Dans l'intimité, les comptes se font. On sépare les Bons des Mauvais, le grain de l'ivraie. Kenny est fêté et on compatit à sa détresse très réelle.Beau, blond, posé, affichant une aisance financière évidente, il est parfait, qu'il se penche sidéré sur le cercueil où George a l'air de dormir, qu'il console ses deux sœurs ou qu'il donne une interview dans laquelle il évoque l'incroyable aventure de son amour pour la star. Fadi est diabolisé. On le soupçonne d'y être pour quelque chose. Du reste, cette mort est suspecte. Une autopsie est ordonnée. Les résultats tardent à venir et on conclut à une mort naturelle. Cela ne suffit pas. La star recluse était mélancolique, fatiguée et repliée sur elle-même certes mais non sans projet ! La haine s'accroît. De rejet en rejet, le Libanais devient un paria qui fait tout de travers. Il aurait osé photographier George mort ! Il ne veut pas quitter Highgate dont on met du temps à le déloger et en fin de compte, quand le testament est ouvert, il n'a rien, ce qui en ravit beaucoup. Au moins il aura compris qu'être hypocrite et cupide ne mène à rien. Il n'était qu'un intrigant dès le départ, une sorte de déchet. Désormais, il sait où est sa place.

Anselmo, le grand amour, est bien traité car il fait partie de la légende. Les comptes s'apurent. Les amis fidèles parlent. Andrew Ridgeley évoque les larmes aux yeux sa jeunesse et son amitié pour ce garçon incroyablement brillant dont il est fier d'avoir été l'ami. Adèle, lors d'un hommage à la star, donne de Fast Love une version mélancolique et prenante qui impressionne. Dans un ultime documentaire intitulé Freedom, George finit d'édifier sa légende. Sorti après sa mort, le film insiste sur l'ampleur de sa carrière alors qu'un autre film a tenté de salir l'homme et l'artiste.

Il faut longtemps pour lui donner une sépulture. On finit par lui en attribuer une : une petite tombe proche de celle de sa mère. L'anonymat est requis. L'absence de nom évite le parasitage d'admirateurs sincères mais envahissants.