De toute façon, pour l'heure, même s'il l'avait voulu, George n'avait pas le temps de réfléchir. Quand il ne composait pas, il répétait avec Andrew puis il y avait les concerts à assurer, les passages télé, les séances de photo, les interviews, les essayages et enfin, du temps libre ! Ils ne pouvaient plus ni ni l'autre aller prendre un verre ou danser sans être assaillis mais c'était bien là le seul reproche qu'ils pouvaient faire à la célébrité. Quand ils réussissaient à s'arracher aux dîners où ils devaient se montrer, aux premières et à toutes sortes d'obligations mondaines importantes pour leur image, ils allaient voir leurs parents. Andrew retrouvait son frère ou ses parents et vivait sa vie. George couvrait les siens d'argent, les ayant fait déménager et leur ayant offert une voiture de sport. Son prochain cadeau serait une Rolls pour son père. Il était aussi très généreux avec ses sœurs mais c'était Mélanie qui paraissait comblée. Yioda, moins car elle s'alignait sur l'attitude ambivalente de Kyriakos, à la fois content et mécontent du chemin doré que suivait son fils. George n'avait pas envie de creuser le sujet et ce n'était pas une question de temps. Ils se heurtaient violemment parce qu'en fin de compte, il réussissait trop bien et trop vite et que, bien qu'ébahi, son père, qui avait tant lutté pour vivre plutôt bien, en restait la gorge sèche. Et puis, il y a Lesley, sa mère. Elle s'enivrait de sa réussite et respirait l'orgueil, à tel point que Kyriakos se demandait parfois si son épouse n'espérait pas déménager pour s'installer à Buckimgham. Au train où allaient les choses, George aurait bien un filon pour qu'elle rentre par la porte de derrière. Là non plus, le jeune homme ne voulait pas s'impliquer. Les rapports entre ses parents se tendaient. Sa mère l'aurait bien suivi partout, elle voulait être son habilleuse mais quoi ! Il sentait bien quels risques il y avait à accepter. Et puis, quand il donnait des interviews, il donnait de son enfance et de sa famille une image rassurante et positive. Il ne fallait rien toucher. On lui avait en tout cas suggéré de ne laisser aucune brèche. Non, cette vie là, c'était bien !