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LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.

8 février 2020

DOUCEUR DES FEMMES ET AUTRES CHIMÈRES. ACCUEILLANTE. Une enfant différente.

PETITE FILLE

Issue d'une famille de militaire très guindée, Anna semble différente de ses frères...

Le temps passe. Thibault veut faire Navale, comme son père et passer son temps libre, comme lui, à lire Montaigne et Chateaubriand. Antoine présente un bac scientifique et vise une École des Mines. Martin excelle en anglais et souhaite l’enseignant tout en affirmant vouloir passer, en plus de son concours d’enseignement, une thèse. Nicolas, enfin, se passionne pour l’informatique, secteur en plein développement où, lui semble- t’il, il peut trouver un bon ancrage et une possibilité de promotion professionnelle.

Loin derrière eux, Anna, dans une chambre encombrée de peluches et de poupées dont elle refuse de se séparer, caresse les deux chats qu’elle a adoptés et surveille sa tortue. Elle chante des rengaines à la mode, connaît le nom de toutes les émissions de variété où passent ses chanteurs préférés et se fait inviter par les mères de ses amies pour pouvoir les regarder car, à son domicile, Rémi, s’il est là, s’insurge immédiatement et ferme le téléviseur avec autorité.

Dix ans, elle chante encore beaucoup.

Douze ans, elle écrit des poèmes et commence à se maquiller.

Quatorze ans, elle réussit de justesse son premier examen. Rémi se fâche. Anna aussi. C’est la première fois. Et pas la dernière.

Anna va au lycée où elle cesse de travailler.

 

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8 février 2020

DOUCEUR DES FEMMES ET AUTRES CHIMÈRES. ACCUEILLANTE. Anna, la lente...

 

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Atypique dans une famille très stricte où tout le monde fait des études, Anna revendique la lenteur...

Anna n’a pas son bac.

Elle est sommée de redoubler dans le même lycée où d’accepter un internat guindé si elle ne donne pas de signes de motivation. Consciente de sa différence sans savoir exactement comment l’affirmer, la jeune fille refuse l’une et l’autre des propositions paternelles et rejette l’arbitrage maternel, qu’elle a, jusque là, toujours accepté. De fait, on lui signifie qu’elle doit se débrouiller, escomptant qu’un temps de réflexion joint à la découverte du dur milieu professionnel des non diplômés sauront la faire revenir à de judicieuses perspectives d’études.

Elle a dix huit ans. Elle est longiligne, comme elle l’a toujours été. Elle secoue la tête pour ébouriffer ses cheveux bruns, souvent coiffés au carré, mais qu’elle souhaite laisser pousser pour changer d’apparence et plus féminine. Souvent, elle se maquille – les yeux surtout qu’elle charbonne beaucoup- et peint ses ongles en rouge ou violet. Elle porte des jeans mais les agrémente désormais de longues tuniques de dentelle, qu’elle ceinture et orne de ribambelles de colliers. Elle tente de délaisser les baskets et les tennis pour de jolies sandales mais les emplois qu’elle trouve la dissuadent vite de troquer l’utile pour l’agréable.

Pendant presque deux ans, elle vend des sandwiches, puis des pizzas, puis des gâteaux ; ensuite, elle fait des chambres et trouve pour finir un travail de serveuse dans un café.

Rémi exige et elle ne sait que lui répondre car elle se sent aussi mal à l’aise que l’étaient les chats recueillis de son enfance et comme eux conscients qu’il faut payer un prix pour être libres, le quotidien d’un être bien nourri, bien traité et soigné s’accordant parfois mal avec celle-ci. Alors, elle décline et dit que tout va bien.



8 février 2020

DOUCEUR DES FEMMES ET AUTRES CHIMÈRES. ACCUEILLANTE.

 

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Anna, tournant le dos à son éducation guindée, devient femme de chambre dans un hôtel à Cannes. Déception familiale mais secret bonheur de la jeune fille.

