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LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.

6 avril 2024

Battles. Partie 3. Première encontre avec le docteur Shieffield.

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Enfin, le rendez-vous arriva. Paul Shieffied avait la soixantaine. Il était grand, élégant et avait de belles et longues mains soignées. Il exerçait dans un petit établissement où il était malaisé d'être admis. Ses honoraires étaient élevés.

-Monsieur Kavan...

-Bonjour.

-Je suis psychiatre et psychanalyste. Et anthropologue.

-On m'a déjà fourni un psychiatre en Suède...

-Là, vous deviez être très affaibli. Il s'est trouvé là pour vous rassurer. Vous halluciniez. J'ai lu que vous l'aviez très peu vu. Ce sera différent, cette fois car vous êtes à même de parler avec cohérence. Et de toute façon, vous avez pris rendez-vous avec moi donc vous commencez une démarche.

-C'est exact. Après ma fuite, on m'a opéré. Je pensais...

-Monsieur Barne, j’ai eu communication de votre dossier. De plus, j'ai lu vos livres et vos chroniques. J'en sais plus que certains sur votre trajectoire et je suis même en train de lire Kalantika.  Je suggère que nous parlions ensemble de qui vous est arrivé car c'est une étape incontournable.

-Ce qui m'est arrivé en Ambranie est dans mes livres.

-Je parle de qui vous arrive maintenant. Car c'est bien pour cela que vous êtes là.

-Oui, pour une thérapie...

-Oui, mais sous une forme que je qualifierai d'inventive...Vous n'êtes pas un cas conventionnel et je devrai m'adapter...

Paul ne put s'empêcher d'ironiser :

-On a déjà jugé jadis que je n'étais pas conventionnel, et j'ai eu droit à un suivi très méticuleux...

-Où cela ?

-A Étoile, sous une forme plutôt violente...

Sheffield, contrairement à ce qu'il pensait, ne trouva pas sa remarque déplacée et rebondit :

-Je ne compte pas vous proposer la même...Ceci étant dit, monsieur Barne, je vais être clair. Londres où j'exerce une partie de la semaine ne me semble pas à propos pour le moment. Nous nous verrons ici. Je vous accorde que c'est un peu atone mais vous aurez peu de pression. Paul reconnaissait cette façon anglaise de dire les choses de façon détournée...Il hocha la tête. Il comprenait...

Quand eurent lieu les premiers entretiens, Lisbeth était toujours là et le soutenait mais bientôt, il céda aux injonctions du psychiatre qui voulait le loger seul dans une aile tranquille de la clinique.

-Je vous rappelle que mon épouse me fournit une aide précieuse.

-Monsieur Barne, il est important que vous soyez seul. Quant à elle, si elle aime Bath, qu'elle y vienne régulièrement.

-Bien.

Lisbeth prit bien les choses. Avec naturel, elle lui dit :

-Le théâtre Royal ? L'abbaye de Bath ? Les Thermes ? Les boutiques ? J'ai déjà tout vu et j'ai pris les eaux, mangé dans de bons restaurants et vu de beaux spectacles. Ah et j'ai traîné un peu partout avec Jane Austen, Charles Dickens et Thomas Gainsborough. Ils ont aimé cette ville, tu le sais !

-Tu es philosophe. Certains jours, je risque de ne pas être disponible.

-Bah ! Je ferai Ce psychiatre à qui tu trouves probablement l'air un peu fou est ta chance. Tu le sais.

Il quitta l'hôtel pour la clinique reculée. Très vite, on le cantonna dans un bâtiment très paisible. On l'avait comme séparé des autres. Surpris d'abord par cette façon de faire, il en vit les bienfaits.  Au-delà du petit lit, des couleurs neutres des murs et des blancs rideaux qui filtraient la lumière des fenêtres, il y avait la possibilité de faire sien un lieu où, après tout, on lui avait apporté ses affaires. On lui avait rendu son ordinateur et son téléphone. A Lisbeth qui prenait momentanément congé, il dit :

-Tu pourrais passer chez moi ?

-Naturellement. Si on a touché à quoi que ce soit, je te le dirai. Et je te ferai suivre ton courrier.

Travailler avec Shieffield s'avérait passionnant.  Suivant ses dire, celui-ci travaillait la dimension psychologique, mémorielle de l'individu mais aussi la dimension humaine et spirituelle... C'était un analyste passionné qui travaillait dans les normes strictes de la psychiatrie mais les dépassait souvent. Son patient était Paul Kavan Il savait que son histoire était singulière et que les menaces réelles qui pesaient sur sa vie.

-J'ai lu le récit que vous avez fait de votre évasion. Il y a bien des cinéastes anglais qui seraient enthousiastes à l'idée de filmer la scène.

