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LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
16 octobre 2024

Clive le Vengeur. Partie 4. Manhattan. Retrouvailles Clive et Erik. Evoquer Barney.

-Mais quand même, Barney, il était tordu !

Il a eu l’air tout d’un coup de trouver incongru que je parle ainsi d’un homme qui comptait encore pour lui à cette époque. Me trouvant trop tendu à son goût, il m’a proposé un whiskey et me l’a servi. J’en avais déjà pris un en bas et je n’étais pas bien sûr que ça me rendrait plus serein. Il m’a fait signe de m’assoir car j’allais et venais sans cesse, montrant une grande nervosité. Il y avait une chaise et le lit. J’avais peur du lit, à cause de ce désir qui me tenaillait et je me suis assis, de façon un peu ridicule, sur la chaise.

-Julian et ses scénarios, ses divagations…Tu n’as vu de lui que cela. Tu juges vite.

-Et je dois voir quoi d’autre ?

-Il avait son importance et j’avais une relation forte avec lui. Je l’ai connu en Angleterre et là, il n’y avait rien entre nous. Il m’impressionnait. On est devenus amants au Danemark mais ça n’a pas duré. Ici, à New York, on a remis ça et ça a été une très mauvaise idée. Avoir une relation avec quelqu’un comme lui, pour moi, c’était l’épuisement assuré. Et il en était de même pour lui.  Il voulait me contrôler, ce n’était pas recevable. Il l’a tout de même compris. Se poursuivre, se retrouver pour mieux s’écarter l’un de l’autre, se jouer des tours comme on le faisait, s’apitoyer l’un sur l’autre pour se bagarrer ensuite, non…non…Il fallait que ça s’arrête. C’était positivement infernal. Il vit avec un de ses assistants maintenant et c’est très bien.

-Il a été malade.

-De moi ?

-Je n’ai pas dit ça.

Là, il a changé de ton et s’est montré bien plus froid qu’auparavant.

-Mais moi, je le dis. Je l’ai mis à terre : je le reconnais.

C’était si direct que j’ai pâli.

-Ah, ah d’accord…Et tu le revois ?

-Oui.

-Et c’est important pour toi ?

-Oui d’autant que notre relation évolue. Ne te méprends pas. Il sera conseiller technique sur le film que je vais tourner. C’est donc un moyen de reprendre contact avec des garde-fous sûrs.

-Mais quand même…

-Ne me fais répéter ce que je viens de te dire.

-Pas la peine. Je préfère être à ma place. Tu sais, moi aussi, je le vois, je lui parle, je sais qu’il ressent.

-Et ?

-Bon, il doit savoir ce qu’il fait en acceptant de travailler avec toi.

-Il ne travaille pas avec moi, il travaille pour moi.

Eh bien, qu’est-ce que je venais de dire ; c’était clair. Comment ferait Barney pour échapper à l’essorage final ?

-Tu as encore des questions ?

- Sur lui, non.

C’était difficile de beaucoup insister d’autant que lui se contrôlait très bien. Sa beauté me faisait chavirer. S’en rendait-il compte ? Oui mais comme je l’ai dit, il avait changé. J’avais le sentiment que ces regards masculins et féminins pleins d’hommage et d’attente, il ne les vivait ni comme une satisfaction narcissique ni comme un embarras peut-être parce que l’ancrage qui lui manquait existait désormais, sous quelque forme que ce soit.

Il était assis sur un fauteuil et il s’est levé.

-Tu ne veux pas du vin ?

-Euh, si…

-Il n’y en peut-être pas dans cet hôtel ?

-Si. On peut commander.

-Faisons-le.

-Rouge ? Blanc ?

-Passe-moi la carte.

Il a choisi et commandé.

-On devrait manger en même temps. Tout cet alcool…

-Ah si tu veux !

En attendant que tout arrive, j’ai occupé le terrain. J’ai dit mon restaurant, l’idée que j’avais eu d’en faire une salle de spectacles et mes efforts pour proposer une programmation de qualité. J’ai évoqué Kathleen et Kirsten et j’ai fait allusion à cette conférence que Barney était venu donner à Newark. Il a trouvé ça bien sans faire de grands commentaires. J’ai cru que ça ne l’intéressait pas beaucoup avant de soupçonner qu’il restait volontairement discret.

Les plats et le vin étant arrivé, c’est lui qui a parlé. En Allemagne, il avait travaillé pour un chorégraphe américain, originaire du Milwaukee, qui vivait à Hambourg depuis des années et avait montré une compagnie de danse. A son contact, il avait mûri et s’était apaisé. Montréal, c’était un coup de poker. Il avait été heureux que ça marche.  Et puis, il avait rencontré une canadienne de quarante ans. Elle lui plaisait beaucoup. Elle était son amie et sa conseillère. Je n’ai pas relevé. On a mangé et bu. Après le dîner, e suis resté silencieux tout d’un coup et cette fois, il est devenu plus précis et plus grave.

  • L’argent que je t’ai envoyé, il t’a servi pour ta salle de spectacle, c’est bien cela…
  • Oui.
  • Je suis content de l’apprendre. Pourquoi Newark ?
  • Ma jeunesse.
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