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LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.

28 mars 2024

Battles. Partie 3. Paul et le docteur Shieffield. Evoquer sa prise de conscience.

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J'ai juste eu le temps de récupérer une partie de notre argent. J'avais dit non, ils ont gelé nos avoirs et pour ce qui est de nos biens immobiliers, ils ont préparé des ordres d'expropriation. J'ai beau être distrait parfois, j'ai trouvé très vite à qui m'adresser et c'est parti comme ça...Au début, je n'avais pas compris, imaginez-vous que j'avais une valise ! Assez rapidement j'ai fait la différence entre un représentant de commerce et un fugitif qui entend de ne pas se taire...

-Et donc ?

-Il a fallu du temps. Au début, je voulais écrire. Mes pamphlets circuleraient...Mais c'est compliqué, il faut des imprimeries clandestines et la police de Dormann a développé d'intelligentes stratégies pour débusquer les imprimeurs et détruire leurs outils et leur production...Alors, avec d'autres, j'ai eu l'idée de la radio. Il a fallu trouver plusieurs lieux, installer le matériel et trouver comment émettre. Je n'avais plus de valise, croyez-moi, mais un sac de voyage. Je dormais rarement deux nuits au même endroit et j'avais faim quelquefois mais il fallait le faire...

-Vous étiez en contact avec votre femme ?

-Non ! Elle s'est beaucoup investie elle-aussi mais elle était peut-être plus vulnérable que moi, non par sa personnalité, mais par son entourage plus mouvant. Elle a senti qu'on allait la livrer, alors elle a fait cavalier seul. Des religieuses l'ont aidée et elle est restée cachée longtemps dans un monastère avant qu'elles l'aident à passer la frontière. Moi, j'ai tenu aussi longtemps que j'ai pu. Il fallait que la résistance reste vive, que la peur ne l'emporte pas. Les mots que j'employais étaient faits pour galvaniser...Ceux qui étaient autour de moi savaient que d'un moment à l'autre, tout pouvait basculer et beaucoup se sont fait arrêter. Du reste moi-aussi...

-Mais au bout de quatre ans !

-Oui, vous imaginez ! Lisbeth affirme que j'ai été protégée. Là-aussi, ce que je vais dire n'est pas facile à admettre en Angleterre, mais mon épouse a toujours eu un côté mystique. Elle croit en Dieu et en ses saints et ne voit pas de contradiction entre ce qu'elle peut faire de sa vie affective par exemple et ses aspirations spirituelles. Le Bien et le Mal coexistent pour elle et si l'on veut que l'un triomphe, il faut affronter l'autre. Ne croyez pas que je prenne les propos de mon épouse à la légère sous couvert que mon philosophe de père lisait Platon et Épictète...Plus le temps passe et plus je comprends sa représentation du monde.

-Le Bien était que vous ayez pu rester trois ans dans la clandestinité à faire de la radio pour délivrer des messages antifascistes et le Mal qu'ont vous ait arrêté, jugé et envoyé à Étoile ?

-On peut le voir comme ça.

-Mais dans cette redoutable prison, vous êtes resté en vie...

-Oui, ils avaient cette option pour moi. Faire de moi un modèle de rééducation à tous niveaux. Politique et social aussi. Le parfait citoyen qui a compris où était la vérité, suit son guide et aide à éliminer les autres. Ceci dit, tous les élus parvenaient au terme de ce vaste programme ?

-Certains. Un faible pourcentage.

-Et votre vie privée ? Le régime comptait vous octroyer une nouvelle épouse ?

-Après le divorce d'avec Lisbeth ? Officiellement oui.

Paul s'était arrêté et cette fois semblait troublé. Son visage se crispait. Il y avait un nœud là, quelque chose de fondamental dont il fallait le faire parler...

-Il y avait un autre scénario ?

 

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28 mars 2024

Battles. Partie 3. Paul et le docteur Sheffield. La force du rééducateur.

ART DEREGLE

 

De nouveau, Paul hésitait. Shieffield le voyait crisper ses mains sur les bras du fauteuil...

-A Étoile, ceux qui ont la chance d'être rééduqués et non de ne pas mourir plus ou moins rapidement sont peu nombreux et très sélectionnés. Chacun reçoit un instructeur est c'est sur lui que reposent les orientations à venir...

-Oui, dans votre cas, c'était Markus Winger...

-En effet. Un an s'écoule ou quelquefois plus. La transformation qui s'opère en vous est régie par trois phases. L'instructeur les contrôle et plus le temps passe, plus il vous fascine.

De nouveau, il peinait. Le soir tombait et dans la lumière diffuse, le visage de Paul paraissait tourmenté. Néanmoins, le médecin n'eut pas besoin de l'encourager à poursuivre.

-Il devient impossible de fonctionner sans lui. Il est un modèle, un but à atteindre et vous...désirez...une fusion...une sorte d'union... à tous niveaux : physique, morale, émotionnelle...

-Chaque détenu privilégié vit-il cela ?

Paul s'attendait à cette question et il ne put que soupirer de nouveau tant il se sentait embarrassé.