-Malheureusement, je ne me souviens très mal. J'étais convoyé vers Dannick quand les partisans sont entrés en action. La fusillade, les morts de part et d'autre, on m'a dit mais tout est brouillé comme mon séjour avec les partisans.

-Et la Suède ?

-Je recouvrais la mémoire. Je me souviens clairement de mes derniers temps là-bas.

-On vous a déclaré guéri ?

-Mes chirurgiens vous ont sans doute écrit. Physiquement, ils ne pouvaient aller plus loin. Ils pensaient, le dernier du moins, à une empreinte psychique qui pourrait contrarier mes desseins...

-Quels sont vos alliés en Angleterre ?

 

 

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6 avril 2024

Battles. Partie 3. Il s'appelle Marius Winger.

 

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-Le plus important à mes yeux est ma femme dont je suis resté séparé pendant des années et dont je devais divorcer. Et j'ai des collègues journalistes qui sont de bons amis. Il y a aussi mon fils qui est en Amérique et qui est régulièrement en contact avec moi. Il me rend visite aussi.

-Vous êtes arrivé ici plein d'espoirs : que vouliez-vous ?

-Dès que je suis arrivé ici j'ai voulu que ma vie serve l'Ambranie. Pas celle qui existe aujourd'hui mais celle que je voudrais voir revivre. Je me suis engagé dans ce que j'ai écrit et j'ai attaqué une dictature. Le fait que j'ai parlé m'a attiré des soutiens mais aussi des inimitiés. J’ai fait beaucoup de rencontres et notamment celle de deux femmes. J'ai eu une liaison charnelle avec l'une et amoureuse avec l'autre. Dans le second cas, j'aurais aimé que notre relation se poursuive mais elle est compromise.

-Deux liaisons donc...

-Oui. Ma femme est arrivée en Angleterre avant moi. Sans être divorcés, nous sommes éloignés l'un de l'autre après des années de séparation forcée. Je ne vivais plus rien d'intime en tant qu'homme, je voulais retrouver cela : l'approche, l'émotion, le désir, l'inclination...

-Et qui avez-vous rencontré d'abord ?

-Une jeune anglaise Daphné. Elle est très séduisante et je me suis attachée à elle. Elle vient d'une famille aristocratique apparemment très artiste. Voyez-vous, je suis tombé sous son charme mais quand il fallut traduire Kalantica, j'ai travaillé avec une traductrice avec qui j'ai eu une liaison soudaine, très charnelle.

-Vous vouliez peut-être vous rassurer.

-Non car j'ai heurté Daphne en ayant une aventure avec cette femme étrange. Ça pouvait être du vaudeville mais hélas, non. Tout était très violent. J'éructais, commandais, possédais...

-Cette traductrice aimait cela ?

-Elle était demandeuse mais c'était une situation forcée, artificielle...

-Et cette jeune anglaise a saisi que vous la délaissiez ?

-En un sens. J'ai cherché à rester le même avec elle mais elle est devenue défiante.  Je l'ai accompagnée chez ses parents, dans le Kent et elle s’y trouve bien.

-Fort bien ! Et ? 

-Je suis inquiété par un personnage qui sort tout droit de mon passé carcéral en Ambranie. C'était mon rééducateur en prison ou tout au moins son sosie.

-Il vous inquiète vous ?

-Il me nargue et atteint les autres. C'est à cause de lui que j'ai heurté Daphne en allant vers cette autre femme qui aime être dominée. Elle est étrange. Elle aussi, je pense, est manipulée.

-Elle vous a fait penser à d'autres femmes ?

-Eva, par sa dépendance, m'a rappelé des jeunes filles qui étaient prisonnières à Étoile. On les contraignait à se prostituer, ce qu'en temps normal, elles n'auraient jamais fait. J'étais conditionné, je les contraignais, je leur faisais du mal en fait.

-Et ce « fantôme » aurait fait en sorte que vous rapprochiez de cette Eva qui, elle-même, était sous influence...

-Oui, je vous l'ai dit.

-Vous avez obéi et l'avez maltraitée...

-Je vois les choses ainsi.

-Et l'autre ? La jeune anglaise qui vous plaisait...

-Il la suit de temps en temps ou plutôt ils la suivent. Et ils l'ont agressée dans le parking privé de son immeuble.

-Ah, ils sont deux !

-L'un ressemble à mon instructeur car il est grand et blond et l'autre non. On dirait un jeune turc. Ils ont la trentaine.

-Anglophones ?

-Ils ont un accent allemand.

-Mais vous, ils vous atteignent ?

-J'ai reçu des menaces sur mes comptes internet, ce qui n'arrivait pas avant. On fait de moi des portraits déplaisants. J'étais un porte flambeau, je deviens un sujet ambigu.

-Mais pas d'agression physique ?

-Non. Des messages privés.

-Sur votre ordinateur ?

