Clive le Vengeur. Partie 3. Chercher la victoire...
En fin de compte, grâce à mes coups de pub (payants) et aux bouches à oreille (gratuit), j'ai vite refusé du monde le week-end et j’étais cité comme un bon plan dans divers guides. Je suis assez vite arrivé à ce que je voulais : créer un lieu de rendez-vous différent des autres, inventif, chaleureux et créatif. Mes anciens collègues de boulot, du moins certains d'entre eux, et même mon dernier boss sont venus. Et mes vieux bien sûr, qui ont regardé la carte des boissons dans tous les sens avant de s'attaquer à celle des plats. Et puis Kristin est venue jeter un œil. Je dois reconnaître qu’elle avait de la classe. On avait divorcé rapidement et sans casse, ce qui ne signifie pas qu’elle était naïve. Elle savait compter et j’avais été réglo. Elle m’a félicité. Bien sûr, elle morflait quand même mais elle avait le cœur à me revoir. Ce qui l’a vraiment surprise, c’est quand elle s’est rendu compte que je menais ma barque tout seul. Sûr, j’avais un comptable en béton et une serveuse en chef qui était une machine de guerre mais elle avait pensé à autre chose. Elle croyait que le petit jeune qui m’avait arraché à elle avait laissé des traces. Je l'avais déjà remplacé et le nouveau-venu plastronnait. Voir que personne ne jouait ce rôle-là, auprès de moi, ça l’a en quelque sorte apaisée. Elle était laissée mais pas supplantée…Bon, c’est la psychologie féminine.
Il restait Carolyn. Elle en avait pris un coup elle-aussi et elle essayait de me voir avec d’autres yeux. Son père qui levait de jeunes mecs…Évidemment…Elle aussi, je crois que le fait de me découvrir au four et au moulin entouré d’un paquet de gens mais seul affectivement, ça lui a fait du bien. Pour elle–aussi, c’était mieux que de lui asséner un jeune et fringant compagnon.
-Bud est un barman magique et tous les deux, on fait la paire…
-Je te présente Andy…
-Bob a cinq ans de moins que moi, pardon, dix mais…
Euh, non. Pour elle, tout du moins…
Donc, disons que pour moi, c’est une belle période qui s'est annoncé. J'ai commencé à me sentir propre. Je continuais de n'avoir aucune aventure car il n'y avait que le taf. Quant aux sollicitations discrètes que m’adressait Kathleen, une de mes serveuses, je faisais comme si je ne me rendais pas compte. C’était une femme très bien, mère d’un petit garçon de douze ans qui vivait plutôt avec son père, et je préférais jouer à l’aveugle, ne voulant pas heurter une employée d'aussi efficace.
Bon, tout ça pour dire que mes tractations avec Barney et mes divagations hautement sexuelles avec ce danseur au corps d’éphèbe, ça a commencé à devenir plus diffus sans que je m’en plaigne. Cette affaire-là, ça m’avait flanqué un sacré blues les premiers temps. Heureusement que je m’étais accroché à ce projet. Sinon, il m’aurait poursuivi, le regard chargé de reproches qu’il m’avait lancé avant de me balancer une gifle, le chéri à Barney…Parce qu’il avait eu beau faire son fier et rester digne, il s’était quand même pris une sacrée humiliation dans la figure. On l’avait manipulé, l’un et l’autre, l’homme de la haute et moi…Mais, je n’en rêvais plus la nuit, des soupirs et des sourires du beau jeune homme et de son déchirement final, c’était déjà ça. Au début, je ne m’étais pas demandé pourquoi je dormais seul. Il le fallait. Je continuais de crier de temps à autre ou à, dans un état de semi-éveil, à me livrer à des monologues nocturnes incontrôlés. Donc, c'était bien comme ça.
Le temps filait, c’est sûr et j’étais moins obsessionnel mais croire à une victoire facile, hein…Ben non !