Battles. Partie 2. Paul exfiltré en Suède. Recouvrer la mémoire.
Mais là, je suis dans un hôpital !
-Une clinique privée où exerce un chirurgien qui vous a retiré votre deuxième implant. Celui qui faussait votre mémoire. Il vient de le faire et il est normal que tout soit encore flou. Dans cinq ou dix jours, vous commencerez à comprendre ce qu'on a tenté de faire de vous à la prison Étoile...Ce sera juste le début d'un retour sur vous-même...
De nouveau, Paul s'emporta :
-Je n'étais pas un héros mais un faussaire quand j'étais dans la clandestinité ! J'étais dans l'erreur ! J'ai trahi ma patrie ! J'ai eu un rôle nocif auprès d'auditeurs que j'ai manipulé par vanité personnelle et je les ai poussés à commettre des délits ! La parole peut-être une arme très dangereuse, je l'ai découvert. Quand je pense que j'ai poussé des êtres crédules à me protéger et à me donner de l'argent pour que je puisse continuer de mentir !
-Ne vous agitez pas, Paul.
-Quoi ? Pourquoi devrais-je être calme ? J'avais enfin compris !
-Bientôt, vous parlerez avec le docteur Gustavsonn et avec d'autres soignants.
-Je suis à Stockholm ?
-Non, à Gotembourg. Loin de centre-ville, dans un quartier périphérique.
-Je suis là depuis combien de temps ?
-Cinq semaines. Vous avez perdu la notion de temps, je pense. Votre transfert vers Dannick a été programmé à la fin du mois de juillet dernier. Nous sommes en octobre. Les militants qui vous ont caché dans votre pays ont souffert le martyr car vous les embrigadiez ! Ils ont dû avoir recours à des calmants puissants, ce qui est paradoxal puisqu'ils n'ont pas fait mieux que vos tortionnaires ! Mais je les comprends, vous les avez excédés. Ensuite, ils vous livré à vos convoyeurs qui eux, vous ont trouvé très sages ! Il faut dire que quand vous parliez à tue-tête dans votre langue, ils ne comprenaient rien. Et puis, vous êtes arrivé ici.
Paul sentait qu'il était incapable de se lever et de marcher et il ne comprenait pas pourquoi. Quand il était avec les partisans, dans son pays, il avait bien dû se déplacer. Il interrogea Monica.
-Vous avez été opéré, je vous l'ai dit et cet implant-là est beaucoup plus difficile à extraire. Il a fallu une opération du cerveau...Une autre...
-Une autre ?
-Oui, à la prison, on vous a conduit au bloc opératoire sous couvert d'une intervention bénigne et au bout de quelques jours, comme de si rien n'était, on vous a remis dans le circuit.
-Ah oui, la phase 2, je me souviens...Mais mon instructeur m'a affirmé que c'était une intervention nécessaire ! Et il n'a pas parlé du cerveau...J'avais des maux de tête et il fallait me soulager...
Monica soupira. Elle voulait lui parler du troisième implant qu'il lui avait placé dans les organes génitaux afin de contrarier sa sexualité et ses élans amoureux mais elle jugea imprudent de le faire. Paul avait été durement éprouvé et par sa captivité et par sa brutale libération et son chaotique transfert. Il fallait le laisser au calme et l'entourer de soins.
Changeant soudainement d'humeur, il devint taquin, ce qui la stupéfia.
-Vous êtes vraiment suédoise ?
Elle éclata de rire.
-Mais oui, vraiment.
-Vous êtes une jolie femme !
-Merci...
-Je dis ça par politesse, vous savez. Longtemps j'ai cru que j'aimais les femmes et d'ailleurs, j'en ai eu beaucoup. Je me suis même marié mais je me mentais ! Je voulais respecter les conventions et plaire à mon public ! J'étais un journaliste ambitieux et admiré. Vous voyez à quoi mène la vanité et le désir de réussir ! Je préférais qu'on dise de moi que je tombais les femmes bien qu'ayant épousé une personne de valeur et qu'une fois passé dans la clandestinité, je vivais une chasteté qui rendait folle bien des midinettes ! Qu'est-ce qu'elles n'auraient pas fait ! Grâce à mon instructeur, j'ai compris qui j'étais vraiment. Il m'a confronté à moi-même assez durement et vraiment, il a eu raison. J'ai eu beaucoup de chance qu'on me l'attribue ! Un homme jeune certes mais très bien formé, d'une grande rigueur et d'une grande efficacité. Je dois dire aussi qu'il est très beau...Je ne devrais pas dire cela mais j'ai hâte de le revoir. Je crois qu'intellectuellement nous nous assemblons parfaitement et physiquement aussi car nous avons de la prestance !