-Non, glissés sous ma porte ou laissés à la réception d'un hôtel. Rien de manuscrit.

-Qui les signe ?

-Personne.

-Mais vous savez de qui ils viennent.

-Absolument.

Sheffield se tut et Paul reprit avec élan :

-Faut-il vraiment que je parle ? C'est le discours d'un fou...

Le psychiatre fit un signe de tête négatif. Paul reprit :

-Écoutez :  quand j'étais en Ambranie, c'était clair. J'étais un dissident et la police secrète voulait m'arrêter. Elle y est parvenue et on m'a jugé. On m'a envoyé à Étoile et là, on m'a rééduqué. J'allais devenir une sorte de machine apte à louer les qualités d'un dictateur. J'aurais été l'un des chantres de ce régime. Mais l'instructeur qui m'a décérébré est mort lors de mon transfert à Dannick car des partisans m'ont libéré. Or, sans que je sache comment, il est là de nouveau, il œuvre.

-Cela, je l'ai compris. Mais la vraie question est pourquoi ? Vous le savez ?

-Car justice n'est pas faite. La sienne, du moins. Alors il agit et il m'influence. Il fait surgir le mal en moi. Et pire, il me porte à croire dans certains cas que c'est une marque de fabrique. D'où mon retrait professionnel, éditorial et je le crains bien, amoureux.

-Une chose me surprend et je vais vous dire laquelle. Quand on identifie quelqu'un, on le nomme. Vous ne le faites pas. Dire son nom est difficile ?

-Oui.

-Oui ? Alors, vous ne le ferez pas ?

Paul soupira.

-Je ne peux pas abandonner. J'ai encore un livre à publier. Le plus fondamental sur ce régime de terreur qui détruit mon pays.

Le psychiatre hocha la tête. Il appréciait Paul.

-Quel en est le sujet ?

-Le système carcéral à Étoile. Je l'ai déjà évoqué mais là, c'est un roman. La figure centrale est celle de l'instructeur.

-Bien ! Revenons à notre sujet : comment s'appelait cet instructeur ?

-Je n'aime pas dire son nom.

-Mais vous vous le répétez mentalement...

Paul ne put qu'apprécier la sagacité du psychiatre.

-Bien, d'accord. Il s'appelle Markus Winger.

-Il était jeune, vous dites ? Ou dois-je dire il est jeune ?

-Il a vingt -sept ans.

-Et celui de Londres, quel est son nom ?

-Je ne sais pas. L'autre non plus.

-Vraiment ? Vous ne pouvez nommer ni l'un ni l'autre ?

-Non.

-Mais si par exemple, vous interrogiez votre instructeur-car il l'est toujours à ce que je comprends- il vous donnerait ces noms ?

Paul parut gêné.

-Il me les donnerait.

-Eh bien, posez-lui la question.

-Non, je ne peux pas.

-Pourriez-vous me dire pour quelle raison ?

-Je crains que la situation ne se durcisse encore...

-Alors, vous ne dites rien pour ne pas le froisser.

Paul resta sans répondre. La sagacité de Shieffield le confondait.

 

 

6 avril 2024

Battles. Partie 3. Les enjeux d'un livre.

 

Quelques jours tard il lui dit :

-Docteur, ma femme vient de m'informer qu'on est entré chez moi par effraction. On n'a mis la main sur rien. Rompu au camouflage depuis longtemps, je doute que mes visiteurs puissent trouver grand-chose de compromettant chez moi. Mes livres et mes articles de presse font partie du domaine public et ne sont pas utilisables contre moi. Mes cours et mes chroniques n'ont pas de valeur. Reste cet écrit sur lequel je mise beaucoup, le livre sur l'instructeur, et c'est ce document que mon ou mes cambrioleurs ont cherché en vain sur un de mes ordinateurs ou dans mes tiroirs. Il existe bien un texte, une première version mais depuis longtemps, je l'ai dissimulé dans un bureau qu’on m’a assigné à l'école de journalisme. De toute façon, j'ai remanié le texte et tout est déjà entièrement écrit dans ma tête..

-Et cette fois, vous ne demandez à votre instructeur, puisque c'est bien de lui qu'il s'agit, de vous donner le nom de ses deux acolytes.

-J'ai fait une demande ailleurs. J'ai écrit en Suède. Une association qui m'a aidé.

-Bien.

A l'entretien suivant, il avait reçu les renseignements demandés.

-On m'a écrit de Stockholm. Des photos étaient jointes au courrier. Sur l'une d'elles, mon instructeur posait quelque part à Dannick avec un camarade de formation. Ils étaient amis. Markus a été affecté à Étoile mais l'autre, qui travaillait aussi pour les services secrets, non. Il torturait dans une des geôles secrètes de la capitale. Il est mort lui-aussi mais plus tard. Je n'ai jamais eu de contact avec lui mais j'imagine qu'il est utile...Sur une autre photo, j'ai reconnu le cavalier blond qui m'a effrayé dans le Kent. Son nom est Merskin Gruwa. Son âge est le même. Là il posait seul mais sur un autre cliché, ils étaient deux. L'autre, le brun, je l'ai vu aussi. Il s'appelle Wisam Krugern.