Sophie, les larmes aux yeux, lui rend souvent visite et ne se remet du spectacle de cette fille non prodigue qui ne voit pas de problème à servir des cafés et à lessiver une salle tard le soir quand tous ses frères font des études longues. Anna a réponse à tout : elle partage une chambre avec une copine et n’a donc pas grande dépense. Elle mange en suffisance sans faire beaucoup de frais. Une personne débrouillarde trouve à s’habiller sans se ruiner. Quant à ses excès supposés, ils sont modeste. Elle ne boit que rarement, elle ne trouve pas que  beaucoup fumer est  passionnant. Sa vie sexuelle ?  Oui, elle en a une mais elle est majeure et sait prendre rendez vous avec un médecin pour se faire prescrire le nécessaire. Elle n’a plus de chat mais un poisson rouge appelé Noé et pour ce qui est de chanter, elle a gardé ses bonnes habitudes. Ah, et il reste le problème des déplacements : là, bien sûr, c’est un peu plus compliqué mais elle est débrouillarde. Quand elle aura assez d’argent de côté, elle se paiera le permis et après, elle verra.

Devant cet aplomb, Sophie se rassure et semble-t’ il s’insurge secrètement contre le monolithisme d’un époux qu’elle n’a jamais contredit. Bientôt, de l’argent vient pour un permis puis pour une voiture d’occasion, dons que la jeune fille accepte avec un demi-sourire, tout en s’efforçant, malgré tout, de manifester son contentement.

A cette période Rémi et Sophie pensent encore que les vagabondages de leur étrange fille vont s’interrompre mais ils se leurrent.  Dans le temps même où elle apprend que son frère aîné intègre Navale à Brest et que le suivant brille en classe préparatoire option mathématiques, Anna avoue avoir réussi son examen de conduite du premier coup et s’être achetée une voiture d' occasion robuste et amusante. Cela lui suffit. Au volant de sa Fiat défraîchie, elle est aux anges, car elle est toujours ponctuelle au travail et peut, le soir, sortir davantage.

Et avec cela, elle n’arrête toujours pas de chanter.

Sa mère, elle le ressent, s’inquiète pour elle et son père, lui, s’insurge toujours comme cette  enfant inique qui se dérobe à toute normalisation. Anna, bien que bienveillante, suit un chemin dont elle ne connaît pas l’issue mais qu’elle se doit de suivre sans qu’elle sache pourquoi. Des propositions sous-jacentes de retour, elle ne tient pas compte et étant redevenue femme de chambre dans un bel hôtel de la Côte d’Azur, elle se surprend encore une fois, à soupeser les draps dont elle aime l’odeur de frais, rendre impeccable de merveilleuses salles de bain et aérer des chambres vastes et élégantes où dorment des gens argentés dont elle ne sera jamais rien.

Le chariot qu’elle pousse, plein de serviettes, de draps, de rouleaux de papier hygiénique et de miniatures de shampoing et de gel pour le corps est l’antithèse de son enfance où rien ne relevait du hasard. Ici, tout est possible puisque rares sont les personnes qui occupent longtemps les chambres. Ainsi, tout est souvent nouveau et elle adore cela.

 

8 février 2020

DOUCEUR DES FEMMES ET AUTRES CHIMÈRES. ACCUEILLANTE. Cannes.

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Anna, fille d'officier, cherche à échapper à son éducation guindée. Pourrait-elle devenir actrice

Un jour, c’est la fin du Festival à Cannes et Naomi Hustler est là, dans la chambre d’un hôtel dont la presse parle souvent et dont Anna se dit en riant qu’elle est chanceuse de pouvoir contempler et non seulement, puisqu’elle la remet en ordre, ce qui lui donne sur elle une sorte de pouvoir. Cette fois, une anglaise d’un âge certain la regarde comme il arrive parfois quand elle doit mettre de l’ordre dans une chambre dont l’occupant ne souhaite pas sortir. Ronde, grande, hiératique, la femme impressionne car son regard est fixe et sagace et sa voix étrangement éraillée. En remettant le lit en ordre, Anna se demande qui est cette femme ; en cette période, seuls les gens de cinéma fréquentent les lieux encore que les journalistes soient aussi présents et que la liste des occupants n’est pas si rigide. Mais au moment où la jeune fille souhaite le plus fort que la femme imposante qui l’observe appartienne au monde du septième art, celle-ci se met à parler. Elle est décoratrice depuis fort longtemps et cette fois a travaillé pour un réalisateur dont le film vient d’être primé. Anna, interdite, interroge. Elle connaît et le metteur en scène et le film. C’est vrai, elle ne chante plus comme passé un temps, elle regarde des films. Elle y va le lundi ou le matin quand elle peut car c’est  moins cher et sinon, elle regarde dans la chambre où elle vit avec une énième colocataire, toutes sortes de DVD. Alors, cette anglaise !

