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LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
24 janvier 2024

Battles. Partie 1. Paul en fin de rééducation. Les Maléfices de l'instructeur.

van DONGEN

Paul, qui ne savait plus rien de l'extérieur, ne comprit pas pourquoi son départ était repoussé ni pour quelles raisons il lui était demandé de rester deux mois de plus. Pour le tester sans doute, on lui avait confié des cours d'instruction générale à dispenser à une vingtaine de détenues. Certaines étaient là depuis très longtemps et étaient sujettes à d'importantes pertes de mémoire. Paul travailla avec elles pendant près de deux mois sans avoir la moindre idée de ce qui les attendait. Il était bon pédagogue et bien que ferme, il n'était pas cruel de sorte qu'elles l'aimaient. Elles avaient été dissidentes à ce qu'il avait su ;  en réalité, elles n'avaient souvent été que de simples boites aux lettres ou des campagnardes qui avaient accepté par bonté d'âme et solidarité de cacher des fuyards. Le système judiciaire du Guide Dormann les avait condamnées sans état d'âme à une mort lente et à une déchéance certaine. Mais pour Paul qui les instruisait, rien n'allait de soi.

Il se tournait des films de propagande sur la prison Étoile et ces quelques femmes figureraient dans l'un d'eux.  Le documentaire qui les mettait en scène montrerait qu'on se souciait de leur donner quelque instruction et qu'elles étaient bien traitées. On tourna donc un petit film puis tout le monde se dispersa. Le film tourné apprit qu'elles avaient disparu.

-Où sont-elles, celles que j'enseignais ?

-Ces femmes ignares ?

-Oui, Instructeur. Je pensais qu'elles pourraient être secrétaires ou employées de maison. Elles devaient pouvoir se réinsérer...

-Tu pensais ça ?

-Oui, Instructeur. C'est ce qu'on m'a laissé entendre.

-Pas moi, en tout cas. On t'aura mal informé, Paul.

-Mais alors, on les a renvoyées à leurs tâches répétitives et subalternes ? Elles sont toujours détenues ?

Winger le regarda longuement avant de répondre.

-Oui, c'est cela.

-Un travail un peu meilleur tout de même ?

-Bien sûr, Paul. C'était le but : sinon pourquoi te serais-tu acharné à les rendre un peu moins sottes ?

-Vos raisonnements sont toujours si justes, Instructeur !

-Merci, Paul. Tu sais, dans ce documentaire, le plus important, c'est toi ! C'est ton image qui sera exploitée.

-J'ai fait de mon mieux.

-Et comment !  Un journaliste rebelle qui a ridiculisé le régime pendant plusieurs années et qu'on retrouve si fier de le défendre en instruisant des femmes dévoyées !

-L'instruction est une valeur, Instructeur.

-Voilà qui est certain !

Winger ne lui dit pas que toutes ces femmes avaient été exécutées, non parce ce que c'était là le destin qui les attendait depuis longtemps mais parce que c'était sans importance pour lui.  Il y a un temps pour tout. Par contre, il lui tint des propos aussi solennels que perturbants :

-Ici, à Étoile, un instructeur peut paraître détestable mais l'influence qu'il aura est incontestable. J'aurai été ton instructeur et de cela, sache que tu ne pourras te défaire et ceci, quelle que soit la suite de ta vie...Tu n'es pas nécessairement entré en moi mais je suis entré en toi. On ira bien te dire que c'est remédiable mais crois-moi, je doute que ça le soit.

Il y avait à Étoile deux mille prisonniers dont huit cent étaient des femmes. La prison d'élite regroupait parfois dix détenus, homme et femme, souvent moins. Il ne les avait jamais vus pas plus que leurs instructeurs personnels et il n'avait jamais été question qu'il les voie. Quant aux autres, quelle importance avaient-ils ? Aucune.

Parallèlement, Winger continuait de lui procurer des femmes.

-Des filles simples. De petites putains.

Il s'agissait de filles très jeunes, inexpérimentés et effrayées. Inconscient de leur sort et pressés de se trouver son plaisir, Paul les prenait sans leur parler.

-Ce n'est pas du premier choix mais ma demande n'est pas acceptée pour le moment. Elles sont basiques, je le reconnais, mais tu jouis bien...

-Oui, Instructeur.

-Et c'est grâce à moi. Bon, continue de monter celles qu'on te propose.

Paul acceptait. Il faisait l'amour mécaniquement. Quand une des filles pleura, il ne fit pas attention à son désarroi. Elle avait honte. Il ne le voyait pas. Il prenait comme tels les propos de Winger.

-Note que je respecte infiniment la femme de notre Guide ainsi que celles de nos dignitaires. Et naturellement, je suis en bons termes ici avec les épouses des officiers et avec celles qui d'importantes fonctions administratives. Je respecte le travail de quelques gardiennes, aussi mais pas toutes, tu le sais. Je ne parle donc pas des femmes en général mais de ces jeunes putes dont tu as besoin. Elles ne sont rien, juste des trous mais c'est ce dont tu as besoin.

-Je suis d'accord, Instructeur.

Tout de même, l'instructeur s'impatientait.

-Ce serait mieux pour toi. Je vais insister.

Et il eut gain de cause.

-Ah ça y est, tu as accès au vivier des cadres. Des putes de haut niveau, celles-là. Nettement mieux que celles dans lesquelles tu t'es vidé. Tu me diras.

-Naturellement, Instructeur.

Sofia était belle et portait de la lingerie fine. Elle était à même de discuter de sujets divers et se comportait en courtisane accomplie. Peu bavard, pressé de s'accoupler, Paul ne parla pas d'abord. Ils couchèrent ensemble puis elle lui parla.

 

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