-Je n'ai jamais rencontré ceux qui étaient rééduqués en même temps que moi et j'ai peut-être croisé leurs instructeurs sans le savoir. Non, pour vous répondre, je pense que chaque cas est différent car les points qui permettent de retourner la personne change d'un individu à un autre. Ceci dit, la fascination joue un grand rôle et elle est mise en place dans tous les cas. Pour ce qui me concerne, Markus pensait que...je...qu'il...enfin que nous serions liés une fois ma libération prononcée et mon transfert à Dannick organisé.

-Liés ?

-Des liens purs, une vraie affection.

Shieffield marqua un temps d'arrêt et resta plongé dans le silence puis il reprit :

-Vous voulez dire que vous auriez formé un couple ?

-Nous aurions scellé une sorte d'alliance.

-Chaste ?

-Non. Mais vous savez comme moi que tout ceci est illusoire. Il pouvait me tuer quand il voulait. L’instructeur était jeune, athlétique, blond et très beau. Il faisait ce pour quoi on l'avait programmé.

-Et il est brutalement mort, ce qui vous a privé de l'objet de votre désir ainsi que de la concrétisation de cette union...

-Il avait quelque chose de princier. Oui, sa mort m'a beaucoup choqué. Mais bien sûr, maintenant que j'ai recouvré mes esprits, je trouve cette alliance hallucinante. L'Instructeur et l'ex-détenu modèle...

-Ce n'est pas recevable...

-Non.

-Si c'est le cas, l'attirance que vous avez eue pour l'instructeur Winger n'est plus que de l'ordre du souvenir et des regrets.

Paul s'était repris et il lança un coup d’œil appréciateur au sagace médecin.

-Parce que j'aurais repris mon ancien système de valeurs qui exclut forcément l'horreur de ce genre de manipulation ?  Bien sûr que je trouve cela délirant mais le Mal a toujours un sens et le désir aussi...

-Et parce que le Mal a un sens, votre désir de lui reste très vivace ?

-Oui. Markus avait la pureté des fanatiques, vous voyez, de celle qui vous donne le vertige mais c'était en prison où les instructeurs ont droit de vie et de mort sur ceux qui leur sont confiés. Là, il se dédouble et frappe autour de moi. Je méprise ces deux ersatz et je ne sais quel jeu ils jouent, mais ils me rivent à l'instructeur Winger.

-Il n'a frappé que deux femmes.

-Vous savez bien que non. Il a forcément commis d'autres méfaits. En cavale, j'ai appris à tirer. J’ai repris des cours. Et bien sûr, j'ai une arme. Je vous ai dit que ma femme était une mystique et c'est vrai. Je suis en train d'en devenir un à ma manière, moi-aussi. Seulement lutter contre le mal avec sa force spirituelle peut ne pas suffire...

-Qui va donner rendez-vous à l'autre ?

-Lui sans doute. Ou moi...

Le lendemain de ce jour, il croisa Sheffield et lui dit qu'il allait s'absenter.

-Londres quelques jours, un bel hôtel près de Hyde Park.

-Ce ne sera pas une villégiature, n'est-ce pas ?

-Non.

-C'est le moment juste ?

-Il ne pourrait pas l'être davantage.

-Il n'y a plus d'obstacle ?

-Non.

Le médecin le salua.

-Monsieur Barne, vous avez mon admiration.

-Moi aussi, docteur.

-Ce n'est pas une psychothérapie dans les règles...

-Vous m'aidez, docteur Sheffield.

-Je le saurai quand je vous reverrai.

 

28 mars 2024

Battles. Partie 3. De Bath à Londres. Paul en campagne.

 

Paul avait réservé un hôtel en plein centre de la capitale et s'y rendit en voiture. Il emportait son portable avec lui mais envoyé une sauvegarde de son texte à Lisbeth, ainsi que tous ses plans d'écriture pour la suite du roman. Il avait également pris son téléphone portable qu'il ferma.

 Et avant de partir, il plaça dans une enveloppe blanche doublée de rouge le message suivant :

«Il ne pourrait pas lui échapper et du reste après une nuit passée avec lui, il le  suivrait là où il voudrait bien l'emmener. L'instructeur aurait une belle voiture rouge qu’il troquerait contre une autre. Il conduirait vite et ne se donnerait même pas la peine de droguer Paul ou de l'installer à l'arrière, yeux bandés, non, il le laisserait à côté de lui, fixant la route.  Ils arriveraient dans une maison près d'un lac après avoir longtemps roulé vers le nord et ils y resteraient à priori plusieurs jours. Paul serait abasourdi car cette maison, qui paraissait fermée, contiendrait de la nourriture et des vêtements pour se changer. Les lits seraient faits et bien que le printemps commençât à paraître, le chauffage fonctionnerait. L'instructeur semblerait tenir pour acquis que Paul ne lui ferait pas faux bon. Il laisserait traîner les clés de la voiture ainsi que celles de la maison et ne lui demanderait pas de lui confier son arme. Il aurait lui-même posé son revolver sur la table de nuit dans la chambre qu'ils occuperaient et ne manifesterait aucune inquiétude. Il en irait longtemps, de cache en cache, jusqu'à ce qu'il décide de l'abattre. Il faudrait du temps pour retrouver son corps, son roman inachevé ne paraîtrait pas et même si Dormann mourait et que son dauphin était renversé par une insurrection populaire qui porterait un démocrate au pouvoir, son aura dans son pays serait faible. Qui se souviendrait de Paul Kavan qui, un temps, s'était appelé Battles ?  Quant à lui, l'instructeur qui avait une première fois failli à sa mission, il aurait mené la seconde à bien en envoyant en enfer celui qu'il n'avait pu transformer...Et il n'aurait pas à mourir, juste à reprendre la pose qui était la sienne quand la balle mortelle l'avait atteint. »

