Battles. Partie 4. Un étonnant accueil au château d'Estralla.
-Il y a quelqu'un ?
-Oui !
-Je ne vois personne.
-Tu t'es décidé ! Tu es venu ! Je me lave. Viens.
C'était une jeune voix masculine, pleine d'enthousiasme. Paul profita de ce que la porte de la salle de bain était ouverte pour s'avancer. Il resta suffoqué devant ce qu'il vit. Un jeune homme nu, qui sortait de son bain, lui tournait le dos et s'essuyait les cheveux avec un beau drap de bain blanc et or.
-Tu m'as fait attendre mais tu as vaincu ta peur, c'est bien !
A qui croyait-il parler ? Pas à Paul en tout cas, qui se retint de répondre.
-Alors ? Tu ne dis rien.
Paul resta silencieux. Comme attendu, le jeune homme se retourna et resta stupéfait, ce qui le fit se couvrir maladroitement.
-Vous n'êtes pas Archad !
Paul ne put s'empêcher de sourire.
-Non, en effet.
Il ne put en dire plus car il était saisi. Le jeune homme était aussi blond que l'Instructeur et il avait les yeux du même bleu mais il était sa contrepartie humaine et triste.
-Vous êtes qui ? Pourquoi êtes-vous entré ?
-Paul. Paul Kavan.
-Quoi ! Paul Kavan ! Ah non, ce n'est pas vrai ! Elle va me tuer.
De nouveau, Paul sourit. Le jeune homme s'était de nouveau retranché dans la salle de bain d'où il ressortit en trombe, habillé à la va-vite.
-Donc vous êtes...Mais...
-Je ne devrais pas être là, c'est ce que vous sous-entendez ? En effet, oui. Je ne sais pas où est madame Egorff car je ne l'ai pas trouvée au point de rendez-vous. On m'a installé à l'étage et je voulais redescendre pour l'attendre mais j'ai vu la porte de cet appartement ouverte. Je voulais obtenir un peu d'aide !
Le jeune homme parut encore plus confus et gêné.
-Oh là la ! Oh là la non !
Il s'assit et enfila des chaussettes et des chaussures. Puis, il lissa ses cheveux en arrière.
-Vous deviez arriver plus tard. Un quiproquo : vous êtes là et elle est à la gare ! Ça n'arrange pas mes affaires.
-J'ai compromis une rencontre...Une jolie employée ?
Le jeune homme, qui paraissait ennuyé, redevint espiègle.
-Il y a beaucoup de travaux dans le parc. Archad est maçon !
Cette fois, Paul se mit à rire.
-Ah !
-Je pensais vraiment qu'il viendrait ! Il a dû hésiter. Il est peut-être intimidé ou alors, ça n'est pas sérieux pour lui.
-Je ne sais pas.
-Non, c'est clair, ça ne l'intéresse pas. Alors, c'est vous Paul Kazan !
-Oui.
-Ah ! Elle vous a présenté comme Jupiter ! Vous êtes moins imposant, et moins beau qu'un dieu de l'Olympe mais quand même. Vous n'êtes pas mal, pas mal du tout même !
L'inconnu était étonnamment touchant. Paul sourit puis se sentit oppressé. Ce corps fin mais musclé et ferme, cette blondeur, cette allure presque aristocratique et cette tristesse secrète...
-Dites, ça va ?
-Oui...
-Non, vous êtes très pâle ! Je parle trop. Ce que j'ai dit sur votre physique...
-Non, il n'y a pas de mal.
Mais Paul vacillait et le jeune homme dut se précipiter pour l'aider à s’asseoir.
-Eh, dites, vous avez un malaise, là...
Paul se reprit aussi vite qu'il put et tenta de se reprendre.
-Je travaille énormément et ce voyage...
Le jeune homme s'écarta et revint avec un verre d'eau. Comme il se penchait exagérément vers lui, Paul eut un haut le corps.
-Écartez -vous un peu.
-Pardon. Je retire l'allusion que j'ai faite à votre physique. Je suis navré, vraiment.
Il s'était accroupi et regardait Paul. Il n'y avait rien de dur chez ce jeune homme qui le regardait avec sollicitude. Les similitudes physiques avec l'instructeur ne pesaient pas quand on s'apercevait qu'il s'agissait d'un enfant au ton mutin et au regard mélancolique.
-Merci pour le verre d'eau. Alors, vous attendiez ...
-Un beau maçon. Ça correspond à mes goûts.
-Ça ne pourrait correspondre aux miens. Je suis plutôt un homme à femmes.