Attentive. Chapitre 9. Capitales. (2)
D’abord de l’encourager à voir positivement cette installation hors de l’île, ensuite d’aller vers ce nouveau guide qu’elle lui disait avoir rencontré car il le sentait stable. Et ceci sans sourciller, disant qu’il la soutiendrait. Il n’a pas montré de jalousie, tout juste une crispation. Elle lui a dit les dialogues fournis, les appels téléphoniques réguliers, les jeux et cette invitation à laquelle d’abord elle n’a d’abord pas cru. Et il a de nouveau prodigué des conseils. Alors, maintenant qu’elle est en attente, c’est vers lui qu’elle se tourne non qu’elle ne croie pas qu’A. ne vienne pas –il n’aurait pas osé une mise en scène si narquoise- mais parce que cette reddition est nécessaire pour l’apaiser. S’insinuant dans sa mémoire, le visage et le corps de XX, sa voix élégante et son regard brun procurent un apaisement certain. Allongée, Julia se détend. Cependant un nouvel appel lui apprend qu’A. est arrivé à bon port. En l’entendant, elle se met à trembler car il est à la porte et, dans le temps où il frappe, elle prend peur, se lève brutalement et se réfugie, presque nue dans une encoignure. A nouveau, la vindicte des premiers « Maitres » balaie toute son assurance et XX lui-même n’y peut rien. Surmontant ses réticences, Julia ouvre et recule rapidement. De celui qui entre, elle ne voit rien car elle baisse les yeux et tremble mais l’homme s’arrête et surpris, la contemple. Il l’appelle par son nom plusieurs fois et voyant qu’elle reste prostrée, il lui suggère de s’asseoir. Elle se place à côté de lui sur le lit et comme il tente de la rassurer, elle demande qu’il ne lui fasse pas de mal. Du mal ? La formule le surprend. Il ne voit pas pourquoi il lui en ferait. Ne se parlent t’ils pas depuis des mois ? Il a toujours voulu lui donner confiance et de dialogue en dialogue, il a bien senti que celle-ci s’installait, ne serait-ce qu’à ces éclats de rire qu’elle a eus parfois avant ou après un questionnement un peu difficile ou une exhibition. Alors, que craindre ? Il se présente à elle, simple, doux. Décidemment, ce mot revient toujours avec lui et, alors qu’elle s’allonge sur le lit, à peine vêtue et s’en voulant d’être ainsi, elle sent qu’il fait de même pour la calmer et lui expliquer. Non, il ne fera aucun mal, oui, il a lu ses aventures passées. Il sait prendre la mesure des choses. De « Julia », « Irène », « Nina », il sait seulement qu’il veut « Julia » pour sa douceur et de fait il la concrétise. En ce lieu, apeurée, les larmes au bord des cils, elle devient « ma douce Julia » et l’entendant parler, elle s’apaise. L’homme blond et mince a ce pouvoir sur elle. Il l’induit à cet instant et le gardera. Alors, elle régule peu à peu sa respiration hachée, cesse de pleurer et de gémir, lui dit bonjour et le regarde, ce qu’elle n’a fait encore sauf au travers un écran. Penché sur elle, il la regarde, offrant un visage aux traits un peu irréguliers et au regard bleu. N’osant les toucher, elle s’absorbe dans la contemplation du front, des sourcils, du nez et des lèvres. Il est blond et elle, qui a plutôt eu l’habitude des bruns, le regarde avec étonnement, n’étant accoutumée ni à cette teinte de cheveux ni à ce teint pâle. Autour du front, les mèches sont plus claires qu’ailleurs, et quand elle s’applique à les regarder, les pupilles ont un nuancier de bleu et de gris qui la confond, l’entraînant dans une fascination enfantine. Lui-même l’observe mais plus impudiquement. D’elle, il cerne le visage à l’expression tendue, les yeux aux paupières fardées et les lèvres peintes mais aussi le buste raidi aux beaux seins que dissimule mal le body violet en dentelle ; sans la caresser encore, il la rend sensible et docile et, comme elle retrouve sinon la sérénité, du moins un certain apaisement, elle se laisse aller permettant à son corps de s’exprimer. Les mamelons durcissent, les tétons s’érigent et pointent sous l’étoffe. Les paroles de l’homme se succèdent, entraînant l’abandon et comme elle s’abandonne à celui qui la regarde, France sent reculer XX puisque même prégnant, il n’est que souvenir. Son cœur