Battles. Partie 1. Rééducation phase 2. Exposer Paul au désir et à la culpabilité.
Markus lui remit un lot de revues et de romans enveloppés dans un grand emballage brun.
-Ne suis-je pas généreux ?
-Si, Instructeur.
-Et avisé ?
-Également...
Paul prit l’ensemble et entra en cellule. Il lui suffit de jeter un œil sur les couvertures des revues et des livres offerts pour en comprendre la teneur. Tout était pornographique. S'il avait été dans son état normal, même affaibli et déprimé, Paul aurait hurlé et aurait refusé pareil présent. Mais il était un prisonnier en rééducation. Depuis qu'il était là, il n'avait vu qu'une toute petite partie de la prison mais il la savait immense et inviolable. On ne pouvait s'en échapper ni s'en approcher. Il n'y avait aucun moyen pour lui d’échapper à ses tortionnaires, aussi prit-il cette attaque de plein fouet. Il feuilleta donc tout ce qu'il put, contempla des images obscènes et lut des pages entières de mauvaise littérature. Accouplements grotesques, pédophilie, zoophilie : tout était présent. Quand l’écœurement vint, il déchira les revues en menus morceaux et il fit de même avec les pages des romans. A n'en pas douter, Winger aboierait après lui et peut-être jouerait-il de nouveau de la cravache...Mais il n'en fut rien et dans les jours qui suivirent, il ne le vit pas, ce qui le surprit.
-L'Instructeur n'est pas disponible, Gardienne ?
-C'est lui qui décide.
-Je souhaiterais le voir, Gardienne. Pourriez-vous lui transmettre ma requête.
-Oui, détenu.
L'instructeur, quand il le vit, ne parut pas troublé.
-Tu voulais me voir ! Tu as insisté, il paraît !
Paul était mal à l'aise.
-Ces livres, je n'ai rien gardé, j'ai tout détruit...
-Oui et alors ?
-C'est une faute, Instructeur.
-Pourquoi ?
-J'étais un porc, je le suis toujours.
-Non ! Pas du tout !
-En êtes-vous certain ?
-Bien sûr Paul.
-Mais tout de même, Instructeur, c'était un présent...
-Ne t’inquiète pas, Paul. Je sais ce que je fais quand je t'offre un cadeau. Tu aimes les femmes nues, les grosses poitrines, les sexes épilés, alors pourquoi pas ? Mais nous ne nous sommes pas compris. Qu'à cela ne tienne : il t'arrive un autre cadeau...
L'entrevue fut brève. Winger avait autre chose à faire ; il le congédia. A priori, l'incident était clos mais à quelques jours de là, ce fut Xest qui monta au créneau.
-Tu as déchiré ces photos mais elles t'ont excité.
-Non Gardienne !
-Ah avec moi, ça ne marche pas !
Elle paraissait furieuse mais l'instant d'après, elle lui adressa un sourire engageant.
-Viens là.
Il la vit vérifier le verrouillage de la porte, voiler les caméras et se mettre nue. Elle voulut qu'il fasse de même :
-C'est que tu as été privé...
L'esprit troublé, Paul céda aux injonctions de la grosse femme persuadé d'obéir à son instructeur. Influencé malgré tout par les images qu'il avait contemplées, il fit brutalement l'amour avec elle, ce qui parut la ravir. Quand, échappant à une exaltation étrange qui s'était emparée de lui, il redevint calme, il s'interrogea. Le cadeau promis par le rusé Winger, c'était bien cet accouplement ? Il eut un doute puis se rassura. Oui, ce ne pouvait être que cela...
Rapidement, cependant, il fut convoqué. Depuis la veille, l'agent Xest n'était plus avec lui. On l'avait, semble t'il remplacé par un grand homme brun taciturne, l'agent Koba. Ce fut celui-ci qui le conduisit jusqu'au bureau de l'instructeur. Vêtu de noir, hiératique et superbe, celui-ci lui présenta un visage fermé.
-Merci Agent Koba, vous pouvez vous retirer. Paul, reste debout. Il faut qu'on s'explique.
Il venait de prendre la cravache qui avait tant effrayé Paul dans son armoire et le toisait.
-Mains dans le dos. Baisse les yeux. Tu te joues de moi, hein ?
-Je ne comprends pas, Instructeur.
-Ah non ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Tu as quelque chose à me dire...
-Ce sont ces photos déchirées !
Paul le vit lever le bras. Il allait être cravaché. Affolé, il gémit.
-Mais si ce n'est pas cela, qu'est-ce c'est ? Pardon, Instructeur.
-Qu'est-ce que tu as fait avec l'agent Xest ?
-Tout ce qu'elle a demandé, Instructeur.
La cravache était posée sur sa joue. L'instructeur se contenait encore.
-Et d'où as-tu sorti que tu devais lui obéir ?
-Mais c'est la règle, Instructeur ! Vous même m'avez dit de faire tout ce qu'elle demandait.
C'était litigieux puisqu'il n'avait jamais été question de sexe entre elle et lui mais Winger, interpellé, ne cravacha pas. Il alla s'asseoir à son bureau et parut pensif.
-Paul, dis-moi comment ça s'est passé.
-L'agent Xest me voit nu tous les jours. Cette fois, elle s'est montrée provocante.
-Provocante ? Elle ! C'est un comble !
-Elle a beaucoup crié elle m'a dit que c'était une suite logique, Instructeur, que ça allait de pair avec mon conditionnement...
-On te conditionne pour que tu répondes aux avances d'une truie ?
-Non, bien sûr que non, Instructeur.
Paul était affolé. Winger prit un air de conspirateur.
-Où t’a -t’elle surtout touché ?
Paul rougit et baissa les yeux.
-Où ? Réponds.
-Elle a touché mon sexe...
-Ah oui bien sûr...Et toi ? Regarde-moi et réponds.
Paul balbutia :
-Ses seins, sa..., enfin vous savez bien, Instructeur.
-Non, justement, je ne sais pas. Et tu as osé faire cela...
Il y avait de quoi être terrorisé et Paul se courba sous le poids de la honte. Il savait ce qu'il en coûtait de mécontenter Markus Winger.
-Vous m'avez dit que je finirais par la trouver agréable...Je ne sais pas...J'ai pensé que c'est vous qui...