Clive le Vengeur. Partie 2. Discussion entre Barney et Clive.
5. Mises en garde.
En agissant comme il le ait, Clive désobéit à Barney et contrarie ses plans.
J’ai failli trouver étrange qu’il ne m’invite plus dans ces super trucs où les snobs se réjouissent chaque seconde davantage de vivre dans le luxe mais bon…
Comme j’en étais à presque le regretter, il a laissé tomber les textos pour embrayer sur le téléphone.
-Alors ?
-Tout se passe bien chez Lopez.
-Ah oui, bien sûr ! Donnez-moi des détails.
-Des… quoi ? Vous rigolez ?
-Pas du tout.
-Vous savez tout de la sexualité de votre chéri, vous me l’avez dit et vous avez fait des trucs salés avec lui…
-Je vous parle de ce qu’il fait, lui, avec vous…
-Ah, ce coup-ci, ça ne vous semblera pas « excessif » que je mette la sexualité en avant ? Je croyais qu’il ne fallait pas que je parle de ça pour me vanter et cacher autre chose. Je me suis trompé, on dirait.
-C’est exact. Alors, où en êtes-vous ?
-Ben, c’est intense…
-Précisez…
J’ai dit non, pis j’ai fait le contraire. Comment que je te tournais et te retournais, mon joli-joli, comment qu’on allait dans la douche ou dans le placard, comment que je sortais des glaçons du frigo pour te les enfoncer dans son conduit avant d’y mettre la partie de ma personne qui lui apportait le plus de plaisir et comment que ça durait longtemps. Il a voulu savoir pour lui, ses initiatives, ses moments d’intensité. J’ai dit ses mains et sa langue et ses petits hauts le cœur quand il avalait. J’ai dit qu’il avait le teint plus clair, qu’on voyait qu’être rempli comme ça, ça lui faisait sacrément du bien. Pas dérangé du tout, Barney m’a complimenté sur ma virilité et suggéré que j’avais les bonnes mensurations…
-Ah ben, vous êtes moqueur…Comme c’est surprenant de votre part !
-Je ne fais que tirer des conclusions sur ce que vous me dites. A ce que je sais, depuis des semaines et des semaines, vous copulez beaucoup et ça ne faiblit pas. Vous avez donc tout ce qu’il faut.
-Allez-y, vous ne gênez pas. Foutez-vous de moi !
-Je vous écoute d’abord. Rajoutez-en, Clive, rajoutez-en…
Là, ça m’a déplu. J’ai attaqué.
-Il aime la queue avec moi, ton petit mignon et ça te fout la honte, hein ? Pas marrant à ressentir d’autant qu’il ne revient pas vers toi…
Bon, j’aurais dû le savoir. La réponse a été cinglante.
-Attention, Clive.
-Fallait que je me lâche…
-Vous risquez de le regretter. Retirez ce que vous venez de me dire et adressez-vous à moi correctement. Oubliez-vous le pouvoir que j’ai ?
-Quel pouvoir ?
-Oh, Clive ! J’envoie un message à Erik en lui disant que je sais qui il voit et je déballe sur vous suffisamment d’insanités pour qu’il évite de vous voir. Il se tiendra à ce que je lui dis. Vous retirez ?
-Je …Oui…D’accord. Je fais ça.
-Alors excusez-vous. Vous ne voudriez pas que votre femme ou votre fille soit soudain au courant de ce que vous leur cachez ? Et vos voisins non plus…
-Non. Je vous présente mes excuses.
-Je les accepte, Clive. Bon, reprenez sur lui. Allez, soyez talentueux…J’attends de nouveaux détails.
Mais là, j’ai senti que je ne devais plus lui donner d’éléments. Il en profiterait toujours et au bout du compte, je m’emporterais, je lui dirais des conneries et il me moucherait.
-Ecoutez, Erik, dans l’intimité, c’est quelqu’un de beau. Ce que je viens de vous balancer, ça me fait du bien de vous l’avoir dit mais je regrette d’avoir parlé de lui de façon triviale. De toute façon, je ne sais pas décrire ce qui se passe entre vous.
-J’ai trouvé que si. Pourquoi serait-il vulgaire et faux de dire que votre queue lui convient puisque c’est vrai ? En outre, sur d’autres plans, vous lui convenez aussi. Je ne suis pas idiot. L’intimité forte qu’il a avec vous est difficile à accepter pour moi. Je suis conscient de mes limites…
-Vous ? Impossible, ça !
-Pourquoi ?
-Vous êtes bien trop imbu de vous-même…
-Eh bien non, pas en ce domaine. D’une certaine façon, il vous adore. Vous le rassurez, vous lui faites du bien. Et vous êtes mieux que moi au lit, pour ce qui le concerne. C’est une certitude, ça.
-Euh, je préfère rester prudent.
-Dans vos propos ?
-En général, on va dire.
-En même temps, Clive, je comprends vos fanfaronnades et vos réticences. Votre position est difficile. Ce que je vous ai demandé, ce que vous ressentez et le temps qui joue contre vous…
-Arrêtez, vous allez repartir sur un discours qui ne s’arrête jamais, type Georges Balanchine.
-Bien compris, Clive.
Toujours aussi malin, il a changé de cap, reprenant un ton de voix élégant et poli.
-Bientôt, vous recevrez de l’argent.
-Quoi ?
-On va vers la fin de votre mission. Je vous dédommagerai. Vous pourrez ainsi, prendre de plus longues vacances, vous acheter une belle voiture ou une grosse moto… réaliser quelques- uns de vos rêves.
-Riccardo Lopez revient du Mexique ?
-Aux dernières nouvelles, oui. Sa pauvre mère va mieux.
-En cas, ça change la donne pour le lieu de rendez-vous ? Erik, je peux le voir ailleurs…
-Je n’en suis pas sûr, Clive…
J’ai eu une drôle d’impression d’autant qu’entre les textos et les coups de fil, il savait qu’on se voyait régulièrement, Erik et moi. Ce qu’il venait de dire, ça ma glaçait. Pas de troisième adresse ? Il comptait entrer dans la danse en nous recevant quelque part ? Je ne sais pas, mais ça sentait vraiment le coup fourré.
-Bon, vous me direz comment vous vous organisez…
-Comment je m’organise ? Vous me rendez perplexe…
-Ben oui. Pour le retour de Lopez, enfin, ce qu’on fait…
-Très bientôt, Clive, vous aurez tous les éléments en main…
-Et ce sera plus clair, alors…
-Oui.
-Erik m’a dit de venir à son prochain spectacle.
-Ah ! Il a réussi à imposer Jeux ! J’en suis ravi pour lui car ça n’a pas été simple. Il va être merveilleux. Et puis, il est aussi au centre d’un montage sur Fokine : vous le verrez en Arlequin, en esclave d’or…Non, vraiment, je vous assure, il s’est battu pour que naisse ce spectacle. Il y a bien Martins, le directeur artistique, qui est danois lui-aussi, mais il n’est pas seul…Je suis très fier de ce qu’il tente !