 Elle émet encore un vœu : celui que cette inconnue fasse à Cannes un séjour qui aille au-delà de la durée du Festival et comme si tous ses souhaits se réalisaient, elle apprend de la bouche de cette étrangère qu’en effet, son séjour est prolongé de quinze jours.

Au fond, le temps peut sembler compter et s’étirer à loisir car en peu de temps, Anna apprend bien des choses ; notamment qu’un décor, même discret peut créer un fort univers intérieur et que le travail des comédiens s’y trouve stimulé car les conditions sont meilleures pour exprimer ce qui, de vous ou du rôle doit sortir, l’idéal étant que les deux se mélangent.

Le travail de l’acteur ? Le décor ? Le jeu et la personne ? Mais que dit-elle ?

Anna estime être là pour accomplir un travail simple mais l’anglaise, quant à elle, dit qu’elle l’a observée. Non, elle n’est pas une femme de ménage « ordinaire » ; elle est une actrice née. Il suffit de la regarder, de l’observer, pour le savoir. Rien que cette robe noire moulante, qu’elle doit porter, ce petit tablier, ces collants marron clair et ses chaussures plates ! Avec cela, elle fait « exister » quelqu’un. Anna sourcille. Que ferait ce « quelqu’un » ? L’anglaise rétorque qu’une chambrière met en place un lieu précis. Et cela, Anna sait le faire.

Troublée, la jeune fille se laisse convaincre, et, consciente de jouer un rôle va et vient avec une nouvelle inspiration dans les couloirs du grand hôtel. Après tout, il peut y avoir une autre façon de pousser un chariot, d’entrer dans une chambre et de tout mettre en ordre et c’est de cette différence que peut naître l’exactitude d’un geste, la pureté d’un profil et elle ne sait quoi d’autre qui la rend plus belle.

 

8 février 2020

DOUCEUR DES FEMMES ET AUTRES CHIMÈRES. ACCUEILLANTE. Anna change...

 

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Anna, fille d'officier, a grandi dans un milieu guindé. Elle s'émancipe, devient actrice...

Un jour, seule dans la chambre de Naomi, Anna enlève le haut de ses vêtements et s’observe dans les hauts miroirs prismatiques de la salle de bain. De face et de profil, elle offre toujours cette longue et mince silhouette que son père Rémi, quand elle était enfant, l’encourageait à avoir. Le buste s’érige sans que rien ne l’entache et les petits seins durs affichent des pointes saillantes dont la couleur rouge sombre la touche. D’emblée, la silhouette est « belle » car presque maigre et en cela, elle rejoint le clan familial pour lequel toute trace de kilo superflu est jugé malsaine. Pourtant, Anna ne s’aime pas ainsi et, elle le constate, c’est bien la première fois que cela arrive. Elle n’aime pas, sous la peau, les côtes dont le dessin est saillant et constate qu’elle a des hanches de garçon, ce à quoi elle n’avait jamais prêté attention. En outre, sa peau est trop pâle et d’un texture presque rugueuse qui jure avec un lieu aussi raffiné. Elle le voit, rien n’est en place ; c’est comme un refus de féminité qu’elle n’aurait jamais saisi puisqu’elle ne savait pas qu’elle devait le prendre en compte. Et là, tout est net.

Elle se pelotonne dans un coin près de la baignoire et pleure. Naomi ne paraît pas.

