Vers cinq heures, Fadi s'éveilla de nouveau. Il n'y avait plus de lumière dans l'immense maison. Logiquement, George dormait toujours et il s'éveillerait bientôt, allumant ça et là. Mais Fadi sut sans savoir pourquoi qu'il ne l'avait pas fait et ne le ferait pas. Il avait du quitter son lit bien avant l'aube, celui que la vie lassait trop et Dieu sait ce qui lui était passé par la tête...

Alarmé, Fadi ne prit même la peine de vérifier son apparence et, tout décoiffé, il se précipita dans la maison et monta les escaliers quatre à quatre.

-Oh George, George ! Tu fais quoi, là ? Ça va ?

Quand le découvrit, il s'arrêta médusé. Il était allongé dans la salle de bain, en pyjama noir, les yeux grands ouverts, une expression sereine dans le regard.Celui qui avait tant joué avec la célébrité et ses avatars avait du sentir que c'était le moment. Il ne paraissait ni avoir lutté ni avoir été surpris. Un moment, Fadi tourna autour de lui puis il se pencha et s’affola.

-Oh, tu as fait quoi, là ? Il n'y pas de sang, tu n'es pas tombé...Merde, merde, George ! Tu t'es allongé et tu as décidé que cette fois, tu nous quittais...

Corps immobile, bleu, terrifiant.

Fadi eut peur.

-Bordel, ne me dis pas que tu as fait une overdose ! Ils ne me le pardonneront pas ! Pourquoi m'avoir fait rester à l'extérieur malgré tout...

Coups de fil, ambulance, transfert, médecin. Insuffisance cardiaque et stéatose hépatique, en somme un cœur fatigué et un foi engorgé...

-George ! Mais qui va leur dire ? Tu ne voulais plus, je sais mon vieux, tu ne voulais plus être là...Mais qui croira ça ? Et moi ! Et moi !

Le médecin, la police.

Mais tu me laisses ainsi ? Tu ne peux pas faire ça ! Ils me suspecteront ! Il est resté mal en point des heures durant et lui, qu'est ce qu'il a fait ! Depuis quand dort-on dans une voiture ! C'est lui qui a fait le coup !

Jamais je n'aurais touché un cheveu de ta tête ! Tu le sais ! Mais eux, ils diront des conneries. Je t'ai menacé ! Je t'ai drogué ! La presse me présente comme un gros porc. Seigneur, ils vont me mettre en garde à vue...Non assistance à personne en danger...Mais je n'étais même pas dans la maison.

Il tremblerait des jours durant avant que ne parviennent les résultats de l'autopsie. Affaiblissement du muscle cardiaque et engorgement du foi. Il n'y était pour rien.Causes du décès naturelles.

Mort.

Fadi, tétanisé, hurlerait dans son cœur. Plus tard, Mélanie ferait de même et Yioda et Kyriakos. Et plus tard encore, les autres. Les larmes, l'impuissance et le chagrin. Les yeux clos. La raideur cadavérique du cadavre et les fleurs qu'il aimait...Et plus tard, les obsèques.