Roland Desaistre a eu soixante ans cette année. Il vit dans la banlieue de Bordeaux, dont il n'est pas originaire  mais aime Toulouse, sa ville. Voila plusieurs années qu'il a mis sur pied, un service de livraison de repas dans les hôpitaux, les maisons de retraite et les écoles de son département d'adoption. A l'époque où il a eu l'idée de ce type d'entreprises, il a fait figure de novateur inexpérimenté. Maintenant, tout marche très bien pour lui et on le jalouse d'autant qu'il fournit et depuis longtemps des établissements hors département...Déterminé mais calme et humain, Roland gère son entreprise au mieux et fait des bénéfices. Il traite bien son personnel tout en restant strict sur les horaires et le travail. Il faut dire que suivre son rythme ne serait-ce qu'une semaine permet d'être respectueux. Les quatre-vingt dix employés de Roland Desaistre ne quitteraient l'entreprise pour rien au monde. En des temps de précarité, il leur assure une sécurité de l'emploi qui leur est enviée et ne refuse pas d'augmenter les salaires. Plein d'humour, il affirme à son personne qu'il a déjoué le sort ! En effet, petit garçon, il était turbulent, bagarreur et maladroit à tel point qu'en famille on l'appelait « Petite terreur » et à l'école « Roland Désastre ». Quant à sa famille, elle ne roulait pas sur l'or, c'est le moins qu'on puisse dire. De là à penser que ce surnom faisait allusion à la déroute familiale, il n'y avait qu'un pas ! Il y avait là tout un programme et Roland espère ne jamais hériter à nouveau ce surnom ! Il est content de bien gérer ses affaires et d'être respecté de son personnel. Courtois, c'est un homme d'affaires à qui il ne faut pas en compter. Mieux vaut être son ami...Grand, bien vêtu sans être élégant, on le sait divorcé et vivant seul. Il dispose d'une grande maison de maître près de Mérignac et la beauté de celle-ci fait rêver. Tant de pièces et de si beaux agencements ! Des tentures, des papiers peints, des tableaux et des sculptures à en couper le souffle ! Enfin, c'est ce qu'on dit... En outre, il a une maison de vacances dans le Gers et va souvent en Corse et en Italie. En somme, c'est un homme prospère.

 Longtemps, il a été un homme marié. Il ne l'est plus et n'a pas de regrets. Catherine était un amour de jeune homme, pas un amour pour la vie...Enfin, si cela existe. Roland n'aime pas les scènes pénibles. Il a été soulagé qu'elles cessent. Ceci dit, il n'est pas un pigeon. Catherine a eu sa part financière et c'était bien ainsi. Il a eu deux filles de son mariage ; celles-ci sont grandes. Il les aime toutes deux, quoi que celles ne réagissent pas de la même manière à son égard.

Vive, spontanée, toute brune et ronde, vingt-huit ans, Mélanie, l'aînée, vient assez souvent le voir. Il lui arrive de passer le prendre au bureau. Petite, elle venait déjà dans l'entreprise paternelle. Elle habite Arcachon et est donc proche de son père. Elle l'a toujours préféré à sa mère qu'elle trouvait froide et superficielle. C'est pourquoi, elle vit non loin de lui. Elle le voit comme un père attentionné et l'aime pour cela. Selon elle, il est quelqu'un de si affairé qu'il en oublie sa vie personnelle. Il n'y a pas de place dans sa vie pour une autre femme et il n'aime pas les aventures. Ce n'est pas et ça n'a jamais été un dragueur. Quand elle vient le voir en semaine, elle est seule et ils dînent dehors. Il la retrouve assez souvent à Arcachon et elle est toujours contente de constater à que point il s'entend bien avec Étienne, son compagnon et Élisa et Manon, leurs deux petites filles. L'idée qu'il ait pu avoir une vie sexuelle en dehors de son mariage ne l'a jamais effleurée. Et il en va de même de sa vie actuelle. Il ne vit rien de ce côté à puisque sa compagne est ailleurs...