Abasourdi, Paul, les yeux clos, attendait la suite.
-A partir de maintenant, ces médicaments, tu vas les prendre. On te les injectera s'il le faut. Tu vas commencer par trois jours d'isolement complet dans une autre cellule où la lumière est allumée nuit et jour. Je vais donner des ordres pour qu'on te batte sans raison. Après cela, tu feras tes heures de travail sans que j'aie le moindre rapport négatif sur toi et tu seras d'une courtoisie exemplaire avec ta gardienne. Tu la remercieras quand elle t'aura vu te laver et aller aux toilettes, quand tu auras mangé et que tu te tiendras à poil devant elle pour ton inspection du soir. La fouille au corps est obligatoire. Ne m'oblige pas à lui dire d'être plus brutale !
Il marqua une pause puis parla plus lentement :
-Enfin, pour ce qui est de tes devoirs, tu les feras sans rechigner. Est-ce que je suis clair ?
Paul qui souffrait beaucoup de son visage martyrisé fit signe que oui. Le jeune instructeur reprit. Il restait catégorique mais était moins virulent.
-La curiosité est un vilain défaut, on apprend ça à l'école. Tu n'as pas à savoir comment on rééduque ceux qui sont enfermés dans la même aile que toi. Ça ne te regarde pas , compris.
-Oui, Instructeur.
-Détenu, tu es en phase 1 et elle dure quatre mois. Tu es prévu pour douze et quoi que tu en penses, ça va marcher. J'ai une solide formation paramilitaire, je suis très bien noté et je sais comment avoir de bons résultats. Notre Guide a écrit et prononcé 160 discours depuis son arrivée au pouvoir. Tu dois tous les savoir par cœur d'ici la fin de cette période sans parler d'autres textes de sa main. Chaque entretien commencera par une récitation des textes qui te sont donnés à l'avance et tu sais maintenant de quoi il retournera si tu te trompes ou t'amuses. Tu auras des compte-rendus à me faire sur tes journées et tu les feras. A chaque fois, également, nous reviendrons sur ce que tu as écrit. Nous reprendrons point par point les textes que tu as l'audace d'écrire pour la radio et nous en démontrerons la fausseté...Et je passe sur l'examen de ta vie personnelle !
Paul, qui avait du sang dans la bouche, acquiesça et regarda avec terreur le jeune homme lever sa cravache. Comme il se retournait, un nouveau coup l'atteignit dans le dos. Il cria.
-Réponds oui, Instructeur !
-Oui,Instructeur.
-Maintenant, tu vois mes bottes ?
Paul acquiesça lentement.
-Embrasse-les.