Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
20 août 2022

George D. Celui qui meurt. Partie 1. Noël inattendu. George et les jeunes gens.

7786520752_les-questions-liees-a-la-mort-de-george-michael-restent-pour-l-instant-sans-reponses

George D., star suicidaire, s'enfuit en FRance et passe un surprenant Noël sur la Côte d'Azur

Une grande star internationale, il avait dès le départ, tout ce qu’il fallait pour en devenir une : la beauté, la jeunesse, créativité, la facilité à aborder des genres musicaux très variés, la virtuosité, le magnétisme et l’audace. Il avait dû penser avec la naïveté liée à sa jeunesse qu’on lui laisserait les coudées libres. Pour sa carrière en solo, Sony avait bien assigné à George des exigences qu’il avait relevées mais son album « Faith » avait fait de lui une star mondiale. Des millions d’album vendus et lui, jeune, beau et conquérant, sur tous les fronts…Il avait très heureux de son succès puis non. Sony ne voulait pas d’un répertoire plus personnel. Il s’était mis en colère et avait attaqué la firme. Personne ne faisait ça. Son procès retentissant devait, selon lui, aboutir à la reconnaissance de ses droits. Il s’était trompé. Il avait perdu. Des années d’impasse avaient suivi mais il avait un talent si invraisemblable, une volonté de chanter si forte qu’il avait surmonté les obstacles…

On en a enchaîné et il dû nous faire entendre l’essentiel de « Faith », « Older » et « Listen without prejudice ». A chaque fois, on applaudissait à tout rompre. Je dois dire que ça ne ressemblait plus du tout à un concert de Noël. On était debout à taper dans les mains et à reprendre les refrains comme il nous l’indiquait. Aucun de nous n’en revenait de son charisme surtout Valeria et Cary, qui, a priori, connaissaient à peine son œuvre. Nous, on était plus au fait.

Je crois qu’on a tous été happés par ce qui lui arrivait parce que ça pouvait arriver à chacun d’entre nous, qu’il brille ou pas. Imagine un jeune pianiste à Londres ou à New York : il a besoin de ses mains. Survient un accident ou une maladie. C’est fini. Prends un chanteur qui loue ses services pour des mariages par exemple. Sa voix se perd. Il se perd aussi. La voix de George était magnifique car elle touchait aux imperfections des faibles, des petits. Elle englobait le peintre qui n’a plus d’inspiration, le danseur dont une cheville a lâché et le musicien que le manque d’inspiration cloue au sol. C’était une voix qui comprenait la faiblesse et incitait au dépassement, sinon à la grandeur. On pouvait peindre, sculpter, chanter, jouer magnifiquement et on pouvait danser. On entrait alors dans un non-renoncement qui nous rendait vivants. Tant qu’il chantait, il nous rendait confiant en nous-mêmes et c’est je crois le message qu’il avait à nous transmettre. D’autres demandes sont venues dont celle d’Erik qui souhaitait « Mother’s Pride ». Il l’a chanté pour lui avant de satisfaire d’autres demandes. Puis cet étonnant concert a pris fin. C’était Noël après tout et nous avions d’autres élans.

On a vite dîné puis on s’est partagé. Plusieurs d’entre nous souhaitaient aller à la messe à Roquebrune, parfois par conviction religieuse et parfois pour respect des traditions. Erik et moi avons embarqué dans une voiture Marjan, l’inattendu Michele et George. Je ne peux dire que c’était une bien belle cérémonie car il y manquait de beaux chants et une foi profonde qui nous aurait fait entrer dans un vrai mystère, mais nous avons été heureux d’être là. Nous ressemblions tous à de petits enfants qui vivent des émotions intenses. Craignant d’être reconnu, George avait modifié son apparence de façon surprenante. Engoncé dans une parka bleu-foncé, une casquette sur la tête, il était doté de lunettes sombres très couvrantes. Il se cachait. La beauté d’Erik semblait plus fine et résolue mais loin de tout. Michele était un santon provençal, un des mages venus d’orient pour vénérer l’Enfant, sans doute et la douce Marjan m’est apparue comme la « Fiancée juive » de Rembrandt, toute prête à de solides épousailles. Au-delà de la femme résolue, je voyais une jeune fille qui voulait rencontrer une profonde alliance. Je ne peux dire rien de plus sinon que nous étions trois sur cinq à entonner d’un cœur joyeux « Les Anges dans nos campagnes ».

Cherchons tous l’heureux village

Qui l’a vu naître sous ses toits

Gloria…

J’étais resté croyant et catholique et Michele aussi, je crois, même si notre morale n’était pas stricte. Erik était également catholique par sa mère française, qu’il adorait. Et George devait bien avoir appartenu, enfant, à une de ses nombreuses églises protestantes qui ont fleuri en Angleterre.

Les anges dans nos campagnes

Ont entonné l’hymne glorieux

Et l’écho de nos montagnes

Redit ce chant mélodieux.

Quand on a eu quitté l’église, il a eu l’air content sans plus mais ensuite, dans la voiture on lui a traduit en anglais ce cantique que nous venions d’entendre. Le premier couplet le fascinait, semblait-il alors qu’il ne s’agissait que d’un air populaire du dix-huitième siècle évoquant de vagues bergers allant adorer. Les anges, voilà ce qui retenait son attention. Comme nous roulions dans la nuit, il m’a posé beaucoup de questions sur eux, avançant avec justesse que le Québec gardait une force tradition catholique. Je l’ai renseigné comme j’ai pu. Il était penché vers moi qui conduisais, Marjan à mes côtés. Dans l’obscurité, aurait-il pris la main d’Erik et l’aurait-il enserré de façon possessive que je n’y aurais rien vu. Et peut-être, d’ailleurs, n’a-t ‘il rien fait. Toujours est-il que nous étions tous en tension, eux deux surtout. J’ai été soulagé quand nous avons rejoint le salon où nous attendait cet exquis dîner de réveillon dont nous rêvions depuis le matin. Tant d’amusements de nouveau ! Tout était succulent des entrées au dessert sans parler de cette extraordinaire dinde aux marrons que nous nous sommes empressés de prendre en photo avant de la déguster !

Les cadeaux seraient pour le lendemain. Ils étaient au pied du sapin.

J’ai dormi sans mon amoureuse alors que Nicholas et Jonathan avaient les leurs. Valeria a convié Michele dans sa chambre et je ne sais ce qu’il en a été des autres. Marjan, toujours pragmatique, a dû s’endormir tout de suite, histoire d’oublier son homme marié récalcitrant. Restaient les deux hommes. Je ne sais à quoi a pu penser Erik avant de s’endormir ; j’ai escompté qu’il compte les jours qui le séparaient des retrouvailles avec son Américain. George, lui, s’est tourné vers les anges…

Publicité
Publicité
Commentaires
LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
Publicité
Archives
Publicité