Réclusion. Chapitre 2. A la recherche du délicat tortionnaire.
2. Prisonnière.
Donc, un soir, il y a presque deux ans, Anna Destien arriva chez moi et devint Nuit 26. Plusieurs mois durant, elle fut recluse et l’accepta. Dire qu’elle en fut joyeuse serait mentir. Le reste du temps, elle sortit. Jamais seule. J’étais là, toujours. Nuit, devenue mon esclave, fut livrée à d’autres autant qu’à elle-même. Elle avait au début une parole mais celle-ci se perdit. Elle abandonna, du reste, toute préséance en s’abandonnant elle-même. Je ne crois pas qu’elle en souffrît comme on peut souffrir d’une situation injuste qui rend votre existence précaire. Elle souffrit bien sûr mais m’avait bien avant son arrivée fait comprendre ce qu’elle voulait de moi de sorte que le « délicat tortionnaire » qu’appelaient ses rêves, trouva en ma personne une matérialité.