-Gruwa est le sosie de l'instructeur.

-La ressemblance est hallucinante.

-Et Krugern serait celui de ? Ah quel était son nom...

-Armin Mueller. Là, je serais plus nuancé.

-Ah ? Dites-moi pourquoi.

-Merskin Gruwa et Wisam Krugern sont des émanations de l'instructeur. L'autre était un soldat qui a opéré avec lui. C'est un personnage réel.

Sheffield fit silence puis dit :

-La clé est simple, non ? Changez les lettres de place.

Paul trouva immédiatement.

-L'on obtient Markus Winger dans les deux cas.

-C'est bien ce qu'il me semble.

Paul eut un sourire triste.

-Il veut me détruire.

-Ah oui ? J'avais le sentiment qu'il voulait que vous détruisiez vous -aussi, malgré vous...

-Les deux femmes ? C'est assez juste, j'ai été manoeuvré. Mais je vais écrire ce livre...

-Celui qui met en scène l'Instructeur ?

-Oui.

-Et c'est mal ?

-Oui. Jusqu'à maintenant, je lui ai échappé.

-Et donc ?

-Il faut que je le prenne de vitesse. Je sais me servir d'une arme.

-Mais s'ils sont deux ou même trois, vous devrez tous les éliminer.

-Seul Winger compte. Mon Instructeur.

-Paul, il a disparu dans une embuscade.

-Non.

-Il est donc vraiment là.

-Oui et je vais m’opposer à ce qu’il accable ces femmes qui se sont approchées de moi ! Et bien sûr, je vais l’empêcher de me nuire !

-Vous pourrez le faire ?

-Oui ! Sa présence se renforce. Il me faudra agir.

Ainsi, par ses propos, Paul précisait-il son projet ; Shieffield dit néanmoins :

-C'est parler avec lui que vous voulez.

-Comment ça ?

-Vous vous faites juste des signes. Tiens, regarde : j'ai écrit ce livre ! Ah bon ? Eh bien voilà, je frappe cette femme...Je te punis !

-Vous déraisonnez !

-Vraiment ?

 

1 avril 2024

Battles. Partie 3. Paul à Bath. Les ruses de l'Instructeur.

 

A son retour, il y avait une enveloppe blanche doublée de rouge sur sa table. Le message, en ambranien, était plus long qu'à l'accoutumée.

 

Tu ne me hais pas, tu m'aimes car c'est comme

cela que les choses doivent être.

Tu aimes et tu désires ton instructeur.

C'est bien, Paul. Sache que je rends

ton amour. Ne lutte pas.

 

A Shieffield, effondré, il montra cette lettre.

-Elle n'a pas été postée...

-Vous le voyez bien, docteur.

-Quelqu'un l'a bien placé dans votre chambre.

-Certainement.

-Je vais interroger le personnel.

-Vous ne trouverez rien. Personne ne pourra être incriminé car personne n'a rien fait.

-Soit. Ce qu'il dit est vrai ?

Paul se mit à crier :

-Non ! Non !

-Allons Paul, il faut bien aborder le sujet.

-Il m'a appris à l'aimer. C'est le principe de la rééducation.

-Elle implique un lien amoureux, alors ?

-Oui, en un sens.

-Il s'est concrétisé de façon charnelle ?

De nouveau, Paul cria :

-Non !

Et il se cacha le visage. Shieffield marqua un silence puis reprit :

-Si c'est insoutenable pour vous, nous pouvons arrêter.

Cette fois, ce fut Paul qui resta muet un long moment. Puis, il se remit à parler.

-Je n'en sais rien. Quand on me transférait, j'ai fait un rêve horrible où il me possédait à deux reprises. Il  me surprenait la nuit, un peu comme un succube...

-Il vous forçait ? C'était sans plaisir ?

-Je ne pouvais pas résister.

-Pourquoi ?

-Il me subjuguait. Il était très beau.

-Donc ce peut être un cauchemar ou une approche très concrète...

-Je ne sais pas. Pour être franc, cette question me pose problème.

-Et vous éludez.

-Oui.

-Quoi qu'il en soit, il prévoyait une suite à votre relation? 

-Oui, à Dannick. Elle n'aurait pas été officielle mais elle aurait existé.

-La fascination que vous éprouvez pour lui perdure et le désir physique. Je me trompe ? Car il y a bien du désir...

-Il ne faut pas qu'il soit plus fort que mon dégoût.

-Car il a agressé cette jeune femme, Daphne ?

-Oui.

