Battles. Partie 2. Winger et Paul. Convoyage et séduction.
A travers la table, Winger posa sa main sur celle de Paul.
-Personne ne t'y oblige. Tu es à moi, tu l'as compris.
-Oui, Instructeur.
-C'est bien. Tu as aimé me voir nu car tu veux devenir comme moi.
-Vous êtes mon modèle.
-Bien, très bien.
Winger se leva, fit le tour de la table et se pencha pour embrasser Paul sur la bouche. Dans un premier temps, celui-ci eut un recul.
-C'est impossible !
-Pourquoi ? Nous sommes les deux facettes d'une même personne. Le Gardien de l'Ordre nouveau et son Chantre, celui qui sait si bien l'exalter ! Nous sommes unis. Tu sais cela ?
-Je le sais, Instructeur. Mais néanmoins...
Winger s'était écarté de Paul et riait.
-Ne t'inquiète pas. Tout ira bien. Ici comme à Dannick. Je suis puissant, bien plus que tu ne l'imagines. Je ne te priverai pas de putains mais tu verras, tout deviendra lumineux. Tu voudras, tu attendras.
Paul ne sut que répondre. Ils jouèrent encore aux cartes puis l'instructeur commanda à dîner. En attendant que celui-ci arrive, il reprit son revolver, laissa Paul à la garde d'un soldat qui l'avait fait venir et s’éclipsa.
-Des mises au point à faire pour demain. Sois sage.
-Oui, Instructeur.
Il mit du temps à revenir et quand il fut là, ils dînèrent. Il était tard, Paul était fatigué.
-Tu veux dormir ?
-Oui, Instructeur.
-Va.
Paul passa des vêtements de nuit et s'endormit très vite. Il s'éveilla en sursaut quelques heures plus tard : quelqu'un était entré et l'observait. Toutefois, quand il eut allumé la lumière, il ne put que constater son erreur, il était seul. Il éteignit et le sommeil le gagna de nouveau. Il fit alors un rêve violent : le bel instructeur se mettait nu, le faisait se coucher sur le ventre et le pénétrait une première fois avant de se coucher sur le côté. Au bout d'un moment, il livrait un nouvel assaut avant de regagner sa couche. Dans chaque cas, Paul se mordait les lèvres pour ne pas crier, de peur que la chambre soit envahie de soldats plus intéressés qu'accusateurs. Il préférait ce déchirement intime que lui imposait Winger en le violant à la honte d'être surpris. Toutefois, à l'aube, il ne put que constater son erreur. Le lit ne témoignait d'aucun corps à corps et ne montrait aucune tâche suspecte. Que c'était étrange ! Rien ne s'était passé mais son corps était endolori et là, où il avait été forcé, il était blessé...Mais l'Instructeur, quand il le retrouva, ne parut pas impliqué. Il continua de lui parler avec cette familiarité un peu hautaine qui scellait leurs rapports. C'est à Dannick que tout se scellerait, il le lui avait dit. Comment aurait-il pu se contredire pour venir le posséder ainsi ?
-Dans quelques temps, ce sera parfait Paul.
-Oui, Instructeur.
-Qu'est-ce qu'il y a ? Tu parais souffrant.
-Non, Instructeur. Des cauchemars cette nuit.
L’œil de Winger brillait cruellement. Peut-être était-ce vrai qu'il l'avait rejoint pour créer avec lui une intimité aussi troublante, peut-être était-ce était une voie à suivre et un honneur que d'accepter ces étreintes cachées ?
Mais au docteur Josephon, il ne pouvait dire cela. Il évoqua donc le dernier soir en le présentant comme calme, revint sur l'embuscade et évoqua les partisans.
-Vous pensez toujours qu'il n'est pas mort ?
-Mort ? Non. Il ne peut l'être.
-S'il était vivant, Il aurait le même rôle auprès de vous ?
-Mais oui, il est mon instructeur.
Peu à peu, rassuré par le chirurgien qui l'avait opéré, il commença à se remettre. Très occupé qu'il était par les exercices que lui faisait faire un kiné pour recouvrer l'équilibre, il en faisait d'autres sous surveillance pour se muscler et malgré l'hiver, il allait dans le parc. A Étoile, l'été était réel mais bref. L'envie de sortir pour offrir son visage aux pâles rayons du soleil ne manquait pas mais c’était impossible. Le plus souvent bloqué dans des souterrains artificiellement éclairés, Paul, ne savait jamais quelle heure il était vraiment. Il retrouvait donc le rythme des jours et des nuits. Il retrouvait les plaisirs aussi : celui de manger autre chose que des purées aux couleurs étranges et de boire ce qu'on appelait du café ; celui de boire un verre de bon vin et celui de contempler le paysage qu'il voyait des fenêtres de sa chambre ou de celles du salon qui y était attenant.