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LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
28 mars 2024

Battles. Partie 3. Retrouvailles avec l'Instructeur Winger. Déjà Mort? Prêt à mourir?

 

 

-Fais-moi un café.

-Oui, Instructeur.

-Et prends- en un aussi. C'est un ordre.

Paul fit bouillir de l'eau et ouvrit les dosettes de café. Il prépara les boissons et les apporta sur un plateau, ce qui amusa Winger.

-Alors, mon beau Paul ! Tu sais que tu m'amuses. Cette anglaise arrive, tu lui contes fleurette et tu la sautes, jusque-là, tout va bien. Une grosse traductrice arrive et induit avec toi des jeux de domination qui sont loin de te laisser indifférent...Tu te rends compte que ta belle anglaise pleine aux as ne va peut-être pas apprécier tes facéties et tu avoues à demi. Elle te laisse en plan et toi, tu congédies l'autre. Après quoi, drapé dans ta dignité, tu t'écartes de l'une et de l'autre et devises avec ta femme. Question simple : tu les as aidées ? Tu savais qui les attaquait, non ?

Paul pâlit et baissa la tête. Winger, sûr de lui, continua :

-Plus simple d'aller à Bath parler à un psychiatre ? Quelle merveilleuse couverture !

-C'est votre lecture.

-Absolument. Bois ton café, il refroidit. On prendra de l'alcool tout à l'heure.

-Vous êtes en service.

-Toi aussi mais ça ne fait rien. Paul, tu plais à ton instructeur. Au fait où est-il ?

-Quoi ?

Partant d'un rire bref, Winger fila dans la salle de bain d'où il revint avec un sachet noir.

-Tu l'as apporté avec toi !

-Quoi ?

-Mais le cadeau que je t'ai fait passer...

Et, se dirigeant vers la valise de Paul, il fouilla. PUis, il sortit de son enveloppe sombre un objet sexuel en forme de phallus.

-Tu te souviens ?

-Ce n'était pas dans mes bagages.

-C'est tout comme. Il te revient !

-Non, Instructeur.

-Tu es comme moi.

-Non ! 

-D'accord. Toi, tu es gentil ! Ces bonnes femmes !  L'une violée, l'autre tuée. Quelle désolation ! Ce n'est pas bien ce qu'on leur a fait...Dis-moi, toi qui es si plein de sagesse: en Ambranie parce qu'ils ont écouté des gens comme toi, combien sont morts de faim ou d'épuisement ? Combien ont été fusillés ? Combien ont servi d’otages ? Tu étais à Étoile, non ?  On y exécutait des détenus tous les jours. Une femme, quand tu fuyais, t'a hébergé une nuit et a été arrêtée ensuite : on l'a étranglée avec une corde à violon pendant que toi tu étais reçu ailleurs. Le seul héroïsme de ceux qui ont trouvé la mort à cause de toi est de t'avoir rencontré ! Ils l'ont payé de leur vie. Et toi, n’as-tu jamais pensé à eux seulement ? Non, jamais. Paul, tu es aussi immonde que moi.

-Non. Je refuse ces paradoxes. Je sais ce qui se passait à Étoile.

-Tiens.

Winger tenait le phallus noir à la main. A demi souriant, il le tendait à Paul.

Avec horreur, Paul s'écarta de ce brillant tentateur et alla regarder par la fenêtre.  Winger le suivit et se plaqua contre lui.

-Tu n'as pas enlevé ton veston car tu ne veux pas que je comprenne que tu as une arme. Mais je la sens. Paul...Tu n’y arriveras pas. Toi- aussi tu aimes le pouvoir.

Il fallait réagir. Il s’écarta vivement. En Ambranie, l’Instructeur avait été abattu, il en était certain depuis longtemps. Celui qui était là était un fantasme, un tentateur.

-Vous êtes mort, là-bas.

Cette phrase frappa l'Instructeur de plein fouet.

-Moi ? Sur le papier, oui, mais sinon ? Rien n’est figé ; dans un instant, ce peut être toi.

-Ce n'est pas certain.

-Car tu vas tirer ? Non mais, regarde-toi ! Nos liens sont indissolubles. Tu le sais.

L'instructeur était catégorique et il continuait de dominer.

-On passe à l’alcool.

-Non !

-Mais si ! Je suis là et je suis fort !  Que resterait-il de son combat si celui auquel tu t'opposes depuis si longtemps devenait insipide ? Cette embuscade ! Ils tiraient bien, je dois le reconnaître. Mais tu n'étais pas conscient, non ? Tu n'as strictement rien vu. Quand tu es sorti de ta léthargie, tu étais déjà avec cette bande de tueurs et ensuite, tu as cru ce qu'on t'a dit. On m'avait éliminé, moi, le symbole de l'horreur ! Mais même si les partisans t'ont exfiltré, je suis là, moi, ton Instructeur. J'ai traversé le temps.

Paul frémit. Winger s’était de nouveau rapproché ; ils se faisaient face et leurs visages étaient proches l'un de l'autre.

-Je n’aime pas le whisky mais il y a de la vodka. Hein ? Il y en a...

-Je ne crois pas.

-Moi, je crois.

Il disait vrai car Paul trouva une bouteille entière dans le réfrigérateur.

-Avec glace.

-Oui.

-Oui, Instructeur.

Paul soupira. 

-Cette bouteille n'était pas là.

-Qu'importe ! J'ai soif ! 

 

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