Battles. Partie 2. Des traceurs dans le corps de Paul.
Elle lui sourit de nouveau puis approcha une chaise du lit et de nouveau lui sourit avec délicatesse.
-Le premier se promène dans votre bras. C'est un traceur. Ils ont dû vous le mettre peu de temps après votre incarcération mais ne vous ont rien dit. Rendu au monde libre, vous l'auriez gardé. Ils auraient tout su de vous, que vous rendiez sagement à votre travail, puisqu'ils allaient vous en donner un, ou que vous fassiez du sport ou tout autre activité liée au quotidien. Et je ne mentionne pas votre vie intime.
Paul regarda son bras gauche car elle l'avait désigné.
-Rassurez-vous, on vous en a débarrassé tout de suite après votre enlèvement. Vous seriez resté repérable dans tout le pays...C'est un acte chirurgical comme un autre et vos libérateurs ont trouvé sur place quelqu'un pour faire ça. Rien à dire. Le médecin qui a œuvré a bien travaillé.
Paul se sentait mal d'être ainsi enfoui dans ses draps alors que cette femme vive et avenante lui parlait. Il chercha à se redresser et, comme il peinait, elle l'aida, ajoutant des oreillers dans son dos. Tout lui semblait irréel, à commencer par cette histoire qu'elle racontait. Quel était ce conte ?
-Le sud de la Suède....
-Je vous expliquerai tout à l'heure pourquoi. Dites-moi, vous vous souvenez de votre départ de la prison ?
-Avant non, mais maintenant oui...
-Vous avez dormi souvent ici et êtes resté éveillé dans un étrange état de torpeur. Vous paraissiez muré. Vous semblez mieux maintenant. Alors, ce départ ?
-Ce devait être en avion mais ils ont changé leurs plans, je ne sais pas pourquoi. Ils ont décidé qu'on ferait ça par la route. On devait parcourir cinq cents kilomètres dans des voitures blindées. Tout est déneigé en cette période mais les routes sont escarpées et dangereuses surtout celles qui avoisinent la prison. Les paysages étaient d'une grande beauté, celle des régions vides de toute activité humaine. Il y a peu d'arbres et très peu d'animaux à ma connaissance. Le ciel est devenu très bleu à un moment et les montagnes ont pris des couleurs merveilleuses. Tant de nuances de gris, de jaune et de rouge...
-Vous étiez conscient, donc...
-Oui, pendant la première partie du voyage. Cependant, je regrette...Je voulais que ce soit en avion...
-Pourquoi ?
-En un an, je n'ai vu qu'une petite partie de la prison. Elle a une forme d'étoile mais encore faut-il pouvoir le vérifier. Du ciel, je m'en serais rendu compte et j'aurais pu voir de mes propres yeux les fortifications qui l'entourent. Là, c'était l'aube et la lumière était encore très grise.
-Combien de personnes étaient avec vous ?
-Quatre dans la première voiture blindée et quatre dans la mienne. J'étais à l'arrière avec mon instructeur. Ils étaient tous armés, sauf moi. Mais vous le savez n'est-ce pas ?
-Non, pas vraiment mais je m'en doute bien. Vous avez bavardé tout en roulant...
-Eux oui, moi, non. J'ai juste échangé brièvement avec mon instructeur quand il s'est adressé à moi.
-Vos libérateurs ont été patients. Aucun d'eux n'est intervenu pendant cette phase car le faire aurait été suicidaire. C'est une région de montagnes dans laquelle il est difficile d'attendre et de s'embusquer. Il s'agit d'un terrain militaire, en fait et l'armée a quadrillé toutes les routes et pistes depuis longtemps. Beaucoup de pièges çà et là...
-Peut-être...
-Mais vous avez fait une étape...
-Oui. Ils m'ont dit que nous nous arrêterions dans une villa qui était plutôt une forteresse aux murs très épais. En termes de kilomètres, ça ne se justifie pas mais ce devait être la procédure... Les gardes sont restés en bas et je suis allé à l'étage avec mon instructeur. Il m'a donné une chambre et en a pris une autre. La fenêtre était murée dans la mienne et il y faisait froid mais il avait ordre de me ramener à Dannick sain et sauf et il s'est soucié de moi...