Le lendemain, elle est là et le jeu commence : celui de la féminité niée qui cherche à être. Comme tous les jeux, il suppose deux protagonistes dont l’un sait plus que l’autre ; il y a des règles fixes et des possibles et bien sûr, tous les coups ne sont pas permis…aussi, la jeune fille passe t’-elle d’un statut de jeune employée d’un grand hôtel cannois à celui d’une actrice naissante qui cherche, en ces lieux, un tremplin. En noir et strictement coiffée ou en sous vêtements sages mais déhanchement inattendu, elle devient ce qu’elle doit être : une femme jeune et délurée. Les seins petits se dressent, le sexe duveteux s’offre et les bras font de longs mouvements graciles tandis que les jambes se déploient.

Naomi explique, dicte, reste ferme puis photographie.

Anna frémit.

Naomi filme car elle sait le faire, ayant tant travaillé pour des « gens » de renom. Sous son guidage, la petite femme de chambre s’élance dans un décor de palace, saisit un énorme bouquet de fleurs, le promène et s’en sépare pour mieux se dénuder ; un corps se fait jour, plus lisse et beau qu’il n’était. De petits seins se mettent à exister, d’une vie qui n’est qu’à eux. Ils pointent et se laissent admirer par une caméra qui les rend captifs.

D’enjambées poétiques en tournoiements, Anna se trouve au centre d’un petit court-métrage dont l’Anglaise secrète lui offre la primeur. Cet essai se nommera « Prima volta » et sera présenté dans des Festivals, car, l’imposante dame âgée à oublié de le dire, elle n’est pas et depuis longtemps, une simple décoratrice puisque l’art du cinéma est aussi son domaine.

Anna regarde le petit film où elle est reine et rit de cette soubrette qui soudain se libère et dans nue.

Bientôt, elle oublie car l’Anglaise a quitté le palace et qu’elle n’a plus d’emploi ici. Elle en trouve d’emblée à la frontière italienne puis carrément en Italie, ce qui l’amuse. En uniforme, elle fait des chambres, sourie et, parfois, reçoit un pourboire.

 

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8 février 2020

DOUCEUR DES FEMMES ET AUTRES CHIMÈRES. ACCUEILLANTE.

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Histoire d'Anna, jeune fille de bonne famille qui est devenue actrice...

Un jour, une amie de travaille lui dit avec véhémence de venir voir la télévision. De l’italien, Anna n’a que des rudiments car, selon elle, « ni un balai ni une dose de shampoing ne demande de compte ». Elle refuse donc de venir mais son amie insiste. Elle s’assoit alors sur l’étroit canapé qui fait face à la petite télé. Le film s’appelle « Prima volta ». On y voit une jeune femme de chambre qui, lassée de faire les chambres dans un palace, prend ce lieu comme une scène de théâtre.  Elle y rit, elle y chante, elle s'y montre. Sa nudité, en noir et blanc, reste toujours anguleuse sans jamais laisser s’éloigner le désir. Elle est belle et à l’œuvre, le moindre de ses gestes suggérant des activités érotiques multiples. Elle pourra, à n’en pas douter, caresser, sucer, se faire prendre et prendre cette jolie jeune femme que la caméra observe, un chiffon à la main, les seins offerts et le regard aux aguets.

Rémi, sévère, inclinant aux études.

Les fils soumis, si prompts à obéir.

Sophie entre l’admiration et le doute.

Elle, rebelle et proche de la vie.

Elle, attendant un autre film de Naomi. Une « seconda volta » dans laquelle cette fois elle se donne à un univers dont elle ne sait rien encore, sa sexualité étant restée pauvre, et qui, cette fois, saura donner toutes les réponses.

Dans le silence de la nuit, Anna sent vivre et croître ce qui fait sa féminité : ses petits seins durs.

Le miracle vient car Naomi la joint et le film se fait.

Plus tard, elle est radieuse car ce même Cannes qui l’avait vu soubrette, elle est maintenant « jeune actrice ».

On lui sourit et elle sourit.

Elle est ce qu’elle doit être : une jeune fille longiligne aux jolis seins. Une ingénue qui mène une enquête policière et trouve, dans une histoire alambiquée, les coupables, qu’elle fait emprisonner.

Rémi tressaille.

Elle l’imagine.

Pour le reste, tout va bien.

 

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LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
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