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LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
1 mai 2023

ISEE ET LES DEUX VISAGES. Partie 3. Vacances idylliques...

VILLE VIDE USA

 

2. Un séjour idyllique...

Isée est arrivée à New York pour les fêtes de fin d'année. Son hôte, Phillip Hammer se met en quatre pour elle...

Le Rockefeller center avait tout pour me séduire. L'esplanade principale était, comme chaque hiver, transformée en patinoire et il était difficile d'imaginer arbre de Noël plus gigantesque que celui qui ornait ce bel espace. Hammer, en costume cravate et manteau luxueux correspondait à ce que j'attendais de lui physiquement car pour le reste il me sembla bien moins chaleureux que la veille. L'avoir rencontré m'avait entrer dans un processus d'initiation dont je pouvais difficilement m'extraire. Qui d'autre que lui aurait pu m'aider à passer outre la réalité en m'offrant la possibilité de la réinventer? Personne. Alors qu'il pût être charmant puis impérieux ne pouvait m'affecter, enfin je l'espérais...

Il me fit déjeuner au Dell Frisco Grill, un bon restaurant offrant une belle vue sur l'esplanade. J'y eus un aperçu du goût américain : opulence du décor, infaillibilité du service et grand choix de plats. Le steak que j'y commandai était excellent. Je l'accompagnai d'un verre de bordeaux rouge tandis que mon hôte se contentait d'une salade composée au poulet et buvait du blanc. L'idée est qu'ensuite il m'emmène voir sa galerie puis au Métropolitan muséum. J'étais d'accord mais ayant découvert que la boutique du musée se trouvait justement au Rockfeller center, j'y achetai des corsages qui évoquaient les toiles de grands peintres; Ainsi, je sortirai vêtue des iris de Van Gogh ou des Demoiselles d'Avignon, entre autres. Phillip m'attendit patiemment avant de me guider vers la cinquième avenue et son lieu de travail. Appelée "Orchidée noire", sa galerie était vaste et disposait d'un emplacement stratégique. On se battait pour y exposer et cela rendait Hammer très sélectif. Il me présenta son associée, une femme presque trop mince au visage évoquant des toiles préraphaélites avant de me guider dans les différentes salles de sa galerie. Il exposait alors un certain David Mortimer qui, curieusement, peignait des fleurs énormes aux couleurs violentes. Les fleurs en question étaient parcourues d'échelles et d'escaliers que gravissaient ou descendaient des dizaines d'individus réduits à des têtes d'épingle. Ce n'était en rien naïf mais au contraire d'un réalisme presque dérangeant. S'il n'en était tenu qu'à moi, je n'aurais ajouté aucun crédit à l'œuvre de monsieur Mortimer mais je découvris avec surprise qu'il avait déjà beaucoup exposé et très bien vendu. Présenter ses toiles dans la très tendance galerie de Phillip était ascensionnel. Le peintre autant que le galeriste avaient à y gagner d'où leur alliance. Naturellement, je ne fis preuve d'aucune morgue et du reste, Hammer ne me demanda rien. Quand j'eus bien tourné dans son bel espace, il me recommanda les plus belles vitrines de Noël de la cinquième et me fit même un plan.



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