C'était un texte plein de vérité, que lui, Markus Winger faisait pleinement sien. Un autre scénario s'écrivait dont il voulait tout ignorer. Qui savait écrire à part lui ? »

 La réponse apparut rapidement. Une enveloppe doublée de rouge dans sa valise. Elle n'y était pas quand il l'avait fermée.

Bien vu ? Non, trop poétique.

Maintenant, c'est à toi, Paul.

 

28 mars 2024

Battles. Partie 3. Londres. Hôtel chic. Dans l'attente de Markus Winger.

 

 

4. Rendez-vous immanquable.

 Le trajet n'était pas si long, Paul respecta l'horaire qu'il s'était fixé et prit possession d'une chambre élégante avec vue sur Hyde Park. A son arrivée, il rangea ses effets personnels : vêtements, livres...puis se fit couler un bain. Il en vérifia la température et s'y enfonça avec conviction. Un peu plus tard, il partit déambuler dans le quartier et s'acheta un complet de bonne qualité ainsi qu'un pull en cashmere. Le soir venant, il traîna dans un pub. De retour, il se mit à écrire sans rencontrer d'obstacle. Le lendemain, il passa une journée solitaire, allant au cinéma puis dans quelques librairies. Il dîna dans un restaurant à proximité de l'hôtel et rentra seul et à pas lents. Il n'y avait plus guère de temps à attendre. Celui qui le guettait était là. Avant de s'endormir, Paul glissa son revolver sous son oreiller, près de lui et à plusieurs reprises, il s’éveilla et alla inspecter sa chambre. Tout y était calme ainsi que dans le couloir. Au matin, il suivit le rituel habituel et après son petit déjeuner, décida d'aller marcher dans le parc. La nature s'ouvrait au printemps et il en fut heureux, mesurant le temps qui s'était écoulé depuis son arrivée à Bath. Il y avait vu l'arrivée de l'hiver et passé de très furtives fêtes de fin d'année avant de se lancer dans ce projet de longue haleine qu'était ce roman et maintenant les timides fleurs de ce printemps frais et humide venaient le saluer.  Il en était heureux. Il marchait d'un pas vif et écrivait dans sa tête une autre version du transfert de son héros vers la capitale, après sa rééducation. Le brusque arrêt du convoi et l'embuscade qui permettait de le rendre libre étaient mieux décrites ainsi : il faudrait qu'il y veille. Il arrivait au bout de ces zones d'ombre qu'avaient représentées les diverses mises en scène de la prison. Le reste, à savoir, la rédemption de Nader Stanzy et sa nouvelle vie dans un régime qui avait mis fin à une sordide dictature, serait plus simple à réécrire car fictionnel...

 

 

28 mars 2024

Battles. Partie 3. Merskin et Wisam.

 

Ragaillardi à cette idée, Paul prolongea sa promenade et traîna dans le quartier avant de retourner tranquillement à son hôtel. Il était dans le hall quand il sut que tout se nouait. Il avait laissé sa clé à la réception mais celle-ci étant encombrée, il se devait attendre. Il se retrouva donc face à un des nombreux et grands miroirs qui ornaient les murs et ne put qu'y chercher son image. Elle lui parut avenante : il était à son avantage. L'instant d'après, une autre silhouette s'y inscrivit.  C'était celle d'un grand jeune blond et athlétique qui était vêtu d'un long manteau de cuir noir. Il le fixait sans sourire. Paul retint sa respiration. Cette fois, il y était...

Se retournant, il s'avança vers celui qui ne le quittait pas du regard.

-Merskin Gruwa ?

-Qui est-ce ?

La voix était bien la même, froide, un peu métallique.

-Vous, je pense. Où est Wisam, votre ami ?

Le jeune homme eut un soupir irrité :

-Merskin ? Wisam ? Mais qu'est-ce que tu me chantes ! Allons dans ta chambre.

-Je dois récupérer la clé.

-Va.

Il s'écarta puis revint et ils se dirigèrent vers l'ascenseur.

-Vous avez trouvé facilement ?

-Oui. Finis tes phrases, Paul, ne me mécontente pas d'emblée...

-C'était assez simple, Instructeur ?

-Un jeu d'enfant...A propos, joli ton texte.

