ISEE ET LES DEUX VISAGES. Partie 2. Jeux de rôles.
Comment se faire passer pour celui qu'on n'est pas? Isée joue le rôle de Phillip qui parle à son jeune compagnon. Mais ce n'est pas si simple...
Quant à mon Vincent, je commençais à buter sur un problème de taille : il voulait aller sur skype et me parler en direct. De plus, il insistait pour qu’on se voie. Les semaines défilaient et il doutait maintenant que Hammer ne souhaite résider encore longtemps à Paris. Son retour n’était donc plus qu’une question de temps…Il devenait beaucoup plus patient et tendre face à l’amant protecteur qui l’écoutait, soucieux sans doute de le faire fléchir. Sur le plan affectif, il était si rusé que j’avais du mal à le suivre. Quelquefois, mes réponses le décevaient, et d’autres moments, elles le faisaient beaucoup rire. Me cachant derrière mon ordinateur, je craignais toujours qu’il n’en vint à avoir des doutes. S’il allait trouver que son compagnon faisait trop de remarques qui lui ressemblaient très peu, j’en prendrais pour mon grade…Pour l’instant, cependant, il ne faisait aucune remarque en son sens. Parler avec lui sous le masque avait beau être un exercice périlleux, il était fascinant. Il en avait de la ressource, ce Vincent ! Certains de ses messages étaient de petits bijoux érotiques et un brin pervers.
« Phillip, Phillip, si tu étais un peu moins abscons quelquefois, si tu voulais te simplifier…Hein, qu’est-ce que tu en dis ? J’ai relu quatre fois ton dernier message et je…je…Je l’ai imprimé, voilà. Ensuite, ton absence m’a contraint à faire ce que je voudrais tellement faire avec toi (et toi avec moi, je le sais) en me contentant d’une feuille de papier. J’aurais adoré que tu voies ça car tu aimes me voir jouir. Les lettres étaient brouillées et ton message se défaisait. Je me m’en suis pas servi pour aller au plaisir, n’aie pas peur, je l’ai juste arrosé de ma semence et j’ai senti le tout ensuite. Je voudrais pouvoir te les renvoyer ces mots, avec mon foutre et cette odeur ! Je sais combien ça t’exciterait… Mais on ne peut pas faire ça ; La technologie actuelle ne le permet pas. Ne me dis pas que tu es fâché ! Pour ce que j’ai fait, pas pour la technologie. Je pense à toi quand même »
…......................................................................................................................................................
« Un des morceaux que j’ai composé pour la trompette s’appelle Scarlett Blue. C’est le nom d’un mélange de couleurs mais ça pourrait être celui d’une belle pute ou d’un trans qui fait le trottoir. Qu’est-ce que tu en penses ? »
…......................................................................................................................................................
« Je t’ai demandé si tu avais envie de me la mettre bien profond et tu n’as pas répondu. C’est une question claire pourtant ! Tu devrais répondre oui et me dire quand tu rentres. Est-ce que tu te rends compte que j’ai dépassé le stade de touche pipi avec Andrew juste parce que…J’en avais envie. Et parce que tu n’es pas là. Je me demande vraiment ce que tu as dans la tête. »
…......................................................................................................................................................
Tu m'as envoyé Anthony Gilbert et je l’ai lu en deux fois. Franchement Hammer, vous avez une bonne plume ! C’est incisif, c’est tranché, c’est enlevé, c’est très booooooooooooooooooooooooooooooooon. Ils diront ça, les potes que tu as dans l’édition, surtout celui qui t’éditera. Promis, je te ferai pas d’ombre, je n’aurai pas un coup de trop ou avalé des trucs quand on te fera des compliments sur ton bouquin, et que je serai avec toi. Jurrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrré ! Je me tiendrai bien »
…......................................................................................................................................................
« Kate m’a filé une gifle. Je suis trop mais vraiment trop pédé. Elle avait pensé que….et puis, elle a vu que…et donc….Je te vois d’ici. Ragaillardie, hein ? Je te l’avais dit, Vincent…Non, mon cher, car je ne t’avais pas laissé parler ! Je suis sûre qu’au fond, elle hésite. Elle a dans l’idée qu’elle peut me sauuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuver ! Ah, la belle Kate, ses grands yeux verts, sa jolie taille ! Elle me fait venir l’eau à la bouche…
Pourtant j’aime Kate
Et ses yeux jolis
Elle est délicate
Aux longs traits pâlis
Oh que j’aime Kate
Ma mère aimait ce poème. C’est bien que la fille dont parle Verlaine dans A poor young sheperd s’appelle comme celle qui me plaît. »