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LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
22 décembre 2022

Clive, le Vengeur. Partie 2. Van Cortland park : nager et courir...

 

van CORTLAND PARK

 

Lentement mais sûrement, Clive Dorwell avance vers Erik.

Ils se verront régulièrement mais ce sera pour faire du sport. 

Van Cortland Park, je lui ai proposé. C’est un grand parc dans le Bronx. Il y a des tas d’installations sportives et de belles allées pour courir. On était en avril et pour la piscine, c’était encore trop tôt. En hiver, il y avait une patinoire mais là, c’était trop tard,. Personnellement, ça me reposait un parc comme celui-là. Quand Carolyn était petite, Kristin et moi, on l’y avait emmené parce qu’il y avait plein de jeux et des jets d’eaux et puis des plans d’eaux avec des canards. Mais personnellement, je pensais que ce serait les beaux espaces pour courir qui lui plairaient. Sinon, dans le Bronx, il y a un très beau jardin botanique mais là, c’est pour flâner, regarder les fleurs et respirer le bon air. Quant au zoo, je l’adorais et j’y allais au moins deux fois par an. C’était un très bel espace mais on aurait juste regardé les animaux…Bon j’arrête avec cette façon de me présenter comme un semi-débile. Erik serait certainement amusé de déambuler avec moi au milieu des tigres et des ours blancs mais il fallait qu’on y arrive, quand même. Ça, c’était le premier jalon, le second c’est que j’habitais à un endroit de la cent quatre vingtième rue qui n’était pas loin de l’endroit principale et personne ne pouvait savoir. Après tout, il fallait grand-chose pour qu’elle s’envole une belle idée et à fortiori, une belle mission. Et oui, bien parler, je sais quand même. Ah oui, j’allais oublier, le jardin botanique du Bronx est super beau en toute saison ou pour singer Julian B. « absolument divin que la neige tombe ou que l’été soit à son paroxysme, le printemps étant bien sûr la plus belle de toutes les saisons, puisque s’y marient les plus couleurs et les plus belles senteurs. Un vrai rêve : imaginez Claude Debussy et Jean Renoir unis dans un même élan de perfection ! Vous leur seriez redevables d’une pièce de musique unique et d’un merveilleux tableau. Hélas, jamais ce lieu ne les a inspirés. Mais vous, soyez créatifs… » Enfin, pas sûr que je lui dise aussi bien que lui, mais c’est un genre comme ça.

Bon.

Il a dit oui.

Le rendez-vous était simple. Il y avait de quoi se changer et on l’a fait. Après, on a couru tranquillement. Il était devant. Je voyais sa nuque blonde et ça suffisait pour que tout se fasse. Le talent, ça énerve, la distance sociale, aussi. Et la jeunesse et la beauté et cette façon d’être un artiste car il en était un jusqu’au bout des ongles. Et Merde.

Alors, une seconde fois, on a fait un « jogging » et on a bavardé ensuite ; douche, changement de vêtements ou thé (variante eau minérale) et bavardages. Sa beauté était absolument bouleversante. Il ne pouvait l’ignorer pas plus qu’il ne pouvait être inconscient de l’effet qu’il produisait.

Il est resté assez contenu et moi, je n’ai pas fait l’imbécile.

Il y a eu un autre rendez-vous puis un autre. On courrait. On buvait de l’eau en bouteille.

Et encore.

Et encore.

La sixième fois, il s’est mis à parler. Au Danemark, il avait su quand il avait sept ans qu’il serait danseur classique. Dans sa famille, un choix comme ça ne pouvait être pris au sérieux, surtout venant de quelqu’un de si jeune mais sa mère l’avait soutenu. Ça avait été de longue haleine. Il n’avait pas du tout compris, au départ, que tant de sacrifices seraient à faire. Il avait sans cesse travaillé, enlevé les vacances pour faire des stages et remplacé les anciens stages par les nouveaux et après la directrice de l’école de danse dans laquelle il avait été inscrit en premier, il avait découvert combien on pouvait être dur avec lui. Elle, c’était un ange. Ensuite, il avait eu deux répétiteurs : une Finlandaise et un Russe. Jamais le temps de souffler. Copenhague et le Ballet royal, c’était le minimum et il avait intérêt à être étoile à dix-neuf ans ! Il l’avait été. Il devait donc montrer qu’il pouvait embrasser une carrière internationale. Selon lui, ces gens rêvaient trop. Danser sur de grandes scènes, oui, il le pouvait mais il n’y avait plus vraiment de stars de la danse, selon lui. En tout cas, il n’égalerait jamais, en réputation, ceux dont on lui avait rebattu les oreilles : les Nijinsky, Noureyev, Barychnikov et leurs suiveurs, les Français, les Américains, les Italiens… Il y avait, de par le monde, de magnifiques danseurs mais les temps avaient changé. Avec la démultiplication des images, ils n’étaient plus des légendes.  En même temps, il portait avec lui tous les rêves de la danse et ce qu’il voulait, c’était que soient de plus en plus nombreux, ceux qui la mettaient au centre de leurs rêves…C’est pour cette raison qu’il considérait la perfection comme un devoir et se reprenait sans cesse.

 

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