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LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
16 octobre 2024

Clive le Vengeur. Partie 3. Kirsten et Clive. Parler pour se libérer.

 

 

Kirsten, devinant que la discussion allait durer, est allée me chercher un verre de vin supplémentaire et elle, elle s’est mise à boire de l’eau. Puis, elle a repris.

-Tu sais, j’ai deux enfants. Mon fils aîné à vingt-deux ans et ma fille vingt. Si, par hasard, nous apprenions, mon ex-mari et moi, que l’un des deux est attiré par quelqu’un de son sexe, je ne te cache pas que la pilule aurait du mal à passer. Je l’accepterais néanmoins avec une appréhension : que le choix fait par mon fils par exemple ne le mette pas en face d’un adulte manipulateur mais d’un compagnon sain et de son âge.

-Je peux comprendre. J’ai été odieux, horrible, je le reconnais. Mais il avait un plan, lui, l’homme d’argent. C’était sûr et ce devait être terrible …

-Il en avait un, tu es sûr ? A ce que je comprends, rien n’était programmé. Cet homme malheureux à voulu vérifier une hypothèse. Ce jeune homme avec qui il s’était réconcilié devait accepter en douceur une version des faits qui ne soit pas trop blessante. Tu étais une aventure. Il n’avait pas à te revoir, en tout cas pas comme ça. Seulement, il lui a fait faux bond d’emblée…Il est donc resté un homme bafoué. S’en rendant compte, il a voulu vérifier une piste et en effet, vous étiez là. A partir de cet instant, tout a dû être terriblement tendu…

-Non, il avait un plan. Il aurait continué de le manipuler…Je n’aurais pas été écarté. C’est pour ça que je me suis taillé…

-Un plan mais quel plan !  Quant à toi, « tu t’es taillé » pour reprendre tes termes parce que tu n’avais plus d’argument. Il te rendait fou ce jeune homme mais tu étais coincé. Tu l’as provoqué jusqu’au dernier moment ! Imagine qu’il ait été plus faible de caractère ! Vous l’auriez avalé tout cru…

-Tu lis trop de contes de fées !

-Mais non ! Du reste, il n’a pas fait preuve d’une grande mansuétude en piégeant ainsi son compagnon.

-Mais de là à lui asséner un tel coup !

-Oh mais tu es naïve ! Il lui avait tout le temps menti !

-Et toi-aussi ! Tu as perdu toute crédibilité. Il n’a pu que te détester ! Je plains ce jeune homme, tu sais !

-Barney est haïssable.

-Et toi, méprisable ? On lance un concours ?

-Non.

-En tout cas, tu as choisi de t’en aller…Excuse-moi mais c’était facile.

-Il fallait que je lui demande pardon ? Quel pardon ce jeune homme pouvait-il m’accorder ? Aucun

-Si tu lui avais dit que tu t’étais livré à la prestation la plus vile de ta vie et que jamais, jamais plus tu ne tomberais dans de tels travers, ça l’aurait sans doute atteint. Sur le moment, je reconnais que c’était difficile de lui parler, impossible même mais tu aurais pu lui écrire. Tu t’es vengé de toi-même…

-De moi-même ?

-Oui, de tes origines, de tes études avortées, de ta profession qui, contrairement à ce que tu devais affirmer, n’était pas valorisante pour toi. Tu t’es vengé de tromper ta femme avec des petits mecs et de n’avoir jamais accès à quelqu’un de brillant. Tu as pris ça pour une affirmation de toi-même, le fait qu’on te livre ainsi un être qui avait un don aussi manifeste et une beauté radieuse…Mais tu l’as avili pour te venger de tes origines, de ta petite vie…

Elle avait un ton un sec qui m’a glacé.

-Mais, je ne te permets pas !

-Ça ne m’empêchera pas de poursuivre. Ce que je dis est vrai.  Clive, c’est mal, vraiment mal.

-D’autant que je n’ai pas été puni ?

-Et qu’il l’a été, lui, ton rival, car il est tombé malade ? Certainement, il y a un lien entre le départ de ce jeune homme et sa maladie…Mais ce départ ? Il n’est plus au New York City ballet, n’est-ce pas ?

-Je…Je ne sais pas.

-Dis-moi, son nom, je vais vérifier.

-Erik Anderson.

Elle est allée allumer son ordinateur puis est revenue.

-Non, il a quitté la troupe et de toute évidence New York.

-Tu sais ça comment ?

Elle a ouvert de grands yeux.

-Facebook ? Entendu parler ?

-Il a une page Facebook ?

-Très sage et récente. Il est signalé en Allemagne.

-Il y a…il y a…des photos de…

-Lui, oui. Beauté racée. Va voir…

-Non, je me souviens…

Elle a soupiré puis m’a regardé avec curiosité et sympathie, comprenant que malgré tout ce que j’avais pu lui faire, ce danseur, je continuais de l’aimer.

-Tu regrettes, n’est-ce pas ?

-Oui, tout.

-Qu’est-ce qui est le plus lourd ?

-L’expo au début et les conneries que je lui ai dites. Ma fausse gentillesse. Son visage la première fois, c’était…tellement de lumière…

-Et qu’est-ce qui est le plus léger ?

-Son abandon après les…rapports physiques…Ces gestes tellement gracieux, ses sourires, sa façon de soupirer d’aise, ses paroles aussi…

-Il t’a parlé d’amour ?

-Non

-Même concernant l’autre ?

-Il a dit que l’autre l’intéressait mais qu’il était compliqué. Il ne m’a pas dit qu’il l’aimait. Et bien sûr, il ne m’a pas fait de déclaration à moi non plus.

 

 

 

 

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