Battles. Partie 2. Echanges difficiles avec Daphné.
Toutefois, elle le questionna :
-Quels sont tes rapports avec cette traductrice ?
-Elle me tournait autour, tu avais raison. Nous ne nous voyons plus, travaillant par mails.
-Ah !
Elle ne parut pas convaincue et il faillit assez sottement tout avouer d'emblée. Mais qu'y avait-il à avouer ? Ce qu'il vivait avec Eva était malsain pour elle comme pour lui mais ce serait rebutant et incompréhensible pour elle ! Et puis, elle avait des parents étranges qui le chargeraient violemment s'il était trop explicite. Leur fille si belle et si sylée avec cet étranger libidineux ! Qu'est ce qu'on pouvait attendre de ces slaves même s'ils étaient éduqués...Paul se sentait l'enjeu de forces violentes, il était manipulé. Écarter Eva suffirait peut-être ? Il ne la vit plus et en effet, Daphne paraissant rassurée, tout sembla aller mieux. Il était actif et bien perçu dans son école de journalisme et toujours bienvenu quand il envoyait un papier à un journal. Et son image publique était intacte. Son soulagement, cependant, fut de brève durée. Son amoureuse anglaise demanda à le voir chez elle. Elle était ulcérée.
-Donc, elle te convient ?
-Mais qui ?
-Qui ? Madame Richardson. Ne nie pas. Tu as une liaison avec elle. Non mais tu l'as vue !
Il ne nia pas, estimant que ce serait maladroit. Daphne, furieuse, le gifla.
-Tu sais comment je l'ai su ? Regarde !
-Qu'est-ce que c'est ?
-Une lettre anonyme !
Paul resta interdit.
-On te l'a envoyée ?
-On l'a glissée sous la porte. Ce doit être elle, cette grosse maligne.
Paul prit la lettre et reconnut le procédé. Enveloppe blanche doublée de rouge. Feuille pliée en quatre. Texte en anglais sorti d'une imprimante. Les détails de sa liaison avec Eva y étaient exposés.
-Ce n'est pas elle. Je ne la vois plus. J'ai rompu il y a quelques semaines. Elle n'aurait pas fait ça.
-Que tu dis !
Daphne s'assit rageuse.
-Moi, je croyais que ton objectif était d'offrir à Pavel Evdon la meilleure traduction possible en langue anglaise d’un de ses plus beaux romans.
-Mais c'est toujours mon projet !
-Et ce que tu as fait avec elle, c'était récréatif ?
Il baissa les yeux. Tout s'envenimait.
-Cette entreprise de traduction était piégée. Je n'avais rien en main et elle non plus. J'ai commis une grave erreur. Une erreur impardonnable. Comme déjà dit, j'ai cessé de la voir.
-Je ne te crois pas.
-Tu devrais car sa famille la cherche. J'ai été contacté par son cousin qui lui avait fourni un logement à Londres. Elle l'a quitté brutalement et il ne sait où la joindre. On la cherche à York aussi. Elle n'y est pas retournée. Et il y a son travail. On devait finir cette traduction chacun de notre côté et s'envoyer nos versions. Je n'ai pas eu la sienne ; elle est sous contrat et ne répond pas à ces courriers professionnels. C'est incompréhensible.
Elle était consternée mais peu attentive. Qu'Eva ait disparu l'indifférait.
-Tu sais ce qui me tue ? C'est que tu prétends défendre les valeurs d'un pays que des porcs ont selon toi saccagé alors que tu adoptes toi-même un comportement plutôt animal...