4. Une gardienne rouée et un instructeur perfide.

Après une phase d'adaptation, Paul est doté, à la prison Etoile, d'une gardienne antipathique et d'un instructeur qu'il finit par voir. Retors et fanatique, celui-ci lui en impose.

Après son esclandre, Paul ne fut pas laissé dans le bureau où on lui avait donné son matricule. Une gardienne d'une cinquantaine d'années, armée, le conduisit dans un couloir bétonné et, au sous-sol, elle l'installa dans une cellule assez grande, munie d'une fenêtre grillagée, d'une tablette portant une télévision, et d'un lit comportant un matelas et une couette ainsi qu'un oreiller. La pièce disposait d'une armoire métallique, d'une autre table nantie de deux chaises et même de rayonnages de bibliothèque. Elle ouvrait sur une salle de bain dotée d'une douche et d'un lavabo ainsi que de toilettes. Il y avait des serviettes et du papier hygiénique. Paul était éberlué.

Pas très grande et massive, la gardienne aboya :

-Je suis ta gardienne. Tu m'appelles Gardienne Xest quand tu me parles. Tutoiement interdit. Compris.

-Oui, gardienne Xest.

-Matricule ?

Paul hésita. Xest hurla :

-Matricule ?

-DS. Cinquante-huit trois. Deux cent sept neuf.

-Parfait. Pas besoin de réveil personnel : une sirène te dit de te lever, alors tu le fais. Tu es un gentil garçon alors tu ouvres l'armoire à pharmacie et tu prends les doses jaunes, pigé ? Ensuite tu manges ce qu'on t'apporte et tu me suis. Tu travailles toute la journée mais tu as une pause de vingt minutes. A dix-sept heures, je te ramène. Tu prends les doses bleues, tu te laves et tu chies. Récréation : tu regardes les programmes obligatoires. Alternative, tu lis uniquement ce qu'on t'autorise à lire. Vingt-heures, tu manges. Vingt-et une heure : tu as encore droit à une heure de télévision et avant de dormir, tu prends les doses vertes. Au cas où tu mélangerais tout, tu as un récapitulatif sur un des battants de l'armoire et quand tu ouvres la télé, ce même message s'affiche. Alternative : tu peux disposer d'une radio afin d'écouter en boucle les discours dont tu dois t'imprégner. Compris ?

Paul, saisi, ne dit rien. Était-il en enfer ? La gardienne se remit à crier.

-Alors ?

-Oui, gardienne Xest !

 Elle parut satisfaite.

-Parfait.

-Je peux poser une question, gardienne ?

-Pose-là.

-J'ai bien un instructeur ?

-Oui, tu en as.

-Il est comme vous ? Aussi aimable ?

Xest sortit sa matraque.

-Qu'as-tu dit ?

-Il aboie aussi ?

Elle le frappa. Il tomba à terre.

-C'est lui-seul qui décide quand il commence à te rééduquer. Pour l'instant, tu es seulement au travail et moi, je rends compte de tout ! Relève-toi.

Paul le fit. Il avait mal. Elle poursuivit :

-Tu verras, Il est très performant. Tu avanceras bien avec lui. En résumé, tu fais ce qu'on te dit.Tu as deux interlocuteurs, ton instructeur et moi. Attention, n'essaie pas de quémander du papier pour écrire. Ne dégrade rien ici et suis la notice pour tes vêtements. Sois propre et poli. Compris ?

Il la toisa et elle le frappa de nouveau. Il finit par gémir :

-Oui, gardienne Xest.

-Parfait. Une chose encore. Tu vas souvent te mettre à poil dans ta cellule pour que je te fouille au corps. Ici, on ne fait pas confiance à personne. D'ailleurs, on commence tout de suite. Désape-toi.

Il le fit. Les doigts de la grosse femme entrèrent en lui et lui firent mal.