-Et parce qu'il a contraint l'autre femme ?

-Oui et, elle a disparu. Qu'en a t'il fait ? C'est un boucher, un meurtrier. A Étoile, il tuait. J'en ai les preuves.

-Il s'en prendrait à votre femme ?

-Je n'en ai pas le sentiment.

-Et à vos enfants ?

-Ils ont leur vie.

-Il s'attaque à qui a des rapports sexuels avec vous ou est tombé amoureux de vous.

Sheffield resta silencieux, escomptant que Paul lui répondrait, mais celui-ci ne le fit pas.

 

1 avril 2024

Battles. Partie 3. Eva et ses deux tortionnaires.

Privé de toute nouvelle de Daphne, il s'inquiétait pour Eva. A quelques jours de son éclat dans la clinique, elle lui écrivit.

 «J’avais envie d'être dominée et il existe des circuits pour cela. Je me suis mis sur les sites qu'il fallait, ai acheté des tenues et du matériel et lu aussi pour entrer dans un certain état d'esprit. J'ai eu plusieurs maîtres, dont deux très stricts. Ils me privaient beaucoup, m'éduquaient, me dressaient. Je fais partie de ces femmes qui aiment être ligotées, cravachées, prises de force...Ne ne demandez pas pourquoi, ce serait trop long. Avec vous, Paul, j'ai eu un déclic immédiat. Vous me parliez poliment, vous étiez courtois mais je savais que vous sauriez me dominer. Et vous l'avez très bien fait. Vous aurez beau prétendre le contraire, vous savez contraindre une femme. Il suffit de voir comment vous avez traité mes seins, comment vous avez su me fesser et moduler votre voix pour me faire peur ou m'encourager et surtout comment vous m'avez montée ! C'était une belle alliance, je vous assure et il n'est pas si facile d'en réaliser une ! Seulement, vous vous êtes écarté de moi, lâchement d'ailleurs. J'ai dû chercher ailleurs et j'ai trouvé. Brun 28 et Blond 27 de nouveau. Beaux tous les deux et jeunes. Le Brun est un vrai cochon et il domine bien. L'autre ne fait que regarder. Ce sont des Allemands qui travaillent ici mais celui qui est brun doit avoir des origines turques. Moi je préférerais qu'ils s'y mettent tous les deux mais le blond est glaçant. C'est l'autre qui me fait rougir les fesses.

L'embêtant c'est qu'ils me veulent tout le temps avec eux. Je ne fais plus rien d'autre. Je préférerais bien sûr qu'on continue car vous aviez du savoir-faire ; mais Brun 28 a pris votre place. Il me traite de tous les noms ! »

Soucieux de connaître le nom de ses partenaires, il lui répondit et les lui demanda. Elle fut rapide en réponse.

«Merskin Gruwa et Wisam Krugern. Oui, je sais, ils ont quelque chose à voir avec l'agression de ta belle mais la police n'a pas de preuves solides. En tout cas, l'un des deux te connaît et il m'a dit de t'envoyer un cadeau. Il est parti par la poste. »

 

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1 avril 2024

Battles. Partie 3. Paul à Bath. Un présent étrange.

 

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Le cadeau était un phallus doré qu'on ne pouvait utiliser comme objet sexuel car il était de petite taille. Paul le montra à Sheffield.

-C'est elle qui vous rend hommage ou c'est lui ?

-C'est lui.

-C'est assez cru.

-C'est un homme jeune, brutal et direct.

-Un tentateur.

-Je dirais plutôt que c'est un monstre. Ne me dites pas que c'est un modèle.

-Il en a été un.

-Mais plus maintenant.

-Il veut être votre champion.

-Et moi, le sien ?

-Vous le voyez bien. Vous vous souvenez du roman de Henry James « Le Tour d'écrou ? »La gouvernante qui imagine que les deux enfants dont elle a la charge sont envoûtés par des domestiques disparus. Il y a un envoûtement...

-Oui, cela est certain. Mais il y a plus que cela. Il y a une dimension du fascisme qui est bien réelle. En eux. En lui.

-Et maintenant ?

-L'affrontement vient. J'ai déjà pris des cours de tir. C'est un tireur d'élite, lui, mais je ne ressens aucune peur.

Voilà qui changeait Sheffield de ses patients habituels, malheureux de leurs amours, de leur enfance, de leurs divorces et tous strictement anglais...Paul était un aventurier à ses yeux et il ne souvenait pas d'en avoir rencontré un d'aussi haut en couleur. Aussi les semaines suivantes prirent-elles vite une couleur particulière. Il ne pensait plus qu'à un nouvel écrit sur le fascisme et l'éducation des esprits. La maladie et cette mise à l'écart volontaire clarifiaient ses choix. Il se tendait plus que jamais vers son pays. Plus vite il écrirait, plus vite il se confronterait...

