Battles. Partie 3. Mais tu existes à peine !
Paul poussa un hurlement. Cette créature fantomatique était le diable. Elle avait ramassé son révolver et s’était approché de lui. Il sentait contre sa tempe, le métal froid du pistolet automatique de son ennemi.
-Tu es là où tu dois être. Avec moi. Proche de moi mais inférieur. Je t'ai appris à ne rêver que de cela. Tu as oublié ? J'ai su avec toi, très vite, j'ai toujours su...-Tu as toujours su que je reviendrais quand tes appels seraient suffisamment puissants. Tu m'aimes, je le sais. Deux possibilités, deux. Je te dis lesquelles ?
-Vous allez me tuer.
-Quel imbécile ! Ton livre paraît, tu files en Ambranie et là, tu renies tout ce que tu as dit et écrit. Tu disparais très vite, dans un des camps de formation que nous avons et de là, tu deviens comme moi.
-Non, tirez. Je ne ferai pas cela. Je ne trahirai pas.
-Mais tu ne serais pas un traitre.
-Et naturellement, vous êtes sûr de vous ! Vous « savez » !
-Vous avez toujours « tout » su pour moi, Instructeur, c'est bien là le problème...
-Parce que ça marche comme ça détenu DS.Cinquante quatre vingt trois. Deux cent sept neuf. Qu'est-ce que tu crois être aujourd'hui sinon la continuation de ce matricule ?
Winger s’écarta mais garda son arme à la main. Il ricanait. Paul, lui, faisait face.
-Mon livre sera publié quoi qu'il arrive et j’aurai parlé. Si vos sbires m’attaquent ou si vous-même le faites, je me hisserai à la position de héros. Vous voulez faire de moi le martyre d'une cause qui vous est essentielle ? Qui aura raison ? Moi.
-Fort bien.
Winger était reparti chercher les verres.
-On finit la bouteille ?
-Non…
-Oh, mais si.
Tout changeait. Une sorte de torpeur s’emparait de Paul et Markus lui-même, semblait plus détendu. Il venait d’ôter le pullover qu’il portait et restait en t-shirt militaire.
-Tu te souviens, la dernière nuit, quand on transitait ?
-Non !
Cette fois, l’Instructeur se mettait torse nu.
-Moi très bien. Je t’ai fait un peu mal. Je t’ai surpris, c’est vrai.
-C’était avilissant.
-Tu mens ; tu as aimé. Déshabille-toi, Paul.
-Et si je ne le fais pas ?
Winger ricana une fois de plus et reprit son automatique.
-Allez, fais-le.
-Je n’ai pas peur de la mort.
-Mais si…Paul, s’il te plaît.
Il céda et lentement, se dévêtit. L’instructeur se mit nu, lui-aussi.
-On va au lit, Paul !
Ils s’allongèrent l’un à côté de l’autre. Le corps de l’instructeur était incandescent. Paul sentait qu’il tombait dans une spirale du Mal.
-Qu'est-ce que tu crois ? On est des centaines et des centaines à la surface de la terre. On a tous les pouvoirs ! Tu as toujours été pathétique, avec tes croyances puériles sur la démocratie et la liberté ! Heureusement, il avait cette dévotion que tu avais pour moi ! Pardon, que tu as toujours ! Et maintenant !
Winger commençait à se coucher sur Paul quand on frappa brusquement à la porte et on appela.
-Monsieur Kavan, c'est le service d'étage.
Interdits, aucun des deux hommes ne réagit. La voix se fit insistante.
-Monsieur Kavan, êtes-vous là ?
Avant même que Paul ne réponde, on mit une clé dans une serrure et on s'annonça. C'était une voix féminine. En un rien de temps, l'instructeur fila dans la salle de bain tandis que Paul se précipitait sur ses vêtements.
-Attendez !
Il se trouva bientôt nez à nez avec une jeune fille qui rougit violemment.
-Mais il y a quelqu'un ! Vous avez demandé des serviettes supplémentaires. Je pensais les déposer sur votre lit.
-Je n'ai rien demandé.
-Ah mais si ! Il y a eu un appel tout à l’heure. Je vous pensais absent.
-Ce n'est pas grave.
Elle partit. Paul pensait que tout allait recommencer quand il trouva le révolver de Winger, qu’une couverture avait dissimulé. Il s’en saisit. Il ne pouvait plus faillir cette fois. Du reste, Markus réapparaissait, offrant toujours une nudité athlétique aux proportions parfaites. Sans attendre qu’il parle, Paul tira et l’atteignit à l’épaule puis au ventre. L’instructeur eut le temps de gémir et de s’arrêter. Du sang commençait à couler.
Soudain, la pièce parut s'emplir d'un étrange brouillard et il lui sembla que tout devenait insonore.
-Paul ! Mais Paul !