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LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
31 octobre 2020

LUCAS ET KIRYLL. Quitter Londres pour l'île de Wight ?

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A Londres, Louis aime Satsuko, sa jeune épouse. Tous deux sont heureux mais un changement de vie se profile...

Satsuko s'exprimait beaucoup mieux en français, aimait Louis, se faisait cajoler par lui et adorait la vie parisienne. Toutes les conditions étaient donc réunies pour qu'elle mène une vie heureuse auprès de son « fiancé » mais le temps vint où sa famille lui manqua, et l'Angleterre. Elle souhaitait rentrer. Viendrait-il ? La proposition qu'elle lui fit le laissa enthousiaste. Oui, il la suivrait d'autant que leur installation dans la capitale britannique s'annonçait sous d'heureuses auspices. Satsuko, en effet, avait trouvé à travailler dans une maison d'édition à Londres où elle illustrait des livres pour enfants et Louis-Lucas la suivit. Au début, toujours enchanté, il ne fit guère que déambuler dans Londres, grande métropole qu'il n'avait plus revue depuis une ultime escapade anglaise avec Vincent et Hélène. Il chercha ensuite en vain. Après quelques semaines d'inactivité, la jeune femme craignit qu'il ait des difficultés à obtenir un emploi mais bizarrement, il trouva à s'employer comme barman dans un pub à la mode puis dans une sorte de café-librairie où l'on parlait les deux langues. Tout lui souriait-il donc ? Il le semblait bien car, si ce boulot là ne lui était pas confié longtemps, il était déjà sollicité pour travailler dans un autre établissement du même genre et il lui venait encore d'autres propositions ! Satsuko, quand elle reçut ses confidences, fut une fois de plus émerveillée par ce garçon débrouillard qui savait tirer profit de tout. Sans être bilingue, il parlait un anglais clair, travaillait vite et bien et avait beaucoup de charme. Il savait attirer et vendre sans jamais paraître manipulateur ou insistant et de plus, il était toujours prêt à apprendre sur le tas...Aimable et blagueur avec la clientèle du café-librairie, il n'y déparait pas car il était bon lecteur. Du reste, elle le surprenait souvent à lire ou à regarder de vieux films.

Dans cette période de félicité, quelques écueils surgissaient parfois. Louis continuait de temps en temps d'avoir des saillies bizarres qui ne cadraient pas avec ce qu'elle savait de sa vie. Il lui arrivait de parler tout haut dans ses rêves et de dire des prénoms qui ne signifiaient rien pour la jeune femme. « Vincent » et « Noémie » revenaient souvent. De la même façon, il nommait un prêtre et des amis italiens. Ceux-là, Satsuko se souvenait d'en avoir vu les photos dans le studio que l'homme de sa vie occupait à Paris avant leur mariage et leur arrivait en Angleterre. Car, il fallait bien le souligner, les premiers temps de leur vie anglaise avaient tout entiers été illuminés par un mariage haut en couleur, mêlant coutumes françaises et traditions japonaises.

Face à ses remontées d'un passé dont elle n'ignorait tout, la jeune fille, perplexe, restait muette. ll n'était pas dans la nature des Japonais d'être intrusifs et en ce domaine, elle ne dérogeait pas à la règle.  

LUCAS LOUIS

Un autre aspect de la personnalité de son mari la surprenait. A plusieurs reprises, comme ils lisaient des faits divers ou en entendait le récit aux informations télévisées, elle observa qu'accidents mortels ou morts brutales par agression ne l'horrifiaient pas. Qu'une mort soit ou non violente, il ne faisait pas de différence comme si perdre la vie n'était pas inquiétant. C'était comme s'il avait avec la mort un étrange rapport, comme si celle-ci était une vieille amie à ménager...Mais là encore, Satsuko ne lui posa aucune question.

Ils étaient depuis deux ans à Londres et se montraient heureux d'y être, leur joli appartement de Hampstead étant régulièrement visité par leur famille et belle-famille. Le mariage avait assis leur couple et les avait rendu radieux. Tout aurait pu continuer ainsi mais les parents de la jeune fille en décidèrent autrement. Ils venaient d'acheter une maison dans l'île de Wight, très grande et entourée d'un parc. Il ne s'agissait pas pour eux d'acquérir une résidence secondaire mais de faire du profit. Cette belle demeure traditionnelle disposait de multiples chambres, d'un ample séjour, d'un salon et d'une cuisine si vaste qu'une douzaine de personnes pouvaient y manger. En outre, elle était dotée d'un joli jardin ombragé de vieux arbres et très fleuri. Proche de la mer, elle offrait la possibilité de longues promenades sur les sentiers littoraux et serait agréable tant aux familles avec jeunes enfants qu'au voyageur solitaire , sans compter qu'entre ces deux extrêmes, il existait tout un lot de vacanciers possible, tous assoiffés de nature, de calme mais aussi de convivialité. A court terme, il s'agissait de faire tourner une chambre d'hôtes et à plus longue échéance de venir y vivre, les années se faisant sentir, mais tout en la gardant active.

Un peu surpris, Louis et son épouse trouvèrent cependant l'idée judicieuse. Restait à savoir qui gérerait les lieux ? Il était possible de trouver des gérants mais bien plus habile était d'y faire résider le joli couple. Louis avait le sens du contact et il savait gérer une affaire. Il pourrait éventuellement proposer des stages de langue française en ajoutant un petit plus : la chanson par exemple. Il avait appris, jeune, à jouer de la guitare et avait une assez jolie voix. Quant à Satsuko, elle pourrait proposer des stages de dessin et ceci, toute l'année. Épisodiquement, Miki, le père, y introduirait la gastronomie japonaise et, Ari, la mère, les soins du corps et du visage. Au bout du compte, l'affaire pourrait devenir très rentable.

  

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