Battles. Partie 2. Paul se souvient. Libération d'Etoile. Route pour Dannick. Le convoi et l'Instructeur.
Monica Josephon fronça les sourcils. Paul parlait de son instructeur avec un mélange de respect et de crainte. Son conditionnement avait été très maîtrisé.
-Qu'a-t'il fait ?
-Oh, il m'a dit de me laver et de me changer et il était resté présent tant que je le faisais. Ensuite, il m'a dit de rester seul et plus tard, nous avons nous avons dîné. Il m'a parlé de Dannick, du plaisir que j'aurais à y être et de la façon dont il guiderait mes pas...Ensuite, il a fallu dormir. Il avait mis des fourrures sur mon lit et je me sentais bien...
-Et le lendemain ?
-Je me souviens du départ. J'ai été surpris car j'ai changé de véhicule. On m'a fait monter dans un véhicule blindé avec l'instructeur, le chauffeur et un soldat. Devant il y avait un autre fourgon blindé avec des soldats. Il restait trois cents kilomètres et ils avaient balisé tout leur itinéraire. Au début, j'ai bavardé avec mon instructeur puis, je ne sais pas pourquoi, je me suis endormi.
-Vous ne savez vraiment pas pourquoi ?
-Si, si bien sûr. Mon instructeur m'a fait boire dans une petite flasque entourée d'un cadre en métal. C'était amer. J'ai fait la grimace et il a ri. Je me souviens de son rire car il m'a rendu heureux. Je me suis promis, puisque nous étions amenés à nous rencontrer régulièrement, de le mettre souvent de bonne humeur pour l'entendre encore, ce rire. Au bout d'un moment, je me suis réveillé en sursaut. Mon instructeur m'a souri mais je l'ai senti surpris. Il m'a de nouveau tendu la flasque et quand je me suis endormi de nouveau, j'avais de bonnes pensées. Je me projetais dans ma vie future et je savais qu'elle serait brillante !
Paul se tut un instant et ferma les yeux. Puis, il regarda de nouveau le docteur Josephon. Elle irradiait.
-Le PCAL, les Partisans combattants de L'Ambranie libre, est intervenu à ce moment-là. Ils avaient été informés de votre transfert par voie de terre puisque l'avion qui devait vous transporter a passé négativement les tests de sécurité. Il fallait le laisser au sol pour réparer des avaries dans un des moteurs. Il y a, dans l'enceinte de la prison, quelques gardiens qui servent d'indicateurs et l'information a filtré. Les résistants ont bien préparé leur affaire...
-Je ne me souviens de rien. Le sommeil m'a terrassé.
-C'est ce qu'ils vous ont fait boire. Votre convoi s'est heurté à un barrage constitué par deux camions accidentés sur la route. Contrairement au trajet effectué la vieille où les routes empruntées ne peuvent l'être que par ceux qui gravitent autour de la prison Étoile, cette portion-là est commune à de nombreux voyageurs. Cet accident ne leur a paru suspect dans l'instant et ils ont suivi des panneaux de déviation. Il y avait la police sur les lieux et des ambulances, ce n'était pas le moment de traîner et de se faire remarquer.
-Tout était bien préparé...
-Oui, c'était parfait pour les résistants car, sous couvert de faire passer certains véhicules par une route et le reste par une autre, ils ont isolé votre convoi. Quand vos convoyeurs ont compris qu'ils étaient refaits, ils avaient cent kilomètres au compteur...
Monica avait les yeux brillants. Son existence devait être paisible et routinière, de sorte que le récit qu'elle faisait, fidèlement inspiré de ce qu'on lui avait narré, l'exaltait et la rendait joyeuse comme une enfant.
-Il s'est mis à tomber des cordes et la visibilité était limitée. Les Partisans les ont conduits où ils voulaient...Ils sont arrivés dans un village désert où un échafaudage de barrières et de planches barrait le passage. Ils ont flairé le piège mais c'était trop tard. Il y a eu une première fusillade et ils ont perdu cinq de leurs hommes. Les partisans tiraient des toits où ils étaient embusqués ; dans votre convoi, cinq hommes sont morts
Paul se souvenait vaguement. Des cris, des coups de feu, le chauffeur qui faisait marche arrière, l'instructeur arme au poing...Paul avait compris le danger mais avait été puissamment drogué et malgré la violence du combat, il était incapable de faire quoi que ce soit, sans quoi, il aurait défendu Markus Winger...
Monica poursuivit.
-Une fois neutralisée le camion blindé, il est resté le véhicule dans lequel vous vous trouviez. Ils l'ont fait reculer, vous en ont fait sortir et se sont embusqués dans une grange. Ils y ont été très vite cernés. Ce sont vraiment des fanatiques, ceux qui font cela ! La voiture qui vous transportait était inutilisable, ils étaient en sous nombre et n'avaient aucune chance de se tirer d'affaire !
Elle oubliait que Paul ne pouvait avoir sa vision. Il défendait lui, les options de ceux qui le ramenaient à Dannick et non ses libérateurs. Et c'était ces derniers qui avaient informé la presse étrangère.
-Mais il est normal qu'ils aient livré combat jusqu'à la mort ! Ce sont des soldats. Et quant à mon instructeur, ne devait-il pas me défendre ! C'est un tireur d'élite et un grand patriote !