-Vous avez apprécié ?

-Oui...

Ils se turent et montèrent dans l’ascenseur où ils n'étaient que deux. Winger offrait un profil pur. Sa beauté était totale. Paul capta ses odeurs corporelles et en fut troublé.

Quand ils se retrouvèrent dans le couloir, l'instructeur fut bavard :

-Tu es très bien vêtu, tu as belle allure. Ça t’est plus facile qu'à Étoile, remarque...

-Oui, Instructeur. Vous êtes, vous-même, à votre avantage.

-Quelle belle remarque !

Paul ouvrit la porte de sa chambre et s'effaça :

-Je vous en prie.

La chambre était dans un ordre parfait : tentures orangées, meubles de prix, fleurs dans des vases et grand lit. Tout était méticuleusement rangé. Le jeune homme émit un sifflement admiratif :

-Superbe cette chambre et confortable !

-Oui, c'est un hôtel élégant.

-Tu  dois payer un bon prix pour te loger ici !

-Oui, Instructeur.

 Avant de s'approcher du bureau et d'allumer l'ordinateur de Paul, le jeune homme fit le tour de la pièce, ouvrit les armoires et les tiroirs et alla même dans la salle de bain et sur le balcon. Paul se put s'empêcher de l'observer le profil : il était toujours aussi blond et aussi beau.

-Vous êtes donc venu, Instructeur.

Celui lui décocha un regard amusé mais venimeux :

-Tu ne m'appelles pas peut-être ?

-Si. Mais vous-aussi.

-Ah tu penses ? Ton ordinateur portable, il y a un mot de passe ?

-Non, Instructeur.

 -Si peu méfiant...Où est ton texte ? Ah, celui-là : Nader, projet. Tu vas le publier sous ce titre ?

-Non, Instructeur.

-Ah ? Quel sera le vrai titre, alors ?

-Je ne sais pas.

-Menteur. Bon, c'est au point ?

-Instructeur, le texte n'est pas terminé et c'est un premier jet. Beaucoup de reprises à faire. Là, le personnage principal arrive à Étoile...

-Et il me va me rencontrer !

-Oui, Instructeur...

-Tu vas, j'imagine, te surpasser pour montrer à quel point j'ai pu être méchant...

-Vous étiez très doué pour les interrogatoires, Instructeur...

-Je pense bien !

Le dossier s'ouvrait mais le jeune homme ne semblait pas pressé de le consulter.

 

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28 mars 2024

Battles. Partie 3. Eva tuée.

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-De qui m'as-tu parlé tout à l'heure ?

-De Merskin Gruwa et de Wisam Krugern.

-De qui s'agit-il?

-Deux types un peu dingues qui nuisent à mon entourage et cherchent à m'empêcher de vivre.  Ils sont probablement membres d'un parti néo fasciste.

-Oh !

De nouveau, il souriait mais ses yeux restaient durs. Il avait enlevé son manteau en entrant et portait un pull gris près du corps et un pantalon qui ressemblait à un pantalon de cheval. Il avait des bottes, aussi. C'était à quelques variantes près les vêtements qu'il portait quand Paul l'avait vu pour la première fois...

Il est armé, pensa Paul, oui, il l'est. Une arme très performante qu'il a acquise ici ou qu’il avait déjà. Sait-il que je le suis, moi-aussi ? Il ne l'ignore pas s'en moque. C'est un tueur entraîné.

-Eh bien ?

-Tu as touché à Daphne Brixton.

-Moi, non. C'est quoi ce tutoiement ?

-Tu as tué Eva.

-Pan pan ? De qui parles-tu ?

Winger s'était placé au milieu de la pièce, dos à la fenêtre. Il était aux aguets, observant toutes les réactions de Paul qui s'appuyait contre le mur à côté de la porte de la salle de bain.

-Daphné, le viol.

-Tu t'attendais à quoi ? Tu lui as dit de faire attention, elle savait qu'on tournait autour d'elle mais qu'est-ce qu'elle a fait, elle ? Elle a pris un crétin en guise de garde du corps et changé les serrures !  Et elle a fait dormir un couple d'abrutis chez elle !

-Je l'aimais.

-Raison de plus. Maintenant vouvoie moi et termine tes phrases. Quoi, Paul ? Elle s'en remettra ou c'est peut-être déjà fait.

-Je ne pense pas.

-Bah, les femmes ! En tout cas, elle ne t'aime plus. C’est toi le responsable de tout cela ! Et puis sa famille apprécie l’ordre quand il est dictatorial. Tu ne le savais pas ?

Paul évita de répondre. Winger le toisait et semblait très à l’aise.

-Bon, on passe à l'autre ?

-Oui.

-Oui, Instructeur.

-Oui, Instructeur.

-Brave Paul ! Donc, elle s'appelait comment déjà ?

-Eva.

Winger eut un sourire cruel. Paul poursuivit.

-Eva a été dominée, battue et frappée à mort. C'était une traductrice réputée.

-Elle traduisait quoi ? Je ne lis que des manuels militaires.

