Clive le Vengeur. Partie 2. Rencontres secrètes.
5. Chez Lopez. Attachements et maladresses.
C’est drôle comme on sait être bavards et lyriques quand on va rencontrer quelqu’un qui vous excite (doux euphémisme) ou quand on vient de le voir. On peut parler sans arrêt ou écrire plein de trucs. Par contre, quand il s’agit de dire de ce qu’il y a de plus intime dans une relation sexuelle qui fonctionne, ben là, mis à part quelques poncifs, il n’y a plus grand-chose à exprimer. On ne sait pas comment faire. Peut-être qu’il y a de mots. En tout cas, il n’y en pas pour dire que les corps qui se trouvent comme ça et se rencontrent de façon folle, et totale, ils se parlent, ils ont leurs codes, ils se renvoient des trucs et qu’ils ont du mal à se séparer.
L’automne a passé à toute allure. Erik venait me rejoindre chez « Riccardo Lopez » et nos corps à corps sont devenus différents. En théorie, je ne me démarquais pas de ce que Barney m’avait demandé de faire. Je n’étais pas toujours de bonne humeur, j’étais exigeant et je restais très offensif sexuellement. Mais, ça ne donnait pas les résultats attendus. Erik, que je l’attache, il voulait bien et il n’était pas contre certaines humiliations. Que je le bascule sur moi pour le fesser durement parce que, pour un oui ou pour un non, quelque chose m’avait déplu, il l’acceptait comme il acceptait certaines paroles ou certains gestes provoquant. Le souci c’est qu’il était à même de tout arrêter en un instant. Je l’ai deviné avant de découvrir qu’il avait tout pouvoir.
Une fois que je le prenais de façon particulièrement brutale, il s’est dégagé vivement puis il est sorti du lit. L’instant d’après, il était à la fenêtre et regardait dans la rue. Je l’ai rejoint. Je crois qu’il n’avait pas besoin de parler. Il avait une autorité naturelle qui devait lui servir dès que ça devenait difficile. Il y avait quelque chose qui ne collait pas. Quand on parlait, j’étais plutôt modéré et ouvert. C’était donc plutôt ça, ma nature. Cette autorité et cette violence accrue que je lui manifestais depuis peu, à partir du moment où le sexe entrait en scène, elles étaient bizarres. C’était comme si je jouais un rôle de composition.
-Clive, à la fin !
-Tu as dit que je pouvais quand même…
-Ne m’attache pas pour que je reste avec toi car j’y suis contraint. Pareil pour les coups. Je n’ai pas d'obligation te concernant. Ou si ?
J’étais blême. Ce pouvoir qu’il avait !
-Je me suis mépris…
-Je ne pense pas. Tu essaies avec moi. Sois plus gentil.
-Oui, oui d’accord.
Il m’avait fait comprendre ce qui le gênait et j’ai laissé tomber. Je suis redevenu avec lui comme au départ. Et à partir de là, nos corps se sont dit plein de choses. En fait, quand on parlait, on évoquait son enfance et sa formation et pour moi, il voulait savoir aussi. Ça l’amusait que je parle des mecs que j’avais dragués jusqu’à ce que je rende compte qu’une femme, c’était bien aussi, même si complètement différent. Ma femme, je ne la remettais pas en cause. On avait un lien fort. Le numéro que j’étais, elle le connaissait bien…Quand je parlais d’elle, je voyais qu’il dressait l’oreille. En tout cas, que je sois marié en ayant des à-côtés de temps en temps, il ne trouvait pas ça idiot. Peut-être parce que j’avais vraiment limité la casse.