Quand il revit Sheffield, il lui dit.

-J'avais pensé à un essai bref sur la rééducation ; je vais modifier mon projet.

-Quel sera t'il ?

-Je vais écrire un roman et mettre face à face le détenu et le rééducateur. C'est le premier qui l'emportera. Je pense à une fresque sur mon pays...

-C'est ambitieux. Qu'en pense votre épouse ?

-Oh, quand elle vient, elle me questionne. Elle trouve mon idée plutôt bonne.

-Sait- elle à quoi ressemble Markus Winger ?

-Oui. Elle a vu une photo.

-Pas moi.

A la séance suivante, Paul la lui montra.

-Il est mort.

-Oui, docteur.

-Et vous êtes face à lui.

-Il m'a rééduqué.

-Mais vous allez continuer d'écrire votre livre. Il le sait, bien sûr.

-Oui.

-Il vous parle.

-Oui.

-Je lui ai demandé où il était. Une feuille pliée en quatre et une enveloppe doublée de rouge. C'est un code entre nous.

-Il a répondu ?

-Oui. Il a dit qu'il était juste là.

-Je peux voir ?

-Naturellement, docteur.

 

1 avril 2024

Battles. Partie 3. Paul. Ecrire à Bath.

3. Mise en retrait à Bath et écriture.

Paul quitte Londres pour Bath où il séjourne dans la clinique du docteur Shieffield. Il espère ainsi pouvoir écrire tranquillement, être soigné et éviter à ses proches d'être persécutés.

Sa vie à Bath allant encore durer de longs mois et Paul trouva assez vite quelle serait l'orientation de son livre. Dans un régime totalitaire qui traque les dissidents, un journaliste franc-tireur est arrêté et envoyé en prison. On le rééduque mais, au moment de son transfert, il s'évade...Jusque-là, c'est mon histoire mais la prison est un microcosme du monde fasciste et elle devient bien plus métaphorique que dans mon premier texte. L'idée est de montrer, à travers la trajectoire du personnage principal, qu'il est impossible de tuer la liberté de penser. On peut tuer l'homme mais pas ce qui le régit. En partant de ce principe, la figure de l'instructeur, qui est posée comme menaçante et omniprésente au début de l'incarcération du héros, trouve ses limites. Il devient un fanatique qui s'autodétruit...

Le médecin hocha la tête.

-Combien de pages ?

-Trois cent cinquante, quatre cent...

-Combien de mois ?

-Quatre à cinq heures d'écriture par jour pendant trois mois. C'est un minimum. Je suis encore en observation ici et dois me soumettre à certaines règles médicales...

-Bien sûr, Paul. Sinon, excessif comme vous l'êtes, vous travailleriez plus que de mesure...

Sheffield souriait. Paul changea de sujet :

-J'ai des nouvelles de l'Ambranie. De bonnes nouvelles. Des rumeurs couraient sur la santé de Dormann mais elles étaient systématiquement contredites. Cette fois, c'est clair, il est foutu. Il a un cancer en phase terminale.

-Ah oui ?

-C'est sérieux. Il ne s'en relèvera pas.

-Il a un dauphin, non ?

-Qui n 'a aucune envergure. L'armée pourrait prendre le pouvoir. Il y aura une junte. Cependant, je n'y crois pas. La démocratie a des chances de revenir. Eduardo Calman pourrait arriver au pouvoir par des moyens légaux. Et je rentrerais au pays. Ma femme aussi.

Le regard de Sheffield devint malicieux.

-Eh bien, vous voyez ! Il y a mieux à vivre que cette rivalité avec un mort.

-Nous sommes rivaux, c'est vrai mais pour moi, il est vivant. C'est illogique mais fondamentalement vrai.

-D'où le livre.

-Oui. Vous savez, j'étais Battles à mon entrée à Étoile et j'allais devenir Vision. Mais rien n'a marché comme prévu.

-Votre héros sait cela ?

-Bien sûr, docteur.

Nader Stanzy commençait par accepter les règles d'un état totalitaire avant de les prendre en haine et d'entrer en résistance. Il avait femme et enfants et, à la quarantaine bien sonnée, il devenait un insoumis. Les enfants ne pouvaient faire l'objet d'un chantage, il fallait les faire partir et quant à la femme, elle devait évoluer en dehors de lui et se cacher, étant devenue dissidente, elle-aussi. Il gardait l'idée des pamphlets puis de la radio clandestine pour son héros et le thème des religieuses isolées qui protégeaient sa femme et l'aidaient à fuir. Chaque jour, il trouvait à étoffer ses personnages et à dresser pour eux un décor qui était au plus près de celui de l'Ambranie. Il faisait vivre Dannick, Dauva, Estrella et Marembourg, les villes qui avaient marqué sa vie, les belles maisons où il avait vécu et les caches. Il se souvenait des clandestins qui l'avaient aidé et soutenu et leur rendait hommage en les mettant dans son roman. Et il montrait comment Nader Stanzy semait la révolte contre l'oppresseur et invitait à se battre pour la liberté ! Il était lyrique et en lui se précisait l'âme d'un poète...Du reste, il se sentait heureux d'écrire cette première partie et comme il poursuivait ses entretiens avec le docteur Sheffield, il lui dit son enthousiasme. Pourtant, celui-ci fut tempéré...

