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LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
18 avril 2024

Battles. Partie 2. Chez les Brixton. Echanges littéraires et amour.

Adela alla fouiller dans une immense bibliothèque qu'il ne cessait d'admirer.

-Tenez, il y a deux recueils de ses poèmes, ici. Vous vous souvenez ? Le Regard ?

Elle le lui lut en anglais. Il le lui récita dans sa langue maternelle.

 

Pour qui a le regard aigu

La solitude est moins totale

Le matin est adroit même si l'aube est blême

N'oublie pas de savoir regarder...

Tu verras l'enfant qui pleure

Et celui qui chante

Et les mouvements de l'air...

 

Quand il eut terminé, elle lui dit :

-Daphné me dit que tout ce qui a trait à l'Ambranie vous touche infiniment. La situation est telle dans votre pays que vous ne risquez pas de pouvoir y retourner avant longtemps. Vous savez, vous devriez remettre au goût du jour certains écrivains oubliés de tous. Traduisez-les et attirez l'attention sur eux !

C'était une proposition intelligente et Paul se sentit inspiré :

-Bien parler anglais, l'écrire, ce n'est pas savoir rendre compte du travail d'un poète ou d'un écrivain...

-Eh bien, travaillez avec un traducteur chevronné, faites une équipe. Ne le supplantez pas au moment de la parution du livre car nous les Anglais nous vous en voudrions, mais faites une préface, une courte biographie...Vous avez le vent en poupe...Vos livres, vos chroniques.

-Horic Hortiz est très élégiaque...Mais oui, ça peut être une bonne façon de mettre l'accent sur ce qui a pu s'écrire dans mon pays.

-Il a écrit de la poésie; ce n'est peut-être pas le meilleur choix. A qui pensez-vous d'autre ?

-Pavel Evdon, Marika Hermer, Walter Domitia...

-Liste non exhaustive ?

-Ah non, c'est sûr...

-Si vous voulez commencer à faire vos recherches ici Paul, cette bibliothèque est à vous. On vous en réservera l'accès...

-Il me manque le vrai traducteur...

-Ah, il n'est pas ici, c'est vrai mais il est impossible que vous ne le trouviez pas sinon à Londres, du moins en Angleterre...

-Il faudra que ce soit un travail précis !

-Ne vous inquiétez pas ! Je vais chercher qui il peut vous conseiller. Et Alistair aussi ! Il descend du Mont Olympe de temps en temps, vous savez ! Je vais moi-même faire mon enquête et Daphné va s'employer aussi. Elle vous admire beaucoup...Ah dites-moi, quel auteur risque de donner le plus de mal ?

-Pavel Evdon, je pense. Ses romans sont très longs et très denses. On ne trouve plus ses livres dans mon pays et il est interdit de prononcer son nom. Kalantica, ce serait bien...Un orphelin qui tombe amoureux de sa cousine puis est ballotté par les événements, la révolution dans son pays...C'est un texte magnifique, d'un lyrisme poignant !

-Si on ne traduit plus les grands auteurs de vote pays...Il me semble que c'est d'importance !

Elle avait raison et il fut radieux qu'elle eût suggéré cela. Il se dit aussi qu'un certain nombre de compositeurs n'étaient plus joués. Dans l'environnement où il se trouvait, il y a moyen de parler en leur faveur...

Daphné fut passionné par ce qu'il lui dit et dès leur retour à Londres, elle promit de se mettre en recherche.

-Bien sûr, il y a cet auteur ambranien mais tu avais bien un autre texte à faire paraître, non ? Tu devrais privilégier ce projet.

-Pas pour le moment. Je veux trouver un bon traducteur. C'est primordial pour mon projet de traduction.

Pour l'heure, elle voulait poursuivre la vie oisive et délicieuse qu'elle menait avec lui au château et dans ses dépendances. Elle adorait guetter la surprise de Paul quand elle le conduisait de pièce en pièce car les meubles les plus beaux et les plus anciens voisinaient avec des œuvres d'art contemporaines. Elle aimait qu'il s'étonne du défilé ininterrompu d'invités, des départs et des arrivées incessants, de la fréquence des spectacles et de leur qualité. Un feu d'artifice, un bal costumé et un repas sur l'eau avaient déjà eu lieu tandis que s'annonçaient un pas de deux dansés par deux jeunes prodiges, un concert de clavecin, un spectacle de mime et un autre d'improvisations théâtrales... Elle le voyait rajeunir, s'habiller avec goût comme il avait su le faire, laisser pousser ses cheveux redevenus bruns. Ses yeux brillaient, il avait retrouvé sa foi en lui-même et avait de nombreux projets...Il l'étreignait avec fougue. Elle adorait qu'il lui fasse l'amour. Elle était grande, c'est vrai mais avait un joli corps, de petits seins hauts qu'il aimait enfermer dans ses mains et une douce toison brune qu'il aimait humer quand, il s'agenouillait devant elle et qu'elle était nue...

Bientôt, ils rentreraient. Son projet de librairie voyait le jour. Elle avait trouvé les locaux et aurait fort à faire quelques mois durant...Quant à Paul, il lui avait bien parlé d'un autre écrit dans la lignée des deux premiers mais il semblait bien plus motivé désormais par ses projets de traduction. Daphné voulait que cet homme brillant lui apparaisse toujours comme un héros. Elle n'imaginait même pas qu'il pût en être autrement.

 

 

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