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LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
6 avril 2024

Battles. Partie 3. Première encontre avec le docteur Shieffield.

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Enfin, le rendez-vous arriva. Paul Shieffied avait la soixantaine. Il était grand, élégant et avait de belles et longues mains soignées. Il exerçait dans un petit établissement où il était malaisé d'être admis. Ses honoraires étaient élevés.

-Monsieur Kavan...

-Bonjour.

-Je suis psychiatre et psychanalyste. Et anthropologue.

-On m'a déjà fourni un psychiatre en Suède...

-Là, vous deviez être très affaibli. Il s'est trouvé là pour vous rassurer. Vous halluciniez. J'ai lu que vous l'aviez très peu vu. Ce sera différent, cette fois car vous êtes à même de parler avec cohérence. Et de toute façon, vous avez pris rendez-vous avec moi donc vous commencez une démarche.

-C'est exact. Après ma fuite, on m'a opéré. Je pensais...

-Monsieur Barne, j’ai eu communication de votre dossier. De plus, j'ai lu vos livres et vos chroniques. J'en sais plus que certains sur votre trajectoire et je suis même en train de lire Kalantika.  Je suggère que nous parlions ensemble de qui vous est arrivé car c'est une étape incontournable.

-Ce qui m'est arrivé en Ambranie est dans mes livres.

-Je parle de qui vous arrive maintenant. Car c'est bien pour cela que vous êtes là.

-Oui, pour une thérapie...

-Oui, mais sous une forme que je qualifierai d'inventive...Vous n'êtes pas un cas conventionnel et je devrai m'adapter...

Paul ne put s'empêcher d'ironiser :

-On a déjà jugé jadis que je n'étais pas conventionnel, et j'ai eu droit à un suivi très méticuleux...

-Où cela ?

-A Étoile, sous une forme plutôt violente...

Sheffield, contrairement à ce qu'il pensait, ne trouva pas sa remarque déplacée et rebondit :

-Je ne compte pas vous proposer la même...Ceci étant dit, monsieur Barne, je vais être clair. Londres où j'exerce une partie de la semaine ne me semble pas à propos pour le moment. Nous nous verrons ici. Je vous accorde que c'est un peu atone mais vous aurez peu de pression. Paul reconnaissait cette façon anglaise de dire les choses de façon détournée...Il hocha la tête. Il comprenait...

Quand eurent lieu les premiers entretiens, Lisbeth était toujours là et le soutenait mais bientôt, il céda aux injonctions du psychiatre qui voulait le loger seul dans une aile tranquille de la clinique.

-Je vous rappelle que mon épouse me fournit une aide précieuse.

-Monsieur Barne, il est important que vous soyez seul. Quant à elle, si elle aime Bath, qu'elle y vienne régulièrement.

-Bien.

Lisbeth prit bien les choses. Avec naturel, elle lui dit :

-Le théâtre Royal ? L'abbaye de Bath ? Les Thermes ? Les boutiques ? J'ai déjà tout vu et j'ai pris les eaux, mangé dans de bons restaurants et vu de beaux spectacles. Ah et j'ai traîné un peu partout avec Jane Austen, Charles Dickens et Thomas Gainsborough. Ils ont aimé cette ville, tu le sais !

-Tu es philosophe. Certains jours, je risque de ne pas être disponible.

-Bah ! Je ferai Ce psychiatre à qui tu trouves probablement l'air un peu fou est ta chance. Tu le sais.

Il quitta l'hôtel pour la clinique reculée. Très vite, on le cantonna dans un bâtiment très paisible. On l'avait comme séparé des autres. Surpris d'abord par cette façon de faire, il en vit les bienfaits.  Au-delà du petit lit, des couleurs neutres des murs et des blancs rideaux qui filtraient la lumière des fenêtres, il y avait la possibilité de faire sien un lieu où, après tout, on lui avait apporté ses affaires. On lui avait rendu son ordinateur et son téléphone. A Lisbeth qui prenait momentanément congé, il dit :

-Tu pourrais passer chez moi ?

-Naturellement. Si on a touché à quoi que ce soit, je te le dirai. Et je te ferai suivre ton courrier.

Travailler avec Shieffield s'avérait passionnant.  Suivant ses dire, celui-ci travaillait la dimension psychologique, mémorielle de l'individu mais aussi la dimension humaine et spirituelle... C'était un analyste passionné qui travaillait dans les normes strictes de la psychiatrie mais les dépassait souvent. Son patient était Paul Kavan Il savait que son histoire était singulière et que les menaces réelles qui pesaient sur sa vie.

-J'ai lu le récit que vous avez fait de votre évasion. Il y a bien des cinéastes anglais qui seraient enthousiastes à l'idée de filmer la scène.

-Malheureusement, je ne me souviens très mal. J'étais convoyé vers Dannick quand les partisans sont entrés en action. La fusillade, les morts de part et d'autre, on m'a dit mais tout est brouillé comme mon séjour avec les partisans.

-Et la Suède ?

-Je recouvrais la mémoire. Je me souviens clairement de mes derniers temps là-bas.

-On vous a déclaré guéri ?

-Mes chirurgiens vous ont sans doute écrit. Physiquement, ils ne pouvaient aller plus loin. Ils pensaient, le dernier du moins, à une empreinte psychique qui pourrait contrarier mes desseins...

-Quels sont vos alliés en Angleterre ?

 

 

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