Clive le Vengeur. Partie 3. Renouer avec Kirsten Brewing.
4. Kirsten, l'amie de jeunesse. Echanges et confidences.
Retrouver Kirsten, c'est retrouver le lycée et la jeunesse; la culture aussi.
Kirsten Brewning, elle est venue plusieurs fois dîner ou prendre un verre avec des amies à elle. Elles étaient bien polies tous les trois ou toutes les quatre, des convives comme on a envie d’en recevoir. Elle, Kirsten, elle a commencé à me filer des indications sur des recettes « européennes » que je pourrais adapter pour mon restaurant et d’autres sur des cocktails plus originaux et légers que je proposais au bar, à l’habitude. Je ne devais pas oublier que ma clientèle s’était beaucoup diversifiée et qu’elle incluait un certain nombre de cadres : ceux de l’aéroport et de diverses entreprises voisines…Au début, elles m’ont fait rigoler, ces suggestions mais elle m’a pris au mot et invité à dîner chez elle. J’y ai retrouvé ces copines, toutes plus drôles les unes que les autres et j’ai été surpris. Ouah, le bœuf comme ça, avec des légumes, ça pouvait plaire et le bordeaux rouge français qu’elle m’avait servi, aussi…
Chez elle, c’était très joli. Des murs tendus de blanc, de jolis tableaux aux murs avec une insistance pour les nature-mortes avec des fruits ou des fleurs et de beaux objets : statuettes, bibelots exotiques. Aucune surcharge et toujours du meilleur goût. Il y avait des livres jusque dans sa chambre et tous étaient soigneusement rangés sur les étagères de bibliothèques aux lignes sobres. Elle écoutait manifestement beaucoup de musique, notamment de l’opéra, j’ai pu le constater en jetant un œil sur l’alignement de CD dont elle semblait faire une immodeste consommation. Pendant le dîner, j’ai senti que ses amies et elle essayaient de ne pas trop aborder certains sujets comme, par exemple, la littérature américaine ou les voix montantes de l’art lyrique. Je n’étais pas aussi cultivé qu’elle, loin s’en faut, mais elles étaient très éduquées et surtout bienveillantes. L’idée de m’en mettre plein la vue les mettait d’emblée mal à l’aise. Ce n’était pas le genre. La conversation a glissé sur les groupes que je pourrais engager pour se produire dans mon restaurant et aussi sur les expositions que je pourrais organiser. Elles avaient des idées là-dessus. J’ai retenu leurs suggestions.
Évidemment, ce soir-là, on a évoqué notre jeunesse et ce lointain Lac des cygnes…Elle comme moi avons fait de notre mieux : c’était le bon vieux temps. Elle avait l’air d’avoir complètement minimisé le fait que je lui avais tourné le dos des années durant. C’était juste la vie qui nous avait séparés…