Battles. Partie 4. Etoile. Le moins éprouvant...
Il était temps de laisser Paul faire des recherches seuls et prendre des notes. Celui-ci prit son temps et oublia l’heure. Soudain, il s'avisa que Esmed devait peiner à l'attendre. Il demanda à le rejoindre.
-Tu as trouvé à t'occuper !
-Passionnant...
-Bon...On t'a donné quelque chose à manger quand même ?
-Oui.
Il fallut remercier et serrer des mains car d'autres administratifs venaient d'arriver. Et recevoir une mallette pleine d'archives.
De nouveau, il fallut franchir des enceintes et passer des contrôles. Le chauffeur et le policier retrouvés, on roula. Esmed était tétanisé. Paul tenta de le rassurer.
-On rentre. C’était long ! Plus de six heures...Une vraie épreuve.
-Tu es fatigué. Moi-aussi.
-Il y a du café et des fruits secs, on en prendra en route.
-Non.
-Tu te raviseras.
-On verra.
Un silence complet s'installa dans le véhicule. Esmed s'endormit et Paul regarda défiler le paysage. On fit un premier arrêt et le jeune homme vomit puis resta pâle et fermé, un mouchoir sur sa bouche. Le temps, qui était gris, devint soudain mauvais. Une pluie de plus en plus violente ralentit le véhicule. Rentrer prendrait du temps. Paul, Kerm et Orianitz se concertèrent.
-Je peux vous ramener malgré tout !
-Merci Kerm mais nous sommes tous fatigués. On peut s'arrêter pour dormir. C'est autorisé. Ce sera rustique.
Orianitz ajouta :
-Il doit y avoir tout ce qu'il nous faut.
-Alors, allons-y.
On s'arrêta donc. C'était militaire. Juste un salon et deux chambres. Quelques vivres pour faire un repas. Paul et le chauffeur se hâtèrent d'aller charger les poêles dans les chambres tandis que le policier faisait partir un feu de cheminée. On vérifia ensuite les couvertures et les provisions et on vérifia la sécurité de la maison. Esmed, ahuri, regarda tout le monde s'agiter, but du thé chaud avec eux puis insista pour parler à Paul.
-Pas maintenant.
Il avait raison, il était encore tôt. Le jeune homme dénicha des jeux de société et ils s'occupèrent à y jouer en attendant le dîner que Paul prépara avec le chauffeur. On se répartit ensuite pour dormir. Le policier dans le salon, le chauffeur dans une des chambres, Esmed et Paul dans la seconde car le jeune pianiste ne voulait pas rester seul. Et il voulait aussi que son mentor s'explique.
-Alors, c'était qui cet instructeur ?
-Il s'appelait Markus Winger.
-Tu lui as parlé tout à l'heure !
-Je lui ai dit que j'étais un homme libre.
-Tu as dit ça à un mort. Quoi, il ne l'est pas ?
-Il l'est.
-Tu avais des sentiments pour lui ? Il faut en avoir pour s'adresser à quelqu'un comme ça des années après ! Tu m'as bien parlé d'un tueur pourtant ?
-Si on te traitait comme il l'a fait, tu en éprouverais toi-aussi, des sentiments.
-Mais ce n'était pas de la détestation, là ! Il aurait pu tuer mes parents et d'ailleurs, il l'a fait à demi puisque mon père va mourir !
-Des gens comme lui suicident beaucoup d'êtres sans même savoir qui ils y sont. Ceci dit, j'étais rééduqué : je ne pouvais pas le détester.