 

 

1 avril 2024

Battles. Partie 3. Eva perdue.

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Il reçut dans une enveloppe brune anonyme les extraits d'un Journal de femme. C'était Eva qui écrivait. Elle se perdait.

 1.

Wisam est assez sauvage mais viril. Il se moque de mon corps et Merskin, aussi ; mais lui, je ne l'aime pas. Il est cruel.

2.

Wisam dit que si j'avais été jeune, il m'aurait prostituée. Je lui aurais rapporté de l'argent, comme ça. Il est sérieux et l'autre rit. Il dit aussi que puisqu'on ne peut pas faire comme ça, c'est moi qui dois payer. Je le fais car je veux faire l'amour avec lui. Pendant ce temps là, l'autre pique des trucs chez moi. Quand je jouis, il m'imite, il fait des couinements.

 3.

Merskin m'a giflée.

Chienne d'ambranienne qui a quitté sa niche. Grosse putain.

Wisam n'a rien dit.

On a fait l'amour ensuite, assez grossièrement. Ce qui me stupéfie, c'est la violence de ma jouissance. Ça me coûte cher car je paie Wisam et donne de l'argent à Merskin. Si je ne le fais pas, il me pince les seins à m'en faire hurler.

Sale truie.

 4.

Grosse somme d'argent donnée à Wisam. Il doit aller en Allemagne. Me propose une partouze avant. Merskin ricane. Plusieurs hommes arrivent et se succèdent. Quand ils partent, il en arrive d'autres. Ils vident les placards, prennent les provisions. Plus tard, je dors. Quand je m’éveille, les deux garçons font l'amour dans la chambre d'amis. Je les entends. Je vais les voir. Ils sont très beaux. Ils ricanent.

-Tu as bien rapporté !

-Pourquoi me volez-vous ?

-Tu n'es pas contente ? Sale suceuse de bites !

Je dois les chasser de chez moi. Ils ne doivent plus rester ici. Je leur dis, ils rient.

Nouvelle partouze dans trois jours.

Distributeur : on y va ? Besoin d'argent. Wisam me l'arrache des mains. Merskin en veut plus.

Le soir, il me prend dans la chambre. Je jouis comme jamais. Il dit que c'est ça qu'il veut de moi, que je donne tout.

L'autre nu et en érection soupire et s'agace. Il veut son compagnon.

 

1 avril 2024

Battles. Partie 3. Le supplice d'Eva.

 

5. Le Mal est à l'œuvre

« Ils ont vidé mon compte.

Je n'ai plus ma voiture.

Demain, je prends le train.

Il faudra que je le fasse sans qu'ils me voient. Ils m'ont pris mes vêtements normaux mais j'en ai caché certains. J'ai mal aux seins et puis, on me force trop.

Merskin dit qu'il va me cracher à la figure et il ajoute : « A chaque fois,tu diras merci. »

Il a un rasoir à l'ancienne qu'il ouvre et referme et il ricane. J'ai peur. »

 Paul faisait face à Shieffield.

-Savez-vous où ils sont ?

-Non,

-Paul, que pouvez-vous faire ?

-Je ne sais pas de quand datent ces feuillets. Je ne peux joindre que son cousin et il est aussi perdu que moi.

-Si vous arrêtez d'écrire, son martyr s'arrête ?

-Oui, je le pense.

-Elle se sacrifié ?

-Elle est sacrifiée, plutôt. Lisbeth cherche qui ils sont.

En effet, quelques jours plus tard, elle lui apprit qu'il existait bien un Merskin Gruwa et un Wisam Krugern, tous deux ingénieurs allemands travaillant en Angleterre. L'un et l'autre étaient inscrits dans un groupuscule fasciste qui prônait la chasse aux juifs, aux gens de couleurs, aux femmes de mauvaise vie et aux homosexuels. A priori, on ne les voyait plus nulle part. On avait parlé d'eux quand Daphne Brixton avait été agressée sexuellement mais l'attention qu'on leur portait était retombée. Toutefois, en cherchant bien, on trouvait des traces d'eux. Ils étaient sportifs et bons joueurs de cartes. Rien n'indiquait qu'ils avaient une relation amoureuse. Aucune mention de leur éventuelle consommation de drogue ou d'une appartenance à un réseau BDSM. Ils étaient possiblement libertins. Les localiser relevait de l'utopie.

