Battles. Partie 2. Embuscade sur la route pour Dannick. Paul caché puis exfiltré.
De nouveau, la femme fut prise de pitié. Cet homme qui avait été mentalement torturé et probablement battu s'inquiétait pour son tortionnaire !
-Ils tous morts, Paul. Lui aussi, d'une balle dans la tête.
Paul sursauta et fit un signe de tête négatif.
-Impossible. Un brave ne peut mourir aussi sordidement !
-Paul, il était votre ennemi ...
-Non, il m'a rééduqué de façon magistrale !
-Il allait vous abattre pour que les résistants ne vous aient pas vivant. Il a été pris de vitesse par un tireur aussi doué que lui.
Paul demeura sidéré. Il passa les mains sur son visage comme pour chasser de mauvaises pensées et poussa un cri rauque qui traduisait son effarement.
-Mais il était sorti du véhicule, alors ?
-Oui, et vous aussi. Le feu aurait pris. Ils vous voulaient vivant !
-Mais lui ? Il s'est embusqué ! Quel tireur ! Rien ne lui échappe.
-Il a suffi d'une balle.
-Il est mort ! Il est mort ! Il était mon garant, mon maître, mon guide !
Monica ne put s’empêcher de s'approcher de lui et d'essuyer les grosses larmes qui roulaient sous ses joues. Elle le croyait effondré et moralement affaibli mais il eut un haut le corps si violent quand elle le toucha qu'elle recula vivement. Il avait le regard dur et un peu fou. Elle le laissa l’interroger.
-Vous mentez ! Vous osez mentir !
-Non, c'est la vérité. Écoutez, mes sources sont sûres.
-Huit morts, huit convoyeurs...
-Trois résistants sont morts aussi...
De nouveau, il la regarda étrangement. Elle avait envie de partir, ne pouvant gérer ses émotions face à cet homme transformé qui devrait, par bribes, récupérer sa personnalité. Mais on avait jugé qu'elle était la personne la plus adaptée pour annoncer à Paul Kavan des événements pour lui insoutenable. Elle avait commencé, elle devait finir. L'émotion cependant la paralysait. Il s'en rendit compte.
-Qu'est-ce que vous avez ? Vous paraissez bouleversée.
-Je suis triste pour vous. Ils se sont emparés de vous, ces fascistes qui ne savent faire que le mal...
-J'aime mieux quand votre visage est lisse et a cette expression pleine de douceur...
-Je vais essayer.
Elle sourit.
Je reprends après l'attaque ?
-Oui.
-Vous avez été conduit dans une banlieue de Dannick et bien sûr avant cela, dans un village sur la route, un médecin partisan vous a retiré l'implant qui permettait de vous localiser. Vous êtes resté caché quelques temps au sous-sol d'une maison bourgeoise. Vous y avez été tenu au secret. On vous a changé plusieurs fois de maisons car vous étiez activement recherché.
-C'est logique.
-Oui, j'imagine leur rage ! Un prisonnier d’Étoile qui leur file entre les doigts, et qui plus est un sujet rééduqué dont ils comptaient exploiter les talents ! Des partisans qui dament le pion à des soldats triés sur le volet !
Paul lui jeta un regard étrange mais ne dit rien.
-Et après ?
-On vous a fait passer la frontière. D’Ambranie, vous êtes allé en Italie du nord puis en Autriche et en Allemagne et en fin de compte, vous êtes en Suède. On vous a fait passer par le Danemark...
-Mais c'est à des milliers de kilomètres de mon pays !
-Des négociations ont été menées par des forces de l'ombre chez vous et c'est en Suède que l'audience a été la plus forte. Remerciez Amnesty International, la Ligue des droits de l'homme et l'Organisationem militanta svenskar översätter...
-La dernière, je ne sais pas...
-L'organisation des Suédois militants...