-Vous l'avez regardé agoniser.

-Moi ?

Cette fois, l'instructeur montra un visage dur.

-Oui, c'est exact. Encore que ...Attends ! Tu n’as pas dit que c’était les deux autres qui avaient fait ça, comme pour l’aristo filiforme ?

-Ils sont vous.

-Bon. En ce cas, ils ont violé l’une et tabassé l’autre.

-C’est vous.

L’instructeur lança à Paul un regard plein de morgue.

-On arrête de jouer au plus fin, tu veux bien? C'est moi, oui.

Puis, il s'assit dans un fauteuil où il s'étira. Paul resta impavide. 

-J'ai soif, donne-moi à boire.

-Le choix est limité.

-Comment ?

-Instructeur, il y a du café ou le minibar : eau, vin, bière, spiritueux.

 

28 mars 2024

Battles. Partie 3. Retrouvailles avec l'Instructeur Winger. Déjà Mort? Prêt à mourir?

 

 

-Fais-moi un café.

-Oui, Instructeur.

-Et prends- en un aussi. C'est un ordre.

Paul fit bouillir de l'eau et ouvrit les dosettes de café. Il prépara les boissons et les apporta sur un plateau, ce qui amusa Winger.

-Alors, mon beau Paul ! Tu sais que tu m'amuses. Cette anglaise arrive, tu lui contes fleurette et tu la sautes, jusque-là, tout va bien. Une grosse traductrice arrive et induit avec toi des jeux de domination qui sont loin de te laisser indifférent...Tu te rends compte que ta belle anglaise pleine aux as ne va peut-être pas apprécier tes facéties et tu avoues à demi. Elle te laisse en plan et toi, tu congédies l'autre. Après quoi, drapé dans ta dignité, tu t'écartes de l'une et de l'autre et devises avec ta femme. Question simple : tu les as aidées ? Tu savais qui les attaquait, non ?

Paul pâlit et baissa la tête. Winger, sûr de lui, continua :

-Plus simple d'aller à Bath parler à un psychiatre ? Quelle merveilleuse couverture !

-C'est votre lecture.

-Absolument. Bois ton café, il refroidit. On prendra de l'alcool tout à l'heure.

-Vous êtes en service.

-Toi aussi mais ça ne fait rien. Paul, tu plais à ton instructeur. Au fait où est-il ?

-Quoi ?

Partant d'un rire bref, Winger fila dans la salle de bain d'où il revint avec un sachet noir.

-Tu l'as apporté avec toi !

-Quoi ?

-Mais le cadeau que je t'ai fait passer...

Et, se dirigeant vers la valise de Paul, il fouilla. PUis, il sortit de son enveloppe sombre un objet sexuel en forme de phallus.

-Tu te souviens ?

-Ce n'était pas dans mes bagages.

-C'est tout comme. Il te revient !

-Non, Instructeur.

-Tu es comme moi.

-Non ! 

-D'accord. Toi, tu es gentil ! Ces bonnes femmes !  L'une violée, l'autre tuée. Quelle désolation ! Ce n'est pas bien ce qu'on leur a fait...Dis-moi, toi qui es si plein de sagesse: en Ambranie parce qu'ils ont écouté des gens comme toi, combien sont morts de faim ou d'épuisement ? Combien ont été fusillés ? Combien ont servi d’otages ? Tu étais à Étoile, non ?  On y exécutait des détenus tous les jours. Une femme, quand tu fuyais, t'a hébergé une nuit et a été arrêtée ensuite : on l'a étranglée avec une corde à violon pendant que toi tu étais reçu ailleurs. Le seul héroïsme de ceux qui ont trouvé la mort à cause de toi est de t'avoir rencontré ! Ils l'ont payé de leur vie. Et toi, n’as-tu jamais pensé à eux seulement ? Non, jamais. Paul, tu es aussi immonde que moi.

-Non. Je refuse ces paradoxes. Je sais ce qui se passait à Étoile.

-Tiens.

Winger tenait le phallus noir à la main. A demi souriant, il le tendait à Paul.

Avec horreur, Paul s'écarta de ce brillant tentateur et alla regarder par la fenêtre.  Winger le suivit et se plaqua contre lui.

-Tu n'as pas enlevé ton veston car tu ne veux pas que je comprenne que tu as une arme. Mais je la sens. Paul...Tu n’y arriveras pas. Toi- aussi tu aimes le pouvoir.

Il fallait réagir. Il s’écarta vivement. En Ambranie, l’Instructeur avait été abattu, il en était certain depuis longtemps. Celui qui était là était un fantasme, un tentateur.

-Vous êtes mort, là-bas.

Cette phrase frappa l'Instructeur de plein fouet.

-Moi ? Sur le papier, oui, mais sinon ? Rien n’est figé ; dans un instant, ce peut être toi.

-Ce n'est pas certain.

-Car tu vas tirer ? Non mais, regarde-toi ! Nos liens sont indissolubles. Tu le sais.

L'instructeur était catégorique et il continuait de dominer.

-On passe à l’alcool.

