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LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
20 novembre 2024

Battles. Partie 4. Magda invite Paul à vivre chez elle.

 

-Bien. Et revenant à vos biens ?

-Ma maison me plaisait beaucoup. De belles fresques couraient sur les murs. Des scènes champêtres et d'autres oniriques. L'ennui est qu'on me l'a confisquée. Elle a été attribuée au ministère de l'intérieur qui l'a transformé en terrain d'action pour la police secrète...Si on y réfléchit bien, il y a beaucoup d'humour là dedans, plutôt noir, je le reconnais. Je voulais conserver cette maison mais les agencements qu'on y a faits me glacent. Elle est en vente.

-Où logez-vous ?

-Dans un petit appartement près du centre culturel.

-Vous vous y plaisez ?

-Non, c'est un lieu trop fonctionnel.

-Vous devriez réfléchir à ma proposition, Paul. Je vis au ré de chaussée où j'occupe une vaste demeure. Axel, mon fils, y vient quand il s’échappe de Berlin. Il y a deux étages. Vous pourriez élire domicile dans une partie de cet hôtel particulier sans en être incommodé le moins du monde par la présence des autres. Il est vaste et vous y seriez à votre aise. Bien sûr, je vais y loger ma volière de jeunes talents mais comme je vous l'ai dit, c'est vaste !

-Eh bien, je n'étais guère enthousiaste mais...

-Vous allez accepter...

-Oui, j'accepte.

Il revit encore Magda et découvrit les lieux. Très différent du château d'Estralla, l'hôtel particulier où vivait madame Egorff était une vaste construction à la façade néo-classique mais à l'intérieur art nouveau. Ce mélange surprenant avait de quoi séduire et devant la beauté des lieux, Paul s'inclina : c'était magnifique. Il transféra donc tous ses effets et s'installa. Il avait toujours autant travail mais la beauté des lieux semblait lui faciliter la tâche. Et, il put le constater, on le laissait tranquille...

Puis, arrivèrent les temps où Esmed et les autres jeunes prodiges allaient se montrer et tout évolua. Entièrement refaite et dotée d'une acoustique parfaite, la Salle Gervezy était depuis longtemps prestigieuse. Esmed y joua Brahms, Chopin et Mozart devant un public choisi. De sa prestation dépendait la suite des événements et il s'en souvint suffisamment pour très bien jouer. Les autres montrèrent eux-aussi leurs talents. Se sentant forte, Magda insista :

-Alors, vous êtes bien installé !

-Assurément. Vous m'avez doté d'un ensemble de quatre pièces donnant sur une vaste cour intérieure.  Y travailler est simple et s'y prélasser divin. Il laissa cependant entendre que bien que n'ayant plus le même goût pour les brèves liaisons, il ne se condamnait pas pour autant à l'abstinence. Elle acquiesça. Elle saurait être discrète. En attendant, Paul continua à faire la promotion des quatre jeunes artistes. On les programma beaucoup. Leur port d'attache restait la maison de Magda mais ils étaient amenés à se déplacer. Seul Esmed serait à demeure et Paul, qui n'avait pas voulu lui accorder plus d'importance qu'aux autres des semaines durant, se remit à le côtoyer. Le jeune homme se plaignit.

-J'étais puni ! Je n'ai pas bénéficié de beaucoup d'intérêt.

-Vous étiez quatre. Je n'aime pas les privilèges. Mais ils sont partis et je suis plus disponible. On peut se parler davantage.

Esmed lui lança un long regard sibyllin puis reprit :

-C'est mieux mais je reste puni.

-Pourquoi ?

-Vous faites ce que vous voulez dans ces lieux magnifiques et moi je me contente d'un décor tout agencé !

Paul avait aménagé un grand salon ainsi qu'un bureau bibliothèque où il travaillait, et il disposait de deux chambres dont l'une lui était réservée. L'autre était une chambre d'ami.  La plupart des meubles qui se trouvaient là lui appartenait et toute la décoration portait son empreinte.

-Mais là où vous êtes, Esmed, c'est très joli.

-Non.

-Non ?

Il avait vécu dans une fort belle maison avec sa famille et connaissait le plaisir des meubles rares, des bois précieux et de la soie.

-Rien n'est à vous, j'imagine. Tout a été confisqué.

 

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