Battles. Partie 1. Le Résistant arrêté.
1. Arrestation de Paul dit Battles. Résistant.
Depuis longtemps déjà, Paul Kavan résiste à la dictature qui sévit dans son pays. Il fait de la radio clandestine et appelle ses auditeurs de l'ombre à se soulever; mais voilà qu'on l'arrête et qu'on l'emprisonne.
Depuis quelques temps, Paul ne rêvait plus de Lisbeth. C'était sans doute mieux. Elle s'était peut-être fait arrêter, ou si elle se cachait quelque part, ça signifiait qu'elle avait pu s'enfuir et échapper à leurs poursuites. Elle devait se rapprocher de la frontière estrerienne, c'était l'intuition qu'il avait... Bon, lui, il s'était fait prendre. Il s'en était fallu d'un cheveu, pourtant, pour qu'il leur échappe encore une fois. Ils avaient quand même couru après lui pendant trois ans mais il avait commis l'imprudence de dormir deux fois au même endroit à Dannick ; une chambre de poupée dans un immeuble perdu au fin fond d'un quartier populaire. Les policiers avaient défoncé la porte. Éreinté, il dormait profondément. A peine le temps de prendre son arme. Il avait manqué un de ses adversaires. On l'avait désarmé, ceinturé violemment et arrêté.
-Paul Kavan alias Battles ? La cavale est finie. Vous êtes en état d'arrestation.
Il avait ironisé.
-Briser cette porte. Est-ce ça en valait la peine ?
-Vous auriez répondu si nous avions frappé ?
-Non.
-Mais vous auriez tenté de fuir. Nous sommes au sixième étage. Il y a un escalier extérieur de secours. C'est haut et ça demande un bon entraînement mais vous auriez tenté le coup. Je me trompe ?
-Non.
-Bon, alors vous comprendrez pourquoi nous avons manqué d'élégance.
Il lui avait mis les menottes, le très poli inspecteur Mesler et il avait eu droit à un traitement qu'on réservait aux huiles : voiture banalisée noire, trois policiers pour lui tout seul, une cellule où il avait été confiné sans qu'un tas de gens arrêtés eux-aussi ne viennent lui casser les pieds avec des questions stupides et, ô luxe, un beau bureau plein de meubles fonctionnels mais élégants pour attendre celui qui prendrait l'affaire en main. La quarantaine finissante, les temps grises déjà et un visage de baigneur étonnamment joufflu avec, malgré un nez court et une bouche aux lèvres trop minces, le regard sombre d'un fin limier.