-Non !

-Mais si ! Je suis là et je suis fort !  Que resterait-il de son combat si celui auquel tu t'opposes depuis si longtemps devenait insipide ? Cette embuscade ! Ils tiraient bien, je dois le reconnaître. Mais tu n'étais pas conscient, non ? Tu n'as strictement rien vu. Quand tu es sorti de ta léthargie, tu étais déjà avec cette bande de tueurs et ensuite, tu as cru ce qu'on t'a dit. On m'avait éliminé, moi, le symbole de l'horreur ! Mais même si les partisans t'ont exfiltré, je suis là, moi, ton Instructeur. J'ai traversé le temps.

Paul frémit. Winger s’était de nouveau rapproché ; ils se faisaient face et leurs visages étaient proches l'un de l'autre.

-Je n’aime pas le whisky mais il y a de la vodka. Hein ? Il y en a...

-Je ne crois pas.

-Moi, je crois.

Il disait vrai car Paul trouva une bouteille entière dans le réfrigérateur.

-Avec glace.

-Oui.

-Oui, Instructeur.

Paul soupira. 

-Cette bouteille n'était pas là.

-Qu'importe ! J'ai soif ! 

 

-

28 mars 2024

Battles : partie 3. Je ne reculerai pas.

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Winger eut un rire cristallin et rajouta de l’alcool dans le verre de Paul quand celui-ci les eût servis. Puis, il commenta.

-Tu dois être vraiment content parce que quand même, tu as vraiment craint de m'avoir perdu !

-J'avais été rééduqué. Ma confiance en vous était immense. Je ne pouvais croire à votre mort...Mais vous êtes là

Et comme Paul demeurait silencieux il ajouta perfidement :

-Ce qui me donne raison...Je t'avais promis un bel avenir !

-J'en ai un : mon livre, la chute de la dictature. Mon retour en Ambranie.

-Où tu comptes avoir un poste au gouvernement ?

-Je ne sais pas si…

-Oh mais si, tu le sais. Tu en rêves ! L’ardent défenseur de la démocratie ambranienne devient ministre de la culture ! Fanfare, médailles, discours ; jolies femmes que tu baises discrètement.

-Je servirai la démocratie.

-Tu me fais vraiment sourire. Bon, on va commencer...Tu en meurs d'envie de toute façon. Depuis que tu es en Angleterre, tu peux me dire combien de jours se sont écoulés sans que tu penses à moi ? Un tout petit nombre, n'est-ce pas ! Regarde-toi : portant un beau complet neuf, rasé de près, bien coiffé. A quoi ressembles-tu ? A un homme qui attend une femme pour coucher avec elle ? Tu aurais peut-être cet apprêt mais pas cette certitude...C'est moi que tu attends car c'est moi que tu veux. A Étoile, quand je t'ai vu, j'ai vite compris comment te river à moi. C'est viscéral, tu n'y peux rien...Et tu veux que je te dise ce qui est le pire ? Ces partisans qui t'ont enlevé t'ont théoriquement rendu service car tu peux maintenant dénoncer les exactions commises dans ton pays ! Sauf que toi tu regrettes au fond de toi qu'ils soient intervenus. Parce qu'en moi, tu as la seule personne qui te possède complètement car elle sait tout de toi. Elle sait par exemple que le fait que tu aies choisi de résister a davantage été le fruit du hasard que d’une mûre réflexion. Il aurait suffi que tu écoutes davantage tes deux frères militaires, que tu n’épouses pas cette gouine idéaliste et que tu laisses aller. Tu aimes la force, l’autorité et les symboles virils. Tu te souviens, quand je t’ai fait retravailler tes discours ! C’était limpide. Il y a un fasciste en toi. Sinon, pourquoi m’aurais-tu fait revenir…

-Kalantica va sortir.

-Finis ton verre et ressers moi.

Paul le fit. Winger était étourdissant.

-Tu ne veux pas que je sois mort. Ton livre ne vaut rien à partir du moment où tu as cette nostalgie ! Assure ton enterrement littéraire et idéologique ! Écris ce qui doit l'être : ce fasciste exemplaire, pourquoi l'a-t'on exécuté ? Je l'aimais !

Paul pensa qu'il était à terre. Tant de lumière soudain, d'un éclat insoutenable...Markus, qui s’était levé et s’était approché de la fenêtre, avait les cheveux courts, les épaules solides et une nuque presque gracile, extrêmement émouvante. Il fallait tout de même le mettre en joug.

-Tire.

-Je ne vous abattrai pas dans le dos.

-Ah, c’est bon pour les fascistes, ça…Tu veux venger ton aristocrate aux jolis seins et cette grosse pute à qui on a pris tout son argent ?

L’instructeur s’était retourné.

-Allez tire !

Paul visa mal. Une balle partit qui frôla l'épaule de Winger et une autre qui partit dans le vide.

Winger riait.

-Non mais ce n'est pas vrai !

-Laisse ça. Viens, Paul, viens complaire à ton instructeur.

