Fort de son instinct, il se lança donc dans la composition de son nouvel album, Faith. Onze titres dont neuf de lui. Un remix et une chanson coécrite avec David Austin, le David Mortimer des premiers temps, qui avait juste changé de nom. Faith, Father Figure, One more Try et I want your sex allaient attirer l'attention sur ce qu'avait de nouveau à offrir ce George Michael sanglé dans des vêtements qui le rapprochaient des bikers américains, un bijou en forme de croix à l'oreille. Dans Faith, il disait à quelqu'un avec qui il avait une relation amoureuse difficile Avant que cette rivière ne devienne un océan, avant que de nouveau, tu déchires mon cœur, je pense de nouveau à mon idée folle, j'ai besoin de quelqu'un qui me soutienne...Dans Father Figure, il proclamait : Si tu es le désert, je serais la mer, si tu es affamée, affamée de moi, peu importe ce que tu me demandes d'être, je le serais...Dans One More Try, il affirmait : j'en ai eu assez du danger, et parmi les gens qui sont dans la rue, je recherche des anges, essayant de trouver un peu de paix. Je crois qu'il est temps maintenant que tu me dises si tu m'aimes...Et dans le très mal compris I want your sex, il faisait l'éloge de l'amour partagé et de la monogamie.

Plus tard, on écrirait qu’à l'époque, il suffisait d’observer attentivement George pour ne pas être dupe. Les femmes en chaleur se contorsionnaient en vain sur ses chansons. Quand on y regardait de plus près, c'était clair tout de même...Clair pour ceux qui découvrirent avec stupéfaction l'album du beau Grec. Mais est-ce que ça l'était tant que cela ? Même apprêtée comme elle l'était, la silhouette de George n'était pas androgyne. Son visage, qui paraissait comme sculpté, n'offrait pas une ambiguïté assez forte pour qu'on s'interrogeât trop. Il chantait pour les garçons et les filles, les hommes et les femmes, ceux qui étaient nantis et ceux qui ne l'étaient pas. Qui aurait lu avec attention les textes de George aurait vu qu'il jouait sur les codes de la demande amoureuse et de la recherche de l'amour partagé et exclusif. Et bien malin qui y aurait décodé une demande strictement homosexuelle. Bien sûr, il y avait les musiques qui accompagnaient ces textes et surtout, les images ! Soit, le nouveau George Michael chantait peut-être qu'il avait le cœur déchiré et avait besoin qu'on le soutienne et l'aime mais il poussait en chantant de petits cris accrocheurs et se déhanchait d'une manière encore plus suggestive qu'en son temps Elvis avait pu le faire. Quand il dansait dos aux spectateurs, on avait droit à un gros plan sur son postérieur. Il ne pouvait pas ne pas savoir que son t shirt blanc et son jean ajusté ainsi que sa gestuelle renvoyaient de lui une image provocante et très sexuée. Mais c'était l'époque qui voulait ça et la façon dont il avait choisi de se présenter ou plus concrètement de se vendre. Il émouvait et attendrissait dans les gros plans sur son visage dans One More Try mais il dégageait une séduction si forte qu'en effet la femme aimée avait envie de lui donner une autre chance. Ses admiratrices s'identifieraient à elle certes et aussi, ses admirateurs mais il donnait le change adroitement.

Quant à I want your sex, son hymne à la monogamie, il consistait à se montrer torse nue aux côtés de la jolie Kathy Jeung, qui évoluait à ses côtés en corset blanc, culotte haute et talons hauts, sauf quand elle était allongée quasiment nue à ses côtés et qu'il écrivait « monogamie » au feutre sur sa cuisse. Bien sûr, dans le clip, il disait qu'il voulait faire l'amour avec elle alors qu'elle était très hésitante...Était-ce crédible ? On les disait amants. Oui, Kathy était la petite amie de George. Une perruque blonde sur son visage d'asiatique. George, un hétéro chic qui nous lançait à la figure ses chansons splendides ? Certainement. Bien sûr, il ne dédaignait pas la provocation...Quand dans Father Figure, il allai dans un vieux taxi américain, à la rencontre d'un superbe mannequin aux yeux clairs, on lui trouvait des airs de  dominatrice avec son corset de cuir, sa veste noire cintrée et sa badine qui évoquait une cravache. Mais il voulait jouer à être son père pour la rassurer et lui éviter de se faire manipuler. On restait rêveur bien sûr, car la mélodie était splendide.

En fin de compte, le public adhérait totalement à cet univers que leur dévoilait ce nouveau George Michael.

Une voix pareille, un visage pareil, une silhouette pareille...

Alors, les filles, si vous le pouviez, embrasseriez-vous George Michael ?

Oui.

Iriez-vous plus loin ?

Oui !

Serait-ce l'amant idéal ?

Assez de fausses questions.

Oui, bien sûr !