-Ils ne sont pas ni à Londres ni à York ni dans le Kent ?

-Non, docteur.

-Impossible de localiser ce trio ?

-A priori, non.

Paul était atteint mais il n'était pas à terre. Daphne n'était pas morte et Eva non plus. Elles auraient pu l'être. Presque frénétique, il s'accrochait à leur survie.

-Elles vont s'en tirer.

Lisbeth était plus mesurée.

-Je l'espère aussi, Paul.

 

 

1 avril 2024

Battles. Partie 3. Le Roman et la vie.

 

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A Shieffield, il ne disait rien, paraissant presque honteux. Fort de lui-même, Paul il poursuivait l'écriture de son roman comme si c'était une course la montre. Il aborda l'arrestation de Nader Stanzy, son procès truqué et son incarcération. Raconter les faits ne lui posait pas de problème mais il voulait leur adjoindre de grands discours sur la démocratie et la privation des droits dans un régime autoritaire et ne trouvait pas l'équilibre entre les passages narratifs, très colorés et enlevés, et les autres, longs et sentencieux. Il se battit longtemps et le docteur Sheffield le sentit tendu et soucieux. Même s'il finit par lui dire qu'il avait trouvé les procédés littéraires adéquats pour donner à cette partie du livre le brio nécessaire, il ne pouvait cacher ses craintes. Son héros allait arriver à Étoile et être confronté à son instructeur...

Il l'avait baptisé Kursa Grewin, qui pouvait passer pour un nom ambranien et qui était construit sur la base des deux premiers.

Pourtant, deux mois après le début de son aventure romanesque, il butait sur un obstacle de taille. Il ne parvenait pas à décrire la brutale et implacable rééducation de son héros...Il allait en arriver au désir éprouvé pour l'instructeur...

Shieffield tentait toutes les stratégies possibles pour sortir son patient de cette impasse. Chaque jour qui passait renforçait le pouvoir de Markus Winger...

-Quel empêchement à écrire ? Vous avez désiré sur commande l'instructeur Winger dont un commando vous a délivré. Il en sera de même pour Nader et Kursa Grewin...

-Il faut que je sache pour Eva. Elle a vraiment disparu.

-C'est là l'obstacle ?

-Oui. Je dois savoir si elle est morte.

-Vous pensiez qu'elle ne l'était pas.

-Non, j'avais bon espoir pour elle. Mais le temps passe. Mon ancienne amie se tient à l'écart. On gère sa librairie pour elle. Mais elle est protégée, ce qui fait toute la différence. Elle voyage avec son père.

Toujours sans nouvelle d'Eva, il écrivit la troisième partie de son livre avec difficultés mais il en vint à bout. Les scènes d'interrogatoire lui étaient pénibles ainsi que la lente transformation physique et psychique qu'induisait la prise de multiples médicaments. Et il y avait les scènes de fouille qu'accompagnait la rééducation sexuelle du personnage principal. Quand il écrivait, Paul regardait les deux photos des deux hommes blonds et il avait sorti de son étui l'objet sexuel remis par Eva. Après une période d'atonie sexuelle, il retrouvait le désir. Mais elle, elle ?

Il se battait toujours avec des pages qui lui semblaient mauvaises mais il dominait désormais son sujet. Nader et Kursa s'affrontaient impitoyablement et l’ambiguïté qui régissait leurs rapports commençait à sourdre des pages...Comme il arrivait au moment où le programme de rééducation est clôt et le détenu allait pouvoir s'insérer dans un rôle créé pour lui, Paul trouva l'information qu'il cherchait :

 

Découverte du corps d'Eva Richardson

 

C'est Shieffield qui avait lu la nouvelle dans un journal. On avait fini par exhumer le cadavre de la traductrice d'une décharge où elle avait été jetée, légèrement vêtue et très maquillée. Sa fille, dont elle n'avait que peu parlé, avait lancé des recherches et immédiatement reconnu sa mère sur la photo.

Paul hurla et pleura. On l'avait identifiée elle, mais non ses meurtriers.

A Lisbeth qui lui parlait au téléphone, il dit avec tristesse :

-Tes anges et tes saints n'ont-ils donc rien pu faire ?

Elle fut ferme.

-On va les retrouver, les juger et les condamner.

-Le Mal se réinvente sans cesse !

-Tu dis ça car tu penses qu'ils ne sont que des émanations. Je pars du principe qu'ils existent vraiment. Ils seront rattrapés.

-Mais Winger frappera en Ambranie !

-Il le fera encore, lui ou un de ses sbires, mais cette dictature s'effondrera comme un château de cartes et ses adeptes seront sans pouvoir. Et pour ce qui est de cette femme, tant que certains pleurent pour elle, il y a de l'espoir.

Alors, il pleura encore.

 

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LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
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