Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
22 janvier 2024

Battles. Partie 2. Raconter le départ de la prison Etoile.

route MONTAGNE

Paul adressa un sourire reconnaissant au docteur Josephon qui poursuivit.

-Alors, ce départ ?

-Ce devait être en avion mais ils ont changé leurs plans, je ne sais pas pourquoi. Ils ont décidé qu'on ferait ça par la route. On devait parcourir cinq cents kilomètres dans des voitures blindées. Tout est déneigé en cette période mais les routes sont escarpées et dangereuses surtout celles qui avoisinent la prison. Les paysages étaient d'une grande beauté, celle des régions vides de toute activité humaine. Il y a peu d'arbres et très peu d'animaux à ma connaissance. Le ciel est devenu très bleu à un moment et les montagnes ont pris des couleurs merveilleuses. Tant de nuances de gris, de jaune et de rouge...

-Vous étiez conscient, donc...

-Oui, pendant la première partie du voyage. Cependant, je regrette...Je voulais que ce soit en avion...

-Pourquoi ?

-En un an, je n'ai vu qu'une petite partie de la prison. Elle a une forme d'étoile mais encore faut-il pouvoir le vérifier. Du ciel, je m'en serais rendu compte et j'aurais pu voir de mes propres yeux les fortifications qui l'entourent. Là, c'était l'aube et la lumière était encore très grise.

-Combien de personnes étaient avec vous ?

-Quatre dans la première voiture blindée et quatre dans la mienne. J'étais à l'arrière avec mon instructeur. Ils étaient tous armés, sauf moi. Mais vous le savez n'est-ce pas ?

-Non, pas vraiment mais je m'en doute bien. Vous avez bavardé tout en roulant...

-Eux oui, moi, non. J'ai juste échangé brièvement avec mon instructeur quand il s'est adressé à moi.

-Vos libérateurs ont été patients. Aucun d'eux n'est intervenu pendant cette phase car le faire aurait été suicidaire. C'est une région de montagnes dans laquelle il est difficile d'attendre et de s'embusquer. Il s'agit d'un terrain militaire, en fait et l'armée a quadrillé toutes les routes et pistes depuis longtemps. Beaucoup de pièges çà et là...

-Peut-être...

-Mais vous avez fait une étape...

-Oui. Ils m'ont dit que nous nous arrêterions dans une villa qui était plutôt une forteresse aux murs très épais. En termes de kilomètres, ça ne se justifie pas mais ce devait être la procédure... Les gardes sont restés en bas et je suis allé à l'étage avec mon instructeur. Il m'a donné une chambre et en a pris une autre. La fenêtre était murée dans la mienne et il y faisait froid mais il avait ordre de me ramener à Dannick sain et sauf et il s'est soucié de moi...

Monica Josephon fronça les sourcils. Paul parlait de son instructeur avec un mélange de respect et de crainte. Son conditionnement avait été très maîtrisé.

-Qu'a-t'il fait ?

-Oh, il m'a dit de me laver et de me changer et il était resté présent tant que je le faisais. Ensuite, il m'a dit de rester seul et plus tard, nous avons nous avons dîné. Il m'a parlé de Dannick, du plaisir que j'aurais à y être et de la façon dont il guiderait mes pas...Ensuite, il a fallu dormir. Il avait mis des fourrures sur mon lit et je me sentais bien...

-Et le lendemain ?

-Je me souviens du départ. J'ai été surpris car j'ai changé de véhicule. On m'a fait monter dans un véhicule blindé avec l'instructeur, le chauffeur et un soldat. Devant il y avait un autre fourgon blindé avec des soldats. Il restait trois cents kilomètres et ils avaient balisé tout leur itinéraire. Au début, j'ai bavardé avec mon instructeur puis, je ne sais pas pourquoi, je me suis endormi.

-Vous ne savez vraiment pas pourquoi ?

-Si, si bien sûr. Mon instructeur m'a fait boire dans une petite flasque entourée d'un cadre en métal. C'était amer. J'ai fait la grimace et il a ri. Je me souviens de son rire car il m'a rendu heureux. Je me suis promis, puisque nous étions amenés à nous rencontrer régulièrement, de le mettre souvent de bonne humeur pour l'entendre encore, ce rire. Au bout d'un moment, je me suis réveillé en sursaut. Mon instructeur m'a souri mais je l'ai senti surpris. Il m'a de nouveau tendu la flasque et quand je me suis endormi de nouveau, j'avais de bonnes pensées. Je me projetais dans ma vie future et je savais qu'elle serait brillante !

Paul se tut un instant et ferma les yeux.

Publicité
Publicité
Commentaires
LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
Publicité
Archives
Publicité