oncle d'abord surpris accepta. Sa nièce le subjuguait par sa spontanéité et sa bonté sans artifice. Pourquoi la contrarier ? En vieux sage qu'il était, il n'aurait su lui dire une vérité qu'elle n'était pas prête à entendre. Dans ce parc à thèmes pourtant clinquant, il était vraiment lui-même dans une identité qui allait bien au-delà de son image publique. Il songeait même à s'y faire construire une résidence discrète quoi que pleine de commodités. Ayant d'abord pensé qu'il attendrait encore plusieurs années avant de le faire, il était maintenant déterminé à vendre son luxueux appartement de Tokyo pour se retirer dans la partie du parc la plus verte et la plus sereine. Quoi de mieux que le voisinage des dauphins, ces mammifères dont aucune culture n'avait oublié de vanter les mérites ! Naturellement, il gardait cette décision secrète.

Il fut donc décidé de rester sur place et le jeune couple recommença ses errances. La barrière de la langue jouant son rôle, il devint évident que certaines sorties n'étaient réservées qu'à Satsuko, le théâtre ou le cinéma par exemple mais pour Louis, certains quartiers de la capitale offrant un spectacle très dépaysant, il n'y avait pas d'obstacles. Loin de le laisser seul, l'oncle l'avait doté d'une voiture avec chauffeur. Impossible de se perdre puisqu'il suffisait d'appeler au bon moment pour être récupéré dans un lieu ou un autre ! Il put donc déambuler seul pour revoir des lieux aimés ou en découvrir d'autres, qui n'étaient pas parmi les plus touristiques.

 

samedi TOKYO

Ainsi se retrouva-t'il par une belle après midi ensoleillée sur le toit-terrasse du grand magasin Seibu, près de la gare d'Ikebukuro. C'était là un rendez-vous familial et bon enfant que les Japonais affectionnaient. Loin de la circulation bouillonnante et des milliers de piétons qui envahissaient chaque jour le quartier, on pouvait y pique-niquer ou un prendre un verre. De nombreuses échoppes y proposaient des plats sur le pouce, des cocktails ou de la bière pression. Lieu parfait pour une pause, la terrasse rassemblait aussi bien des employés travaillant dans les entreprises du quartier et des amateurs de shopping qui venaient d'écumer les boutiques. Louis fut enthousiasmé à plus d'un titre. Puisqu'il avait peu de touristes, alors qu'à l'habitude, il en croisait beaucoup, l'ambiance était très particulière et pour lui un peu déroutante. Il se sentait vraiment différent mais ne boudait pas son plaisir d'autant qu'une réplique très réduite du jardin de Giverny complétait le tableau en lui donnant une touche de fantaisie insolite. Il déambula un moment avant de s’asseoir une tasse de thé à la main quand il se sentit observé. Il mit un peu de temps à repérer un petit vieil homme vêtu de noir qui le regardait en souriant et hochant la tête et fut en alerte. N'était-il pas habitué à recevoir des signaux sous les formes les plus étranges. S'approchant de l'homme, il le salua avec politesse et s'assit, à se demande, à ses côtés. Il l'entendit murmurer et comprit au bout d'un moment que ce qu'il prenait pour une suite de mots incohérents était très probablement la récitation d'un texte sacré. Il resta donc là, immobile, laissant son étrange voisin regarder droit devant lui et psalmodier. Comme si souvent, il savait le moment d'importance et resta coi. Ce fut le vieil homme qui, tournant brusquement le visage vers lui, le regarda fixement. Louis rencontra son regard et le trouva empreint d'une paix profonde. Il n'eut pas le temps de s'interroger car l'espace d'un instant, les traits du vieux Japonais se modifièrent. Ce n'était pas un homme âgé vêtu simplement qui lui faisait face mais le père Kirill dont il avait gardé un souvenir très fort depuis son expédition aux Météores. Il retrouva donc avec une indicible émotion le visage noble du pope qui, dans les jardins du monastère Aghia Triada, lui avait apporté paix et espoir et il entendit très distinctement ces paroles.

-Ce n'est pas ici, pas à Tokyo. Pars avec l'oncle. C'est là.

 

Publicité
Publicité
1 2 > >>
LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
Publicité
Archives
Publicité