Paul qui avait baissé son arme ne se résolvait à l’échec. Il mit de nouveau l’Instructeur en joug mais au moment où il tirait, il se rendit compte que celui-ci avait un révolver en main. Il venait d’apparaître. Une balle siffla à son oreille et une autre passa près de sa main, le désarmant.

Il gagnait du terrain, si parfait dans son incarnation du mal qu'il était douloureux de soutenir son regard.

-Tu sais, il y a une possibilité intermédiaire. Tu te désapes et on le découvre ensemble, le vrai sens de la vie...Tu ne cesses de m'en faire la demande dans ton for intérieur ! Ma réponse est claire et pour toi, elle est parfaite. On va au lit ?

-Non.

-Alors, tire !

Cette fois, une balle blessa légèrement l'instructeur à l'épaule. Il fit mine d'avoir très mal et Paul, stupéfait, baissa sa garde. Winger se précipita sur lui, le désarma et le fit tomber à terre. Il avait lui-même sorti son arme et visait la tête.

-Mal joué, détenu. Je suis un soldat, tu ne le sais pas ?

 

28 mars 2024

Battles. Partie 3. Mais tu existes à peine !

 

Paul poussa un hurlement. Cette créature fantomatique était le diable. Elle avait ramassé son révolver et s’était approché de lui. Il sentait contre sa tempe, le métal froid du pistolet automatique de son ennemi.

-Tu es là où tu dois être. Avec moi. Proche de moi mais inférieur. Je t'ai appris à ne rêver que de cela. Tu as oublié ? J'ai su avec toi, très vite, j'ai toujours su...-Tu as toujours su que je reviendrais quand tes appels seraient suffisamment puissants. Tu m'aimes, je le sais. Deux possibilités, deux. Je te dis lesquelles ?

-Vous allez me tuer.

-Quel imbécile ! Ton livre paraît, tu files en Ambranie et là, tu renies tout ce que tu as dit et écrit. Tu disparais très vite, dans un des camps de formation que nous avons et de là, tu deviens comme moi.

-Non, tirez. Je ne ferai pas cela. Je ne trahirai pas.

-Mais tu ne serais pas un traitre.

-Et naturellement, vous êtes sûr de vous ! Vous « savez » !

-Vous avez toujours « tout » su pour moi, Instructeur, c'est bien là le problème...

-Parce que ça marche comme ça détenu DS.Cinquante quatre vingt trois. Deux cent sept neuf. Qu'est-ce que tu crois être aujourd'hui sinon la continuation de ce matricule ?

Winger s’écarta mais garda son arme à la main. Il ricanait. Paul, lui, faisait face.

 -Mon livre sera publié quoi qu'il arrive et j’aurai parlé. Si vos sbires m’attaquent ou si vous-même le faites, je me hisserai à la position de héros. Vous voulez faire de moi le martyre d'une cause qui vous est essentielle ? Qui aura raison ? Moi.

-Fort bien.

Winger était reparti chercher les verres.

-On finit la bouteille ?

-Non…

-Oh, mais si.

Tout changeait. Une sorte de torpeur s’emparait de Paul et Markus lui-même, semblait plus détendu. Il venait d’ôter le pullover qu’il portait et restait en t-shirt militaire.

-Tu te souviens, la dernière nuit, quand on transitait ?

-Non !

Cette fois, l’Instructeur se mettait torse nu.

-Moi très bien. Je t’ai fait un peu mal. Je t’ai surpris, c’est vrai.

-C’était avilissant.

-Tu mens ; tu as aimé. Déshabille-toi, Paul.

-Et si je ne le fais pas ?

Winger ricana une fois de plus et reprit son automatique.

-Allez, fais-le.

-Je n’ai pas peur de la mort.

-Mais si…Paul, s’il te plaît.

Il céda et lentement, se dévêtit. L’instructeur se mit nu, lui-aussi.

-On va au lit, Paul !

Ils s’allongèrent l’un à côté de l’autre. Le corps de l’instructeur était incandescent. Paul sentait qu’il tombait dans une spirale du Mal.

-Qu'est-ce que tu crois ? On est des centaines et des centaines à la surface de la terre. On a tous les pouvoirs ! Tu as toujours été pathétique, avec tes croyances puériles sur la démocratie et la liberté ! Heureusement, il avait cette dévotion que tu avais pour moi ! Pardon, que tu as toujours ! Et maintenant !

Winger commençait à se coucher sur Paul quand on frappa brusquement à la porte et on appela.

-Monsieur Kavan, c'est le service d'étage.

Interdits, aucun des deux hommes ne réagit. La voix se fit insistante.

-Monsieur Kavan, êtes-vous là ?

Avant même que Paul ne réponde, on mit une clé dans une serrure et on s'annonça. C'était une voix féminine. En un rien de temps, l'instructeur fila dans la salle de bain tandis que Paul se précipitait sur ses vêtements.

-Attendez !

Il se trouva bientôt nez à nez avec une jeune fille qui rougit violemment.

-Mais il y a quelqu'un ! Vous avez demandé des serviettes supplémentaires. Je pensais les déposer sur votre lit. 

-Je n'ai rien demandé.

-Ah mais si ! Il y a eu un appel tout à l’heure. Je vous pensais absent.

-Ce n'est pas grave.

Elle partit.  Paul pensait que tout allait recommencer quand il trouva le révolver de Winger, qu’une couverture avait dissimulé. Il s’en saisit. Il ne pouvait plus faillir cette fois. Du reste, Markus réapparaissait, offrant toujours une nudité athlétique aux proportions parfaites. Sans attendre qu’il parle, Paul tira et l’atteignit à l’épaule puis au ventre. L’instructeur eut le temps de gémir et de s’arrêter. Du sang commençait à couler.

Soudain, la pièce parut s'emplir d'un étrange brouillard et il lui sembla que tout devenait insonore.

-Paul ! Mais Paul !

 

28 mars 2024

Battles. Partie 3. Seconde mort de l'Instructeur Winger.

Homme-Nu-De-Dos-2

 

L’apparence très matérielle du soldat parut soudain se fragiliser. Des lambeaux de lui subsistèrent comme s'il n'existait plus tout entier. Avec force, Paul cria :

-Tu existes à peine !

Et l'image du jeune soldat se délava plus encore. Cela rassura celui qui avait été Battles.

-Il va y avoir un coup d'état en Ambranie...Dormann va tomber. La démocratie va revenir.

Une voix lointaine lui répondit :

-Que valent les écrits d'un antifasciste fêté et applaudi quand il en vient à ressusciter son tortionnaire ? Tu n'as eu de cesse de combattre un régime que tu as honni mais tu m'as laissé t'envoyer des émissaires avant de venir jusqu'ici ! C'est ça, ta liberté ? Le nouveau président se fera tuer lors d'un bain de foule et sous couvert de remettre de l'ordre, l'armée fera le ménage et virera l'intérimaire qu'on aura mis à sa place ! Tu ne veux vraiment rien savoir, toi !

-Instructeur !

La pièce était toujours brumeuse. Malgré tout, Paul s'accrochait à son revolver et dans un entrelacs de lumière, Winger réapparut, toute sa force retrouvée... Il fallut tirer encore. Le cœur fut atteint. Cette fois, l'instructeur tomba brusquement à terre.  Il resta étendu les bras en croix et les jambes écartées tandis que Paul, toujours armé, s'approchait de lui. Il restait magnifique alors même que le sang commençait ruisselait sur son beau corps, inversant toute valeur. Un superbe gisant...Que comprendrait-il à cette mort, celui qui avait su la donner à d'autres qui ne savaient pas se défendre ou étaient aux abois ? Rien sans doute sinon qu'il butait sur une fin cette fois inéluctable. Rageur, Paul le contempla avec dureté :

-Vous mourez Instructeur.

-Toi aussi, plus tard, tu vas mourir de ton idéalisme...

-Je crois que ce sera après toi...Du reste, tu es venu... tu savais...

Le beau visage se crispa et la voix aussi changea, plus rauque :

-Je savais quoi ?

-Que ce serait ta seconde mort. Un guerrier comme toi qui se laisse prendre !  Où est ton arme ?

-Mon arme ?

-Elle est avec moi. Vous me l’avez donnée !

-Ah…

De façon surprenante, Paul n'entendait aucune galopade dans les couloirs et personne ne frappait à la porte. Pourtant, dans un établissement de ce genre, il y a toujours beaucoup de vigilance de la part du personnel.

Winger le regarda encore puis mourut. Ses yeux, grand-ouverts, se figèrent et il y régna un bleu glacial. Et il n'y eut plus alors que le silence.

Paul attendit dans la chambre qu'on frappe à la porte et qu'on lui crie d'ouvrir mais de nouveau, il fut surpris. Tout restait parfaitement silencieux. Il finit par remettre son manteau et par descendre dans le hall de l'hôtel où il était sûr qu'on l'arrêterait mais on ne fit que le saluer poliment. Il erra dans les rues, un peu hasard et laissa filer deux heures. C'était suffisant pour avoir trouvé le corps, qui avait dû perdre beaucoup de sang. Toutefois, à son retour, Paul fut stupéfait. Il imaginait les abords de l'hôtel envahis par des voitures de police et une escouade de policiers prêts à l'arrêter. Il avait laissé le revolver prêt du cadavre et tout indiquait qu'il était le meurtrier...Toutefois, il ne vint aucun changement alentour et il put traverser le hall et prendre l'ascenseur sans que quiconque ne s'interpose. Sa chambre n'avait pas été ouverte et comme il y entrait, la jeune employée maladroite lui sourit.

-C'était bien une erreur !

Il la salua. Le lit était fait, son ordinateur fermé et aucun manteau de cuir noir n'était posé sur un fauteuil. Dans la salle de bain, tout était intact. Le pathétique objet sexuel qu'avait brandi l'instructeur avait disparu lui-aussi et il n'y avait pas de cadavre.

 

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LE VISIBLE ET L'INVISIBLE. FRANCE ELLE.
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