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LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
partie 4 esmed et paul se rapprochent. inconscience du jeune ho
13 mars 2024

Battles. Partie 4. Mettre en garde Esmed.

Denman_Ross_Portrait_of_a_Youth

Des professeurs venaient encore, des pianistes au passé illustre. Et puis, il allait beaucoup voir Magda aussi. Elle semblait être sa colonne vertébrale. Paul en fut heureux. L'ambiance de cette maison le galvanisait mais le détendait aussi. Il se laissa aller. Dérogeant à sa solitude, il eut une aventure d'une nuit. Esmed vint juste après et, dans son salon, s'amusa :

-Bien roulée ?

-De quoi parles-tu ?

-Elle a oublié son écharpe de soie. C'est quoi ce parfum ?

-Un parfum féminin. Vanille et quelque chose d'autre...

-Alors, elle était bien roulée ?

-Jolie. Brune. Yeux verts.

-Et jeune...

-Oui.

-Elle va revenir ?

-Je suis resté vague.

-Tu le seras aussi avec la suivante. Ah ! Ah ! Elles adoreront.

Paul eut un geste de dénégation.

-Je ne suis pas si sûr de ce que je veux...

Esmed l'observa avec acuité puis releva.

-Pas sûr ?

-Concernant les femmes.

-Mais qui te parle d'un engagement ! Elles viennent faire l'amour. Que crois-tu qu'ils veuillent faire ceux que j'approche ? La même chose. A ce propos, on fait les mêmes bruits et on emploie les mêmes mots.

Et il imita :

-Ah oui ! Oui ! Encore ! Hum que c'est bon, ouiiii...

Paul se mit à rire.

-Avec des tonalités masculines ?

-Exact.

Quelques jours plus tard, Paul croisa de nouveau le jeune homme et lui trouva mauvaise mine. Il avait les lèvres tuméfiées.

-Tu étais dehors...

-Oui. Ce n'était pas celui que je devais rencontrer. Ils étaient plusieurs. Ils ont voulu nous battre. J'ai réussi à me faufiler et à ne pas prendre de coups...

-Je n'en jurerais pas. Viens, on va parler.

En effet, quand ils gagnèrent l'appartement de Paul, Esmed claudiqua un peu. Il devait avoir des contusions sur le corps.

-Tu vas te faire soigner ?

-Oui, bien sûr.

-Je peux peut-être faire quelque chose pour ton visage...

Ils allèrent dans la salle de bain où il l'aida à désinfecter ses plaies visibles.

-Esmed, ce sont des temps complexes.

-Non, pas ça !

-Mais il faut en parler ! Tu prends des risques inconsidérés. Je ne veux pas qu'on te fasse du mal.

-Avant que je rencontre madame Egorff, je plaisais beaucoup à des hommes dans tes âges, tu saisis. Des hommes respectables, intouchables. Personne n'aurait pensé qu'ils puissent avoir envie d'un garçon. Le mal...

Le visage de Paul se crispa. Il préféra se détourner.

Esmed s'assit difficilement.

-Ceux que tu vois maintenant sont du même style ?

-Je veux des gens de mon âge ! Mais il y a des vieux qui tournent et cherchent...Pourquoi tu t'inquiètes comme ça ? J'ai soif, j'aimerais boire de l'alcool, tu en as ?

Paul lui apporta un verre de cognac. Lui-même en prit un. Après une gorgée ou deux, il pensa qu’il irait mieux, mais resta tendu.

-On vous laisse plus libres qu'avant, toi et les libertins de tout acabit mais vous devez être prudents. Beaucoup de ceux que tu croises font mine d'apprécier le nouveau régime mais sont nostalgiques. Ils veulent de l'ordre.

-Et ? Sexualité suspecte ?

-C'est tout ?

-Non. Car même s'ils te trouvaient talentueux, ils chercheraient d'où tu viens. Et ils trouveraient. Tes parents étaient des artistes et ils ont été assignés à résidence. Et ça leur déplairait, crois-moi.

-Tu sais ça ?  Non, tu crois que tu sais.

-Il se passe quoi s'ils abîment tes mains ?

-Où sont les autres, les garants du régime ?

-Je travaille avec eux, il me semble. Mais nous ne sommes pas partout et nous ne pouvons protéger tout le monde. Comment arrêter tout ce qui se trame encore...

 

 

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