Ma maman est décédée récemment, et plutôt que de laisser ça me ralentir, j'ai essayé de m'en servir comme source d'inspiration. Elle était incroyablement fière de ce que je fais. Probablement, les parents sont les seules personnes qui aiment une carrière plus que leur enfant ne peut le faire. Il m'est arrivé de douter mais elle me guidait et était réellement impliquée. Oui, elle était incroyablement fière de moi...

Kenny, le consolateur, était là...

-Tu traverses des temps difficiles, George...

-Pourquoi a t'elle disparu ? Je lui ferai un album juste pour elle.

-Très bien, George. Parler d'elle à travers ta musique te fera grandir.

-Tu crois vraiment ce que tu dis ?

-Oui.

Toutefois, la dépression guettant, George ne fit rien, s'interrogeant sans cesse.

-Ma mère m'a expliqué il y a peu qu'elle était allée il y a longtemps chez un médium qui avait étalé devant elle des cartes de tarot. Elle en a retourné certaines et lu mon avenir. Elle y a vu que je serais une star...Mais il y avait autre chose, des événements durs et tristes...Elle n'a pas voulu me les dévoiler. Maintenant, je sais. Si elle n'est plus là, où est le soleil ?

-Tu as une idée des cartes de tarot qu'elle a pu retourner...

-Non et puis, je n'y connais rien.

-Au Tarot, il y a des cartes qui indiquent la réussite et d'autres certains dangers mais tout est question d'interprétation...Et il y a toujours un libre arbitre...

-Comment sais-tu cela ?

-Tu lis ça dans n'importe quel magazine de vulgarisation, ou livre...Ce n'est pas difficile à trouver...

-Donc, tu n'as aucune idée ?

-Tu es fort, créatif, singulier. Elle a du le voir. Je crois que tu peux relier ce que disaient ces cartes, à ta réussite à venir et au contentement de ta mère quand elle en a eu la révélation.

-Mais ça ne peut être tout. Tu as parlé de danger.

-Pour toi, pas pour elle.

-Elle n'avait que cinquante-huit ans, elle n'avait aucune raison de s'en aller si vite sauf si je l'ai blessée, ce que j'ai du faire...

-Tu veux aussi que ces cartes qui te concernent ait à voir avec sa disparition. Moi, je ne pense pas. C'était il y a longtemps. Tu avais déjà de l'ambition. Elle a voulu savoir.

-Je suis dévasté et le serai moins quand nous nous serons parlés...Elle et moi. Eux et moi... Anselmo m'a parlé... Il m'a guidé vers toi. Ma mère aussi va me parler...Il le faudra bien. Elle ne me laissera pas. Elle m'aidera, me guidera...Il faudra que je lui demande pas pardon. Tu n'es pas d'accord. Trop pragmatique...

-George, tu n'es pas responsable de la mort de ta mère !

-Facile à dire.

-Tu n'y es pour rien. Tu dois t'en persuader.

-Si on ne dépasse jamais la souffrance qui vient de la perte d'êtres aimés, les fantômes sont utiles.

-Je ne sais pas.

-Aucun fantôme ?

Kenny se garda de hausser les épaules. Il avait ses propres démons mais les trouvait très concrets.

Avec la mort de Lesley, la fragilité émotionnelle de George était à son comble. Elle l'accompagnerait pendant ses mois de dépression où l'Américain le surprendrait parfois parlant à mi voix à son amour brésilien ou à sa mère. Il n'y avait qu'un ange ! Il y en avait deux maintenant ? Bravement, Kenny fit face. Autour de George, on mourut beaucoup. Ce fut une période difficile. Qu'il ait bien connu ou pas ceux qui quittaient cette vie avait son importance mais le fait est qu'à chaque étape,il en était plus marqué. Pourquoi la mort l'enserrait-elle ainsi ? Mourrait-il rapidement lui-aussi ? Ou serait-il progressivement dévitalisé ? Il semblait bien que ce fut une guerre d'usure : il la perdait.