se serre car elle abandonne dans le temps même où elle s’ouvre à A. la primauté que le jeune homme de la belle île avait sur elle. A. pose une main sur un de ses seins qu’il palpe et presse avant de permettre à sa pointe de se glisser dans un entre-lac de dentelle. Sous ses doigts habiles, la pointe se dresse fièrement tandis qu’il la cajole et l’encourage. Parallèlement, elle sent son corps se réchauffer, son ventre devenir tiède et ses cuisses prêtes à l’accueil. Elle respire plus librement, s’essaie à sourire et y parvient tandis qu’il l’encourage à ne pas craindre. Il a placé son visage près du sien et elle reçoit dans son cou son souffle régulier. Un moment, il reste ainsi près d’elle, tout habillé de bleu marine, pull et pantalon lui conférant l’apparence d’un cadre sage, ce que d’ailleurs il est. Puis, le moment vient où elle encourage. Il l’accepte et lui demande de se redresser pour faire glisser le body. Il flatte maintenant les deux seins libérés dont il semble tout apprécier : la forme, la densité, la modestie des aréoles, leur aspect un peu granuleux. Il palpe et embrasse et elle gémit une première fois. Puis, s’enhardissant, il défait les pressions à l’entrejambe et caresse le pourtour de la chatte d’abord puis une intimité humide qui s’émeut vite de cette sollicitation. A cet instant, Julia est juste une femme qu’un amant câline et rassure. Les rôles ne sont pas encore précisés. Toutefois, les signes sont là : elle vouvoie. Il tutoie. Elle est nue. Il est encore vêtu. Elle fait devant lui le comptage des objets sexuels qu’elle a apportés avec elle. Il les observe, les prend en main, les commente et sourit. Il ouvre sa valise dont il sort des cordes de deux sortes différentes. Intriguée, elle hoche la tête. Il vient d’un pays de montagne où l’on apprend à faire des nœuds si on aime l’alpinisme. C’est son cas. Il sait. Quant à l’application qu’il en fera sur son corps, elle en est ignorante et la sentant trop fragile le premier soir, il ne divulgue rien. Mais le fait est qu’il l’attachera…
Les heures passent. Elle sait qu’il se lave et la lave, la caresse, la regarde, l’apprécie. Elle sent qu’elle le trouve déférent et patient. Ils s’étreignent. Elle est encore trop tendue pour jouir. Lui –même est sur sa réserve. Mais les minutes sont belles où ils restent ainsi dévêtus, leurs odeurs corporelles se mêlant et s’entremêlant pour créer un premier espace de rencontre physique, espace encore fragile mais nécessaire puisque c’est sur celui-ci que vont se baser les exercices qu’il annonce. Les cordes, la laisse et le collier. Les postures, le silence.
L’attente et le plaisir. Les entraves.
Ne croyant pas qu’il saura se contenir, elle demande quand ils commenceront, sûre qu’impatient, il n’attendra que quelques heures mais il esquive et propose d’aller dîner ce qui lui permettra de marcher à ses côtés dans la belle grande ville, de s’asseoir à une bonne table et surtout de faire connaissance de l’adolescente brune aux longs cils qu’il n’a pas encore saluée. De fait, quand ils sont, il retrouve dans le couloir la jeune fille apprêtée. Les salutations sont cordiales et toute la soirée, l’homme parle avec elle, s’enquiert de ses goûts, l’interroge et a fait rire avec une facilité qui impressionne Julia. Ainsi, tout est bien plus simple qu’elle ne l’aurait supposé.
La grande avenue de l’hôtel, la rue du restaurant d’où l’on capte les lumières de la tour Eiffel, le restaurant grec au personnel chaleureux : de belles images inattendues. Elle s’appuyant contre lui, la jeune fille mise en confiance l’adoptant lui comme interlocuteur amical : d’autres plus surprenantes. Et enfin, la nuit avançant, leurs corps tièdes réunis dans une découverte pudique et un émerveillement.
Julia en une journée a fait un grand voyage. Et des découvertes capitales. On peut être femme, soumise et précieuse. On peut aussi être un dominant patient qui sait prendre son temps.
On peut, en dernier lieu, s’endormir contre un corps à l’abandon sachant qu’on appartient déjà même si la laisse est invisible et se réveiller souhaitant sentir autour de son cou un collier.