Sévère et Jeanne D. Partie 2. Un désir d'appartenance comblé.
- Tes problèmes ont une solution simple : tu veux la connaître ?
- Oui, bien sûr, Monsieur.
- Je vais t'installer là où tu seras le plus à ma merci. Tu seras mon humble servante, ma soumise. Tu porteras mon collier. Tu seras très contente, tu verras.
- Je ne déménage pas, je ne retourne pas à Annecy.
- La réponse est « oui » ou « non » et elle est immédiate.
Je vis le visage de Jeanne se transformer, passant de la tristesse à une joie presque extatique. Qu'on ne se méprenne pas, cependant : si elle était si heureuse c'est que ma proposition lui paraissait romanesque, en dépit de ce qu'elle avait pu lire ou commencé à vivre. Elle n'était pas du tout consciente de ce que j'étais en train de lui demander. L'eût elle été, d'ailleurs, elle eut reculé car je ne lui prévoyais pas des semaines d'installation faciles. Mais elle était crédule et dans ses rêves.
Elle se redressa pour me répondre et toute sa personne parut plus vivante :
-J'accepte, Monsieur.
-Bien, alors dans ce cas, je vais être concis ! Tu vas libérer l'appartement du Luxembourg plus tôt que prévu et tu t'installeras dans un petit logement dont je vais te donner les coordonnées. Tu feras ceci dès que tu en auras terminé avec ton emploi. Si j'ai bien compris, tu en as encore pour dix jours. Quand tu déménagement, tu n'emporteras que certains effets et me confieras le reste. Tu vivras en suivant des règles précises. Tu recevras des ordres et tu devras t'y conformer. Ton arrivée chez moi dépendra de ces semaines probatoires. Dans le temps où tu seras dans cette période intermédiaire, tu recevras quelques visites et tu devras respecter les ordres que je t'aurais donnés. En théorie, tu es désireuse de m'appartenir. Si tout se passe bien, ce sera le cas. Cependant, n'oublie pas que tu es libre. Tu l'es encore. Ton nom t'appartient. Ta vie t'appartient. Si tu ressens comme pesantes les « activités » que je vais t'imposer, si tu te sens rebelle parce que minimisée ou bafouée, c'est que cette liberté est plus importante que ton désir d'appartenance. Mais si tu veux m'appartenir, sache que c'est sans son retour. Tu n'auras même plus de nom...
- Oui, Monsieur. Je crois que je comprends....
Je lui souris de manière énigmatique.
- Tu crois que tu comprends ?
Elle parut amusée :
- Mais, oui.
- Alors dis- moi comment tu t'appelles...
Elle eut un rire incrédule :
- Jeanne. Jeanne Dais.
Je lui tapotai doucement la joue.
- Profites-en. Profite de ta bonne mémoire...
- Là, je ne vous suis pas...
C'est moi qui cette fois me mit à rire.
-C'est très bien comme ça. Quelquefois, comprendre...