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LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
30 octobre 2020

LUCAS ET KYRILL. Keiji Arikawa. L'industriel et le rêveur...

authentique-peinture

Satsuko reçut du Japon une invitation d'un oncle qu'elle adorait et qui passait pour l'original de la famille. Homme d'affaires ayant bien réussi dans l'immobilier, Keiji Arikawa qu'elle appelait affectueusement oncle Keiji avait décidé de tourner le dos à tout ce qui l'avait enrichi pour se lancer dans un projets des plus surprenants : celui d'ouvrir un parc à thèmes. Ayant vendu son entreprise, il avait utilisé son capital pour financer de vastes travaux et au nord de Tokyo était né un beau parc aquatique qui engendrait des bénéfices. Ce qui avait ému les Japonais, c'était la façon de faire de ce chef d'entreprise et son humanité. En effet, il existait, au Japon, de petits parcs qui avaient périclité et étaient au bord de la faillite quand ils n'avaient pas déjà fermé. Or, l'oncle Keiji, ayant eu vent de la situation dramatique dans laquelle se retrouvaient cétacés et oiseaux qui auparavant, avaient ravi de nombreux visiteurs, s'était lancé dans une politique d'achats et de transferts afin de sauver ceux-ci. Il avait fait venir de Chiba, ville située à une trentaine de minutes de la capitale dauphins et manchots totalement laissés pour compte et promis à un sort dramatique. Frappée quelques années auparavant par un tsunami d'une grande violence, toute cette zone avait subi d'importants dégâts et perdu son caractère attractif. En conséquence, l'Inobuzaki Marine Park, petite structure qui avait connu son heure de gloire, avait été frappé de plein fouet par la chute du tourisme. A Tokyo, quelle famille japonaise pouvait encore avoir envie de prendre les transports en communs pour passer là une après-midi ensoleillée au milieu de cétacés et d'oiseaux bienveillants quand tout était à l'abandon? Quel touriste aurait la curiosité de se rendre dans cette zone en pleine reconstruction sachant que la plupart du temps les étrangers ne maîtrisaient pas le japonais ? Après s'en être ému aucun média ne couvrait plus l'affaire laissant les pensionnaires du parc tomber dans l'oubli. Seule une association de villageois révoltés s'occupait encore de nourrir et de soigner ceux qui, le plus souvent, étaient plongés dans une grande solitude. C'est pourquoi l'oncle Keiji avait tant plu ! En proposant une solution qui ne les lésait pas aux propriétaires du parc, il avait fait d'une pierre deux coups ! Passer pour un homme d'honneur et assurer à sa propre création une publicité supplémentaire. Les médias avaient apprécié et le public suivi...Tursy notamment était devenue une vedette. Promise à la mort comme l'autre femelle dauphin avec laquelle elle avait longtemps partagé son bassin, voilà qu'elle était redevenue toute pimpante. Un dauphin qui se sent trop seul reste tout le temps à flotter, immobile. Il développe des fissures sèches sur l'aileron et le dos qui sont le signe de son désespoir. Ainsi était-elle depuis que Bee était morte et qu'elle passait des journées entières sans voir personne. Devenue une des reines du parc aquatique, elle évoluait désormais au milieu de nouvelles amies. On vendait même une reproduction d'elle en peluche !

Suivant l'affaire de près, Satsuko était d'autant plus émerveillée que cet homme extraordinaire souhaitait la voir. Il était temps qu'elle vienne en famille constater à quel point dans ce parc tout était réussi !

 

CHIBA DAUPHINS

Louis trouva l'idée magnifique et fut impressionné par la générosité de l'homme d'affaire qui leur envoya sans sourciller trois allers et retours en première. La jeune femme, elle, fut plus nuancée. Enfant, alors qu'elle vivait encore à Tokyo, elle avait noué une belle relation avec cet oncle sans enfant car marié à une femme stérile et à plusieurs reprises ensuite, ils s'étaient vus à Londres en famille. Il était donc logique que, gardant un lien fort avec elle, il la fasse venir d'autant que sa vie solitaire ne l'empêchait pas de défendre des valeurs familiales très prisées au Japon. Il veillait notamment sur une sœur plus jeune et malade, hospitalisée dans la capitale...

Comme toujours, Louis fut surpris par la capacité qu'avait son épouse à voir tout en rose. Ils iraient au Japon et l'oncle serait un guide magnifique ! Kohana l'émerveillerait et qui sait s'il n'aurait pas le projet d'en faire son héritière ? Tout dans ce voyage se déroulerait sous les meilleures auspices. Lumineuse et joyeuse Satsuko ! Qu'elle dessinât pour les enfants n'était pas surprenant ! Elle n'était pas assez inculte pour ignorer que dans tout conte il existait des monstres mais les siens n'étaient jamais effrayants bien longtemps. Fées ailés, lutins facétieux et créatures par elle créées s'en tiraient toujours bien dans les histoires qu'elle illustrait. Au sortir de l'illusion, il y avait la vie mais là encore, elle ne faiblissait jamais. Loin de lui déplaire, cette confiance qu'elle manifestait dans la vie et dans les siens, l'émouvait car elle ne la rendait pas mièvre mais lui donnait une solidité dont il ne se sentait pas lui-même aussi bien pourvue. Comme souvent d'ailleurs, il se laissa gagner par l'enthousiasme de son épouse et finit lui-aussi par se dire que ce séjour ne présenterait que de l'agrément. Lucas sommeillant en lui, il le sentit cependant ouvrir une paupière puis une autre sans vraiment s'éveiller. L'alerte, bien que diffuse, était claire. Au Japon, il devrait être très attentif...

 

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