Battles. Partie 3. Eva tuée.
-De qui m'as-tu parlé tout à l'heure ?
-De Merskin Gruwa et de Wisam Krugern.
-De qui s'agit-il?
-Deux types un peu dingues qui nuisent à mon entourage et cherchent à m'empêcher de vivre. Ils sont probablement membres d'un parti néo fasciste.
-Oh !
De nouveau, il souriait mais ses yeux restaient durs. Il avait enlevé son manteau en entrant et portait un pull gris près du corps et un pantalon qui ressemblait à un pantalon de cheval. Il avait des bottes, aussi. C'était à quelques variantes près les vêtements qu'il portait quand Paul l'avait vu pour la première fois...
Il est armé, pensa Paul, oui, il l'est. Une arme très performante qu'il a acquise ici ou qu’il avait déjà. Sait-il que je le suis, moi-aussi ? Il ne l'ignore pas s'en moque. C'est un tueur entraîné.
-Eh bien ?
-Tu as touché à Daphne Brixton.
-Moi, non. C'est quoi ce tutoiement ?
-Tu as tué Eva.
-Pan pan ? De qui parles-tu ?
Winger s'était placé au milieu de la pièce, dos à la fenêtre. Il était aux aguets, observant toutes les réactions de Paul qui s'appuyait contre le mur à côté de la porte de la salle de bain.
-Daphné, le viol.
-Tu t'attendais à quoi ? Tu lui as dit de faire attention, elle savait qu'on tournait autour d'elle mais qu'est-ce qu'elle a fait, elle ? Elle a pris un crétin en guise de garde du corps et changé les serrures ! Et elle a fait dormir un couple d'abrutis chez elle !
-Je l'aimais.
-Raison de plus. Maintenant vouvoie moi et termine tes phrases. Quoi, Paul ? Elle s'en remettra ou c'est peut-être déjà fait.
-Je ne pense pas.
-Bah, les femmes ! En tout cas, elle ne t'aime plus. C’est toi le responsable de tout cela ! Et puis sa famille apprécie l’ordre quand il est dictatorial. Tu ne le savais pas ?
Paul évita de répondre. Winger le toisait et semblait très à l’aise.
-Bon, on passe à l'autre ?
-Oui.
-Oui, Instructeur.
-Oui, Instructeur.
-Brave Paul ! Donc, elle s'appelait comment déjà ?
-Eva.
Winger eut un sourire cruel. Paul poursuivit.
-Eva a été dominée, battue et frappée à mort. C'était une traductrice réputée.
-Elle traduisait quoi ? Je ne lis que des manuels militaires.
-Vous l'avez regardé agoniser.
-Moi ?
Cette fois, l'instructeur montra un visage dur.
-Oui, c'est exact. Encore que ...Attends ! Tu n’as pas dit que c’était les deux autres qui avaient fait ça, comme pour l’aristo filiforme ?
-Ils sont vous.
-Bon. En ce cas, ils ont violé l’une et tabassé l’autre.
-C’est vous.
L’instructeur lança à Paul un regard plein de morgue.
-On arrête de jouer au plus fin, tu veux bien? C'est moi, oui.
Puis, il s'assit dans un fauteuil où il s'étira. Paul resta impavide.
-J'ai soif, donne-moi à boire.
-Le choix est limité.
-Comment ?
-Instructeur, il y a du café ou le minibar : eau, vin, bière, spiritueux.