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LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
18 avril 2024

Battles. Partie 2. Paul et Daphne à Holinghurst.

 

Dans le Kent, à cinquante mille au sud-est de Londres, le manoir d'Holinghurst avait une petite partie médiévale et de nombreux additifs datant des dix-septième et dix-huitième siècle. C'était un petit bijou entouré d'un vaste parc, où on vivait préservé du monde moderne, allant de promenades à cheval en réception et de bains dans des étangs à des soirées concert. Le père de Daphné était Lord Alistair Brixton et sa mère, roturière à la base, était devenue noble par son mariage. Tous deux traversaient leurs vies avec une extrême élégance, qu'elle fût vestimentaire ou verbale et chaque journée répondait à un cérémonial spécifique. Par chance, quand Paul et Daphné arrivèrent, le comte était là. La plupart du temps, il était en France où il aimait à vivre soit sur la Côte d'Azur soit à Monte Carlo. Il y avait beaucoup d'amis anglais et ne s'y ennuyait pas. Content de voir sa fille, il ne s'offusqua pas qu'elle lui qu'elle lui présentât un étranger de plus quinquagénaire et roturier et leur donna à choisir entre une chambre au château et les dépendances. Daphné choisit l'un et l'autre, sachant que Paul serait plus à son aise dans un bâtiment annexe où il pourrait lire et se prélasser à son aise. Adroite, elle respectait son goût pour l'indépendance. Mécontente de son premier roman, qui n'avait pas obtenu selon elle un succès assez grand, elle projetait d'en écrire un autre et cette parenthèse de deux semaines lui fournirait l'énergie nécessaire. Paul, quant à lui, avait décrété cette période bien trop longue mais il avait besoin de répit et adorerait très vite les distractions offertes par le manoir. Elle l'avait escompté et elle comprit très justement qu'elle avait gain de cause.

Son père était un excentrique cultivé. Quand il était au château, il s'occupait de faire venir des troupes de théâtre et des concertistes pour animer les soirées et il s'occupait d'acheter et de vendre des chevaux, certains participant à des concours hippiques. En France ou à Monte Carlo, il traduisait Pindare et Eschyle....Il avait les manières simples d'un grand seigneur.

-Il y a une vingtaine de très beaux chevaux ici ! Nous irons nous promener.

Il y avait très longtemps que Paul n'avait pas fait d'équitation mais Daphné étant une bonne cavalière, il dut se résoudre à réapprendre les bases. Drôle et patiente, elle l'encourageait. Quand Paul eut repris un peu d'assurance, ils empruntèrent les allées forestières du parc.

-Quand es-tu monté sur un cheval pour la première fois ?

-J'avais huit ans. C'était à Marembourg. Je n'étais pas rassuré...

-Tu ne l'es toujours pas !

-Tu crois que c'est le moment de rire de moi ? Cette magnifique bête va s'en rendre compte et ce sera la dernière fois que je monterai un cheval !

-Émeraude est une vraie lady. Elle est idéale pour toi....

-Une vraie lady...

Rire avec Daphné était si facile...

Le soir, on dînait ensemble. Paul parlait peu à lord Brixton et davantage à son épouse, Adela. Celle-ci, alors même que son époux laissait entrevoir son désaccord, trouvait attrayant qu'il fréquentât sa fille. Alistair n'aimait qu’Hector et Achille mais elle, connaissait la littérature ambranienne.

-Je me souviens de Horic Hortiz, un de vos meilleurs poètes.

-Oh, vous l'avez lu !

-En traduction, bien sûr, mais oui, je l'ai lu.

-Il est mort il y a vingt ans. On ne trouve plus ses livres dans mon pays.

-Tout a été traduit ?

-Eh